Emmelyne Octavie : "Je m’appelle Jeunesse. Drôle de nom"

Emmelyne Octavie lors d’une séance de dédicace de "Que ne sombre ma jeunesse… !" en juin 2014 en Guyane.
Qu’est ce que les jeunes, notamment d’Outre-mer ont à nous dire ? Dans son troisième ouvrage, la Guyanaise Emmelyne Octavie, sur un ton très personnel, exprime leurs interrogations et leurs errances, entre pessimisme et joie de vivre. 
Dans une société globalement gouvernée par des vieux (voir par exemple l’âge moyen de l’Assemblée nationale, du Sénat et du gouvernement), il est bien rare que la parole soit donnée à la jeunesse. On la voit peu s’exprimer dans les médias, que ce soit dans les domaines politique, économique et culturel, confisqués par une poignée de caciques issus du même sérail. Reste bien entendu la vaste toile, Facebook, Twitter et autres, où malheureusement la parole se perd plus qu’elle ne se propage.
 
Qu’ont-ils à dire ces jeunes, particulièrement les jeunes d’Outre-mer, encore moins écoutés que les autres ? Eh bien voici un exemple. Une jeune Guyanaise, Emmelyne Octavie, 28 ans, a décidé de prendre la plume, et de se passer de l’approbation d’un éditeur, en recourant à l’autoédition. Elle en est à son troisième livre, intitulé « Que ne sombre ma jeunesse… ! » (JePublie, juin 2014).
 

Un livre fort, concis et poétique

Ancienne enseignante, Emmelyne Octavie sait de quoi elle parle, pour avoir côtoyé les jeunes de près. Entre réminiscences et observations sociales, l’écrivain guyanaise signe un livre fort, concis et poétique, empreint de sensibilité et de frustrations assumées.
 
« Mon livre est un cri de douleur et également un cri du cœur. Je viens de Guyane où plus de la moitié de la population est jeune. Au quotidien, en Guyane, un jeune a l’impression que rien ne lui est accessible et que la société est fermée », déclare Emmelyne Octavie, jointe au téléphone par La1ere.fr. « Mais je veux montrer que la solution se trouve aussi en eux. La vie ne se passe pas uniquement au bas des cages d’escaliers. Pour cela je m’inspire également de mon expérience personnelle ».
 
Un message à faire passer ? « La jeunesse devrait être beaucoup plus imaginative, créatrice, et aller plus au devant des choses. Elle doit aller au bout de ses rêves » dit-elle sans hésiter.
 

Extraits

« J’essaie de comprendre ce qu’on peut bien me reprocher.
Peine perdue.
Mon nom seul renferme déjà une contradiction.
Je suis l’espoir mort.
L’avenir enterré.
La déception avant l’action.
Tout le monde dit œuvrer pour moi.
« Jeunesse » est sur toutes les lèvres. Dans tous les projets. Au cœur des promesses.
Mais quand je m’approche
Mes bienfaiteurs ont disparu. Ça aussi c’est ma routine.
Bienvenue dans mon univers. »
 
« Prenez sa température. Elle est malade ma jeunesse. Le lobe droit est atteint. Elle se fait mal toute seule. Elle est fiévreuse de désir indécent. Elle convulse. Elle n’est pas lucide. Elle titube. Elle ne marche plus droit. Elle ne tombe pas. Elle s’enlise. Le sable, pourtant, n’était pas mouvant. Elle marchait sur un tapis de soie. Un tapis beaucoup trop lisse sur lequel elle a fini par glisser. La gueule ouverte, mais pas encore cassée. Elle jure qu’elle a raison. Que ce n’est pas si mal tout compte fait. Elle élève même la voix. Elle crie, tape et montre du poing. Il est où son chemin ? Nébuleux. »
 

Emmelyne Octavie, « Que ne sombre ma jeunesse… ! » - JePublie, juin 2014, 95 pages, 12 euros. 


Retrouvez Emmelyne Octavie sur son site internet http://quenesombremajeunesse.wordpress.com et samedi 11 octobre à La Librairie antillaise au Lamentin en Martinique pour la présentation suivie d'une dédicace de son livre