Démantèlement d'un vaste trafic d'armes dans plusieurs départements, dont la Martinique

En Martinique, des armes de tous types ont été remises aux gendarmes et aux policiers lors de la campagne "Déposez les armes", lancée au début de l'année 2014.
44 personnes ont été interpellées hier, mardi 7 octobre, dans le cadre du démantèlement d’un vaste trafic d’armes sur internet. Des centaines d’armes ont été saisies dans plusieurs départements, dont la Martinique. Un individu a également été entendu à Saint-Pierre et Miquelon.
Des pistolets mitrailleurs et des fusils d'assaut achetés en quelques clics : un vaste trafic d'armes sur internet a été démantelé mardi par la gendarmerie qui a interpellé 44 personnes et saisi des centaines d'armes dans toute la France, y compris en Outre-mer.
           
Les suspects - simples amateurs d'armes ou repris de justice - ont été interpellés de façon simultanée, vers 6h, "dans une quarantaine de départements", a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête. Parmi ces départements : le Val-d'Oise, le Haut-Rhin, le Var ou encore la Martinique, où un habitant de Schoelcher a été placé en garde à vue. D'après Martinique 1ère, une dizaine d'armes en état de fonctionnement et des munitions ont été découvertes chez lui. Les investigations se poursuivent.

Plus surprenant, Saint-Pierre et Miquelon est également concerné par ce coup de filet. En revanche, il n'y a pas eu d'interpellation. Selon le procureur de la République, contacté par SPM 1ère, une personne a été entendue librement au sujet d'un achat réalisé auprès d'un professionnel. Des vérifications sont en cours sur les conditions de la transaction.
 

Des centaines d’armes découvertes   

Dans la quarantaine de départements où se sont déroulées les perquisitions, les enquêteurs ont découvert "un véritable arsenal composé de plusieurs centaines d'armes", dont des "fusils mitrailleurs, fusils d'assaut, pistolets mitrailleurs, armes de poing et fusils d'épaule", a précisé la gendarmerie dans un communiqué.
           
L'opération, baptisée "Armes 78" et diligentée par la Section de recherches de la gendarmerie de Versailles (Yvelines), sous la houlette d'une juge d'instruction de Pontoise, a mobilisé près de 600 gendarmes. Elle s'est déroulée sans incident. Les 44 suspects, âgés de 25 à près de 60 ans, ont tous été placés en garde à vue. Parmi eux figurent des collectionneurs, mais aussi une dizaine "d'individus au lourd passé criminel", déjà condamnés par la justice, précise la gendarmerie.
           

Commerce d’armes pseudo-neutralisées

Ce vaste trafic d'armes a été mis au jour grâce à la découverte d'un fusil d'assaut, au mois de février, chez un homme d'une quarantaine d'années domicilié à Louvres (Val-d'Oise), déjà condamné pour des vols à main armée. D'après une source proche de l'enquête, il fonctionnait grâce à un site de vente sur Internet, hébergé au sein d'une entreprise de la région parisienne. "Une partie des armes a été découverte au siège de cette société, et les autres au domicile des particuliers interpellés", a précisé cette source.
           
Nous ne sommes manifestement pas les seuls à avoir effectué cette recherche.


Selon les enquêteurs, les sites internet mis en cause ne commercialisaient en façade que des armes "démilitarisées", censées être inaptes au tir. Mais les pistolets et fusils ne présentaient pas les garanties nécessaires à ce type de vente. "Certaines armes ne disposaient pas des certificats nécessaires, d'autres étaient neutralisées mais étaient très facilement déneutralisables", a expliqué la source proche de l'enquête. 
           

Des armes en vente au marché noir sur internet

Selon de nombreux experts, s'il n'est évidemment pas possible de trouver des armes en vente libre sur un site marchand en France, il n'est pas très compliqué de trouver des sites spécialisés ou des forums qui permettront de nouer les contacts nécessaires pour réaliser la transaction au marché noir. "Par le biais des forums, vous pouvez prendre n'importe quel pseudo, la personne n'a pas la capacité de voir qui vous êtes", témoigne Jean-Charles Antoine, chercheur à l'institut français de géopolitique.
           
On trouve notamment "des gens qui à l'étranger se présentent comme des vendeurs d'armes démilitarisées" mais offrent en fait des armes assez aisées à remettre en état de marche, ajoute ce spécialiste des trafics d'armes.Une démarche facilitée par l'absence d'harmonisation européenne, avec des normes et des contrôles de neutralisation qui diffèrent d'un pays à l'autre: une arme achetée en Allemagne ou en Espagne par exemple sera ainsi moins difficile à remettre en état de fonctionnement.
 

"Des acheteurs à cheval entre le milieu amateur et celui du banditisme"

"Encore faut-il être très bon collectionneur ou connaisseur pour les rendre utilisables", tempère Patrice Bouveret, directeur de l'observatoire des armements. Les amateurs impliqués dans ce genre de trafics "ne sont pas naïfs ou innocents. Ce n'est pas du tout venant, mais des personnes qui sont à cheval entre le milieu amateur et celui du banditisme", assure le chercheur.

Si internet facilite l'accès aux armes, les trafiquants "y laissent nécessairement des traces", selon Patrice Bouveret. Un atout précieux pour les enquêteurs, qui peuvent ainsi surveiller les trafics.