Le 9 février 1945, Raphaël Elizé trouvait la mort en déportation en Allemagne. Il fut le premier maire martiniquais d'une commune de l'Hexagone, dans les années 1930. Aujourd'hui, Sablé-sur-Sarthe commémore sa disparition. Retour sur ce destin hors du commun.
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Raphaël Elizé fut le premier maire antillais de l’Hexagone, et le deuxième maire noir de France après Severiano de Heredia en 1879.
Ce 9 février, 70 ans jour pour jou après sa disparition, la commune de Sablé-sur-Sarthe lui rend hommage :
Né en 1891 à Saint-Pierre, en Martinique, vétérinaire de formation, Raphaël Elizé arrive à Sablé-sur-Sarthe avec son épouse Caroline, martiniquaise elle aussi, en octobre 1919. C’est le premier vétérinaire à s’installer dans la région, et de plus le seul Noir à Sablé. C’est une double révolution, sociale et médicale, notamment face aux pratiques traditionnelles des habitants qui utilisent des rebouteux pour soigner les animaux.
Durant sa mandature, Raphaël Elizé ouvre une école, une pédiatrie, une maternité, une maison du peuple pour les syndicats, et fait construire la première piscine de l’Ouest de la France, pouvant accueillir des compétitions sportives.
Il est réélu en 1935 et sera la même année l’un des représentants de la France en Martinique à l’occasion de la commémoration du tricentenaire des Antilles (1635 – 1935).
Mais la guerre arrive, et le maire d’origine martiniquaise est mobilisé en 1939 comme officier de réserve avec le grade de capitaine. Démobilisé en août 1940 après la reddition de la France, il rentre dans sa commune occupée. La Kommandantur lui indique alors par lettre "qu’il est incompréhensible pour le commandement allemand, et pour le sens du droit allemand, qu’un homme de couleur puisse revêtir la charge d’un maire". Le texte ajoute : "De même, il est insupportable à l’administration militaire et à l’armée allemande de reconnaître comme maire en territoire occupé un homme de couleur ni de discuter avec lui." Le préfet collaborationniste de la Sarthe le destitue.
Il sera ensuite déporté en Allemagne, comme le raconte ce reportage de Ronan Ponnet et Jean-Louis Kerek, journalistes Outre-mer 1ère / France Ô (réalisé en janvier 2012) :
Ce 9 février, 70 ans jour pour jou après sa disparition, la commune de Sablé-sur-Sarthe lui rend hommage :
70 ans après sa mort, @sablesursarthe honore la mémoire de Raphaël Élizé ce lundi. 1er rdv : un dépôt de gerbe à 11h. pic.twitter.com/7EAevI3MVB
— Sarthemag.fr (@sarthemagfr) 9 Février 2015
Un parcours hors du commun
Né en 1891 à Saint-Pierre, en Martinique, vétérinaire de formation, Raphaël Elizé arrive à Sablé-sur-Sarthe avec son épouse Caroline, martiniquaise elle aussi, en octobre 1919. C’est le premier vétérinaire à s’installer dans la région, et de plus le seul Noir à Sablé. C’est une double révolution, sociale et médicale, notamment face aux pratiques traditionnelles des habitants qui utilisent des rebouteux pour soigner les animaux.Impliqué dans la vie locale
Immédiatement très actif dans la vie locale, il gagne rapidement la confiance des gens, en dépit de quelques manifestations de racisme. Raphaël Elizé impressionne son entourage par son statut et sa vaste culture. Il est passionné de musique classique (Bach, Mozart, Schumann) ainsi que d’art et de lettres (particulièrement le poète Rainer Maria Rilke qu’il lit dans le texte, en allemand) et de photographie. Il réalise durant ses loisirs des photos d’art qu’il développe lui-même.Féru de politique
Il est aussi féru de politique. Membre de la SFIO, ancêtre du Parti socialiste, il s’implique fortement dans la vie locale. En 1929, il devient maire. Dans son discours d’investiture, il déclare : "On n’a pas besoin pour être un bon maire d’avoir de grandes lumières, une suite d’ancêtres illustres, ou beaucoup de fortune. Il suffit d’avoir de la probité, du bon sens, un caractère conciliant et ferme, et la volonté de bien remplir sa charge."Durant sa mandature, Raphaël Elizé ouvre une école, une pédiatrie, une maternité, une maison du peuple pour les syndicats, et fait construire la première piscine de l’Ouest de la France, pouvant accueillir des compétitions sportives.
Il est réélu en 1935 et sera la même année l’un des représentants de la France en Martinique à l’occasion de la commémoration du tricentenaire des Antilles (1635 – 1935).
Mais la guerre arrive, et le maire d’origine martiniquaise est mobilisé en 1939 comme officier de réserve avec le grade de capitaine. Démobilisé en août 1940 après la reddition de la France, il rentre dans sa commune occupée. La Kommandantur lui indique alors par lettre "qu’il est incompréhensible pour le commandement allemand, et pour le sens du droit allemand, qu’un homme de couleur puisse revêtir la charge d’un maire". Le texte ajoute : "De même, il est insupportable à l’administration militaire et à l’armée allemande de reconnaître comme maire en territoire occupé un homme de couleur ni de discuter avec lui." Le préfet collaborationniste de la Sarthe le destitue.
Il sera ensuite déporté en Allemagne, comme le raconte ce reportage de Ronan Ponnet et Jean-Louis Kerek, journalistes Outre-mer 1ère / France Ô (réalisé en janvier 2012) :