Bébé Doc aura-t-il droit à des funérailles nationales ?

L'ancien dictateur haïtien est décédé samedi 4 octobre. Le gouvernement s'interroge encore sur l'organisation  de ses funérailles, tiraillé entre le prootocole et le respect des victimes.
Comment gérer les obsèques de Bébé Doc? Aura-t-il droit aux honneurs réservés au chef d'Etat malgré son triste bilan? Les plaintes à son encontre se sont accumulées, pourtant jamais l'ex dictateur n'a pu comparaître devant la justice. 

Bébé Doc , "un fils de"

En 1971, François Duvalier, "Papa doc", autoproclamé président à vie d'Haïti meurt. Jean-Claude, son fils de 19 ans à peine  prend sa succession et le surnom de Bébé Doc. Il reste au pouvoir jusqu'en 1986,  dirigeant son pays d'une main de fer, muselant l'opposition à  l'aide de la tristement célèbre milice paramilitaire des tontons macoutes. Renversé par une révolte populaire appuyées depuis l'étranger, il s'exile en France. 
 
 
Voir cette vidéo de l'Ina présentant une rétrospective du régime Duvalier (1986)

 
Après 25 ans dans l'Hexagone, Bébé Doc revient en Haïti en 2011 . Il veut "aider le peuple haïtien", assure-t-il alors. Mais depuis son retour, les plaintes à son encontre se multiplient, dénonçant enlèvements, séquestrations, actes de torture et exécutions sommaires.
 

Entre respect du protocole et respect des victimes

Bébé doc est décédé d'une crise cardiaque à l'âge de 63 ans, avant de comparaître devant un tribunal. Peut-on lui organiser des funérailles nationales? Le gouvernement haïtien se retrouve en plein dilemme. Traditionnellement, c'est la règle : les chefs d'Etat ou ancien chefs d'Etat ont droit à des funérailles nationales. Mais, a estimé Lucien Jura, porte-parole de l'actuel président Michel Martelly "On ne sait pas encore si on prend la décision de mettre le drapeau en berne et de décréter le deuil national".

Entre la nécessité de respecter le protocole,  de satisfaire les proches des Duvalier - encore nombreux dans les arcanes pouvoir -, et celle ne pas blesser les victimes, l'équilibre s'annonce délicat. D'autant plus qu'à l'annonce du décès, le communiqué de Michel Martelly rendant hommage à "un authentique fils d'Haïti", n'est pas passé inaperçu.
 
 

Incompréhension

Une pétition qui s'oppose à ce qu'un tel hommage soit rendu à l'ex dictateur a été lancée depuis la France, elle a reçu … 28 signatures. Pourtant, sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui s'indignent contre une telle décision. Des internautes qui pour l'immense majorité, ne sont pas haïtiens. 
 

 
 
 
 

Cette nouvelle controverse agite une nouvelle fois Haïti, qui se prépare a organiser des élections législatives à la fin du mois, avec plus de trois ans de retard.