L’exposition "Haïti, deux siècles de création artistique" ouvre ses portes ce mercredi au Grand Palais à Paris. Les œuvres de 60 artistes y sont présentées et prouvent le dynamisme de ce bout d’île des Caraïbes victime d’un séisme dévastateur en 2010.
"L’art, potion magique" en Haïti, c’est pour Maryse Condé une évidence. L’auteure guadeloupéenne voue une profonde admiration à ce pays unique, première République noire, fière et indépendante. "Lors du terrible tremblement de terre qui ravagea Port-au-Prince en janvier 2010, le monde entier s’étonna, écrit Maryse Condé dans la présentation de l’exposition au Grand Palais, à Paris. D’où les Haïtiens puisaient-ils leur exceptionnelle opposition à la mort ? Une théorie se fit jour à New-York. C’était là l’effet de l’art, répandu à profusion dans l’île. (…) Une potion magique".
Cette potion magique, Régine Cuzin, la commissaire de l’exposition, en boit depuis les années 90. Cette passionnée d’art haïtien a noué des liens d’amitié, de travail avec de nombreux artistes de la diaspora et de l’île. Pour présenter ces deux siècles de création artistique, elle a choisi un plan en quatre parties qu’elle décrit à la1ère : "les chefs (chèf yo), les sans titres (santit yo), les esprits (lespri yo) liés au vaudou, au catholicisme et à la franc-maçonnerie et enfin les paysages (peyizaj yo)". Régine Cuzin s’est aussi amusée à créer des tête-à-tête (tetatet). Le New-yorkais Jean-Michel Basquiat de père haïtien se trouve ainsi confronté à Hervé Télémaque, installé depuis longtemps à Paris.
Toujours dans les Sans titres, un drôle de robot construit de bric et de broc attire l’attention. Frantz Jacques dit "Guyodo" en est l’auteur. A 41 ans, il vit et travaille à Port-au-Prince au sud de la Grand-Rue au sein de la communauté Atis Rezistans (artistes en résistance). En 2006, il a participé à la création de "Freedom sculpture", une œuvre qui trône dans le musée de l’esclavage de Liverpool en Grande-Bretagne. Pour l’exposition du Grand Palais à Paris, il a crée un personnage fait à partir de roues, d’un caddie, de tuyaux glanés çà et là sur les rives de la Seine.
Au chapitre des chefs, Sasha Huber s’est lâchée. A 39 ans, cette artiste installée à Helsinki en Finlande n’oublie pas ses racines haïtiennes. Elle présente dans l’exposition deux portraits de Papa Doc et Baby Doc, les dictateurs qui ont sévi en Haïti. Ses tableaux ont la particularité d’avoir été fait avec des agrafes au moyen d’un pistolet. Sasha Huber avoue à La1ère qu’elle s’est rendue compte qu’elle utilisait "ce pistolet agrafeur comme une arme".
L’exposition fait la part belle aux vidéos. Et à ce titre, la performance présentée par Barbara Prézeau-Stephenson interpelle. Cette plasticienne qui vit entre Perpignan et Port-au-Prince montre dans "ce cercle de Fréda", 7 femmes qui pendant 7 heures vont broder des pétales de rose sur un cercle de tissus d’un diamètre de 5 mètres. Barbara Prézeau-Stephenson explique à La1ère : "la broderie et la couture étaient des incontournables de notre éducation. On voulait faire de nous des femmes dociles, nous inculquer le silence, avec moi ça n’a pas marché". Et l’artiste plaide ainsi la cause des femmes qui en a bien besoin... et pas seulement en Haïti !
L'inauguration officielle de l'exposition a eu lieu mardi soir en présence de Christiane Taubira, la ministre de la Justice, mais sans la ministre de la Culture, Fleur Pellerin.
