La canne à sucre est une plante révolutionnaire. Grâce à elle, on peut produire du sucre, du rhum, mais aussi de l’électricité, du biocarburant et aujourd'hui du plastique bio. Des perspectives d’avenir pour la Martinique, la Guadeloupe et La Réunion encouragées dans cette voie par le CIRAD
François-Régis Goebel, chargé de mission filière canne à sucre au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) a l’art de transmettre son enthousiasme. "La canne à sucre est une plante unique. En ce moment, dit-il, les chercheurs spécialisés dans la canne se livrent à une compétition féroce, mais c’est pour la bonne cause !".
De plus, les cendres riches en silice obtenues lors de la combustion des tiges de canne fertilisent les plantations de canne à sucre, tout comme la vinasse (riche en potassium et azote) et la mélasse (riche en hydrates de carbone stimulant la croissance des micro-organismes). Enfin, l’eau qui sert au lavage des cannes à l’usine est elle-même recyclée pour irriguer les parcelles. Car comme le dit François-Régis Goebel "tout est bon" dans la canne.
La canne à sucre et la fée électricité
Grâce à la bagasse, c’est-à-dire le résidu fibreux issu du broyage de la canne, on fabrique déjà de l’électricité à La Réunion, en Guadeloupe et en Martinique. "L'idée est de développer une filière d'électricité verte à partir de petites unités de production. Mais avec une véritable volonté politique, souligne François-Régis Goebel, chargé de mission filière canne à sucre au Cirad, La Réunion par exemple pourrait alimenter une bonne partie de son son territoire en électricité grâce à la bagasse d’ici 5 à 10 ans". En Martinique, la centrale Galion 2 devrait produire, selon la Région, 15 % de l’énergie consommée localement d’ici 2017. Toutefois, à La Réunion, les producteurs de bagasse ont vu leurs revenus se réduire brutalement, car le prix de ces résidus de la canne est calculé en fonction du cours du charbon en Afrique du Sud qui avait baissé récemment.La canne en "sac plastique bio"
"C’est une filière d’avenir, lance François-Régis Goebel contacté par la1ère. A partir des pailles, c'est-à-dire la matière sèche de la canne on peut fabriquer du bio plastique. Cela permettrait de remplacer les plastiques à base de pétrole qui polluent la planète. Nous avons la technologie, précise le chercheur, mais c’est compliqué, car cette paille de canne est difficile à dégrader et demande l’intervention d’enzymes gloutons. A La Réunion, les recherches avancent et on pourra peut-être avoir des sacs plastiques bio d’ici 2 à 4 ans. Il faudra alors trouver des débouchés en dehors de l’île pour que la filière soit rentable", conclue le chercheur du CIRAD.La canne "carburant" et médicament
Depuis les années 70 et le premier choc pétrolier, le Brésil plus gros producteur mondial de sucre est devenu le champion du bioéthanol. Plus de 70% du parc automobile brésilien fonctionne désormais grâce à ce carburant. "Ce carburant est produit à partir du sucre, précise François-Régis Goebel. Nous, nous aimerions passer à un carburant de 2e génération qui utilise les résidus de la canne. C’est en test à La Réunion. C’est pourquoi nous travaillons à obtenir une variété de canne riche en fibre pour produire de l’électricité et peut-être plus tard du plastique et du carburant. L’idée, c’est d’utiliser la plante entière". Quant aux cires des cannes à sucre, ces résidus blancs qui atterrissent dans la vinasse ou les boues, une fois extraites, elles peuvent servir à la composition de médicaments pour réduire le taux de cholestérol.La canne, une culture de plus en plus écologique
"Dans cette filière, on utilise encore des herbicides, mais de moins en moins, grâce aux plantes de couverture, précise François-Régis Goebel. Ce couvert végétal empêche les mauvaises herbes de pousser. Par ailleurs, nous avons trouvé un moyen respectueux de l’environnement pour lutter contre les foreurs de la canne (la pyrale) en utilisant des petites guêpes les trichogrammes qui les mangent".De plus, les cendres riches en silice obtenues lors de la combustion des tiges de canne fertilisent les plantations de canne à sucre, tout comme la vinasse (riche en potassium et azote) et la mélasse (riche en hydrates de carbone stimulant la croissance des micro-organismes). Enfin, l’eau qui sert au lavage des cannes à l’usine est elle-même recyclée pour irriguer les parcelles. Car comme le dit François-Régis Goebel "tout est bon" dans la canne.