Les attentats qui ont frappé la France la semaine dernière ont suscité une vaste mobilisation. A Marseille où se trouve la plus grosse communauté comorienne et mahoraise de France, la mobilisation a été moindre. La1ère a contacté plusieurs représentants de cette communauté.
"Tous les Mahorais ont réagi comme tous les Français, ils ont été horrifiés par ce qui s’est passé", déclare Babou Soufou contacté par la1ère. Le président de l’Association Enfants de Mayotte à Marseille a manifesté à deux reprises. Concernant Charlie Hebdo et ses caricatures de Mahomet, il ajoute : "Les gens doivent s’adapter à la manière de vivre en France et donc de penser librement".
Les cadis de Mayotte à Marseille
En ce moment, Babou Soufou est tout simplement débordé. Il doit accueillir les chefs religieux de Mayotte qui ont décidé de venir dans la cité phocéenne pour expliquer leur vision de l’Islam aux jeunes mahorais des quartiers nord. "Les cadis avaient prévu depuis début décembre de se rendre dans l’hexagone", précise El Mamouni Mohamed Nassur, leur porte-parole. Avec les attentats, leur visite revêt forcément un caractère plus grave. Pour El Mamouni : "Les cadis ont des méthodes pour prévenir ce genre de dérive extrémiste et ils vont en parler ici".
L’ancien Imam et président du CRAN Nassurdine Haïdari lui aussi condamne fermement ces attentats perpétrés par des terroristes islamistes. Il a participé aux deux manifestations de samedi et dimanche derniers à Marseille, mais tient à dire qu’il n’est pas Charlie. Nassurine Haïdari trouve même que "Charlie Hebdo a manqué une occasion de réconcilier tous les Français. La nouvelle Une n’était pas utile, dit-il, mais ils ont le droit de la faire". Présent dimanche sur le Vieux-Port, Ali Abdallah se reconnaît, au contraire, dans le Slogan "On est tous Charlie". Cet ancien président de l’Amicale des Mahorais des Bouches-du-Rhône ajoute que l’Islam mahorais est modéré.
Vendredi dernier, Saïd Ahamada, adjoint au maire de Samia Ghali dans le 15e arrondissement s’est rendu à la mosquée des Comoriens, rue Guichard dans le 3e. "On a prié pour les victimes. Le discours du Mufti appelait à l’apaisement. Mais concrètement, pour nous élus, ce n’est pas facile de dire aux jeunes d’origine comorienne de manifester. Beaucoup nous rétorquent qu’ils ne se reconnaissent pas dans une société française qui ne les reconnaît pas".
Egalement élue municipale, Noro Issan Hamady s’est aussi clairement positionnée pour la laïcité et la démocratie. Elle a manifesté avec sa pancarte "je suis Charlie" sur le Vieux-Port. Toutefois, elle déclare à la1ère que les jeunes de la cité Félix Pyat où elle préside une association ne se sentaient pas concernés. Dans cette cité habitée en majorité par des Mahorais et des Comoriens, "les jeunes ont l’impression d'être abandonnés, sans avenir. Quant aux parents, ajoute l’élue du 3e, on les voit le soir jouer aux dominos et ils s’inquiètent pour leurs enfants, ils ont peur d’être stigmatisés et se disent que ça va être encore plus dur de s’intégrer ".