Inscriptions racistes sur le Mémorial de l'abolition de l'esclavage : Nantes porte plainte

Le passage méditatif souterrain du Mémorial de l'abolition de l'esclavage
Des inscriptions à caractère raciste ont été découvertes, dimanche matin, sur les versants extérieurs du Mémorial de l'esclavage, à Nantes. La maire de la ville, Johanna Rolland, a immédiatement annoncé qu'elle allait porter plainte.
"Taubira Casse-toi", "Immigration = esclavage moderne" : telles sont les inscriptions injurieuses découvertes dimanche 18 janvier sur les parois extérieures du Mémorial de l'abolition de l'esclavage, à Nantes, 10 jours après les attentats terroristes qui ont frappé la France.
 
Ces actes de vandalisme interviennent alors que la garde des Sceaux – le 12 janvier dernier – a appelé les parquets à la plus grande fermeté en matière d'agissements racistes. La maire de Nantes, Johanna Rolland (PS), a immédiatement réagi, annonçant dans un communiqué qu'elle allait porter plainte (à lire ci-dessous). En attendant, les services de la ville ont effacé les tags.



Unique en France, le Mémorial de l'abolition de l'esclavage a été inauguré au printemps 2012, "après plus de 14 ans de bataille", rappelle le Martiniquais Octave Cestor, ancien conseiller municipal et ex-président de l'association nantaise "Mémoire de l'Outre-mer". Joint par la1ere.fr, il dénonce un "acte odieux", perpétré selon lui par des "groupuscules racistes et xénophobes qui n'ont pas de culture".
 

Souvenir d'un autre saccage

"C'est la première fois que le Mémorial est profané", affirme Octave Cestor, convaincu que le (ou les) auteur(s) font l'amalgame entre l'ensemble des descendants d'esclaves et le terroriste Amedy Coulibaly, auteur de la fusillade de Montrouge et de la prise d'otages de l'Hyper Casher.
 
Statue érigée sur les quais du port de Nantes, en avril 1998, pour la commémoration du 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage. La sculpture a fait l'objet d'actes de vandalisme dans la soirée du 1er Mai, couchée sur son socle et ses bras arrachés.

"C'est malheureux, ça nous ramène en 1998…", déplore-t-il, faisant référence à la profanation d'une statue représentant un esclave se libérant de ses chaînes, à l'emplacement même du futur Mémorial (voir la photo ci-dessus). Le 1er mai 1998, l'œuvre est découverte "pliée en deux, un bras cassé, les chevilles entravées par les chaînes, la tête tournée vers la Loire, gisant à l'horizontal sur son socle.", rapporte Emmanuelle Chérel, auteure d'un ouvrage sur le Mémorial.
 
Dix-sept ans plus tard, l'association Mémoire de l'Outre-mer appelle à nouveau les Nantais à se mobiliser. Un rassemblement est organisé ce lundi, à partir de 18h30, sur l'esplanade du Mémorial.