Grand Palais à Paris
du jeudi au lundi de 10h à 20h
fermeture hebdomadaire le mardi
mercredi de 10h à 22h
tarifs :
12 €, TR 9 € (16-25 ans), gratuité pour les moins de 16 ans
accès :
métro ligne 1 et 13 « Champs-Elysées-Clemenceau » ou 9 « Franklin D. Roosevelt »
Chèf yo, santit yo et tetatet
Cette potion magique, Régine Cuzin, la commissaire de l’exposition, en boit depuis les années 90. Cette passionnée d’art haïtien a noué des liens d’amitié, de travail avec de nombreux artistes de la diaspora et de l’île. Pour présenter ces deux siècles de création artistique, elle a choisi un plan en quatre parties qu’elle décrit à la1ère : "les chefs (chèf yo), les sans titres (santit yo), les esprits (lespri yo) liés au vaudou, au catholicisme et à la franc-maçonnerie et enfin les paysages (peyizaj yo)". Régine Cuzin s’est aussi amusée à créer des tête-à-tête (tetatet). Le New-yorkais Jean-Michel Basquiat de père haïtien se trouve ainsi confronté à Hervé Télémaque, installé depuis longtemps à Paris.Jalouzi
Au chapitre des Sans titres, l’exposition commence par un drôle d’escalier en béton creux orné à l’intérieur par des timbres ou des dominos. Jalouzi, cette œuvre étrange est signée Elodie Barthélémy, la fille de la conteuse Mimi Barthélémy. Installée dans l’Oise cette plasticienne se dit habitée par Haïti. Jalouzi, ce grand bidonville de 60 000 personnes coincé sur le Morne calvaire à Port-au-Prince a inspiré l’artiste. "J’ai conçu un escalier impossible, hors-norme, trébuché de son bon sens comme l’écrit Aimé Césaire".
Guyodo et Atis Rezistans
Toujours dans les Sans titres, un drôle de robot construit de bric et de broc attire l’attention. Frantz Jacques dit "Guyodo" en est l’auteur. A 41 ans, il vit et travaille à Port-au-Prince au sud de la Grand-Rue au sein de la communauté Atis Rezistans (artistes en résistance). En 2006, il a participé à la création de "Freedom sculpture", une œuvre qui trône dans le musée de l’esclavage de Liverpool en Grande-Bretagne. Pour l’exposition du Grand Palais à Paris, il a crée un personnage fait à partir de roues, d’un caddie, de tuyaux glanés çà et là sur les rives de la Seine. Haïti et Joséphine Baker
Au beau milieu de l’exposition, un ciel rouge étoilé sur une croix constellé de pièces brillantes à l’effigie de Joséphine Baker a de quoi surprendre. Jean-Ulrick Désert, artiste haïtien installé à Berlin se prête de bonne grâce à une explication. "Ce tableau représente le ciel au-dessus de Port-au-Prince le 12 janvier 2010, précise-t-il à La1ère. Les étoiles ont exactement la même place que cette nuit-là. Sur ces pièces, on voit la figure en miniature de Joséphine Baker. Cette femme noire-américaine qui a adopté 12 enfants du monde entier et qui a été résistante pendant la Seconde Guerre Mondiale est un symbole. C’est une déesse pour qui Haïti était important. Dans "Zouzou", un film dans lequel elle joue en 1931, elle chante ce pays".
Agrafes sur Papa Doc
Au chapitre des chefs, Sasha Huber s’est lâchée. A 39 ans, cette artiste installée à Helsinki en Finlande n’oublie pas ses racines haïtiennes. Elle présente dans l’exposition deux portraits de Papa Doc et Baby Doc, les dictateurs qui ont sévi en Haïti. Ses tableaux ont la particularité d’avoir été fait avec des agrafes au moyen d’un pistolet. Sasha Huber avoue à La1ère qu’elle s’est rendue compte qu’elle utilisait "ce pistolet agrafeur comme une arme".
Une artiste féministe
L’exposition fait la part belle aux vidéos. Et à ce titre, la performance présentée par Barbara Prézeau-Stephenson interpelle. Cette plasticienne qui vit entre Perpignan et Port-au-Prince montre dans "ce cercle de Fréda", 7 femmes qui pendant 7 heures vont broder des pétales de rose sur un cercle de tissus d’un diamètre de 5 mètres. Barbara Prézeau-Stephenson explique à La1ère : "la broderie et la couture étaient des incontournables de notre éducation. On voulait faire de nous des femmes dociles, nous inculquer le silence, avec moi ça n’a pas marché". Et l’artiste plaide ainsi la cause des femmes qui en a bien besoin... et pas seulement en Haïti !L'inauguration officielle de l'exposition a eu lieu mardi soir en présence de Christiane Taubira, la ministre de la Justice, mais sans la ministre de la Culture, Fleur Pellerin.
Haïti Deux siècles de création artistique
19 novembre 2014 – 15 février 2015Grand Palais à Paris
du jeudi au lundi de 10h à 20h
fermeture hebdomadaire le mardi
mercredi de 10h à 22h
tarifs :
12 €, TR 9 € (16-25 ans), gratuité pour les moins de 16 ans
accès :
métro ligne 1 et 13 « Champs-Elysées-Clemenceau » ou 9 « Franklin D. Roosevelt »