Crash de la Yémenia : quelles indemnisations pour les familles des victimes ?

Dans l'attente d'indemnisations, les familles de victimes, avaient déjà manifesté à Paris en 2013.
Le tribunal de grande instance d'Aix-en-Provence doit fixer, ce jeudi, le montant des indemnisations que la compagnie aérienne Yemenia devra verser aux proches des victimes du crash de 2009. Ils réclament plus de 70 millions d'euros.
Le tribunal de grande instance d'Aix-en-Provence doit fixer, ce jeudi, le montant des indemnisations que la compagnie aérienne Yemenia devra verser aux proches des victimes du crash de 2009, qui demandent plus de 70 millions d'euros.
L'Airbus A310 parti de Sanaa au Yémen transportait de nombreux voyageurs français en correspondance d'un vol arrivé de Paris via Marseille. Sur les 153 personnes à bord, seule une adolescente, Bahia Bakari, avait survécu, accrochée durant onze heures à un débris de l'appareil qui s'est abîmé en mer au large des Comores. Selon une expertise judiciaire, les pilotes auraient perdu le contrôle de l'avion.

"Une indemnisation juste et équitable"

Lors d'une audience tenue en septembre 2014, environ 800 proches de passagers décédés ont réclamé plus de 70 millions d'euros à la compagnie Yemenia. Leurs avocats déplorent avoir dû saisir la justice alors que l'indemnisation des victimes de catastrophes aériennes s'effectue habituellement par transaction. Les demandes de dommages et intérêts s'échelonnent de quelques milliers d'euros à 1,2 million d'euros et visent, selon les avocats, à "une indemnisation juste, équitable, marquée du sceau de la réparation intégrale".

La compagnie conteste des indemnisations

Mise en examen le 15 novembre 2013 pour homicides involontaires au tribunal de grande instance de Bobigny, la compagnie conteste l'indemnisation de certains postes de préjudice tel l'angoisse des passagers soutenant que les personnes sont mortes instantanément. Bahia Bakari, la seule rescapée, assure, elle, avoir entendu des appels au secours. Estimant qu'il n'existe pas de préjudice particulier en cas de crash aérien, Yemenia demande au tribunal de réduire sensiblement les prétentions financières des ayants droit, notamment au bénéfice de collatéraux  - oncles, tantes, neveux et nièces - "qui ne démontrent pas un lien spécifique d'affection". Les associations de victimes mettent l'accent sur la structure familiale comorienne élargie, certaines familles ayant été "décimées".

La comparaison avec le Rio-Paris

Dénonçant une "résistance abusive" de Yemenia, les avocats de familles considèrent que les montants de dommages et intérêts qui seront alloués "peuvent faire basculer le système aérien vers encore plus de sécurité". "Ce serait un signal fort adressé aux autres compagnies", affirme Saïd Ahamada, président
de l'association SOS Voyages aux Comores qui, évoquant le crash du Rio-Paris d'Air France un mois avant celui de Moroni, relève "un traitement différent des victimes". "Est ce parce que ces Français étaient d'origine comorienne?" questionne-t-il.
Gérard Montigny, également avocat des familles, estime que "cette décision sera satisfaisante si le tribunal apprécie cette catastrophe qui affecte des gens modestes au niveau de ce qu'on a rencontré avec des passagers de lignes plus nobles. Leurs dommages ne valent pas moins que pour des passagers qui reviennent des Etats-Unis ou du Brésil".