Air Caraïbes rachète Corsair : quelles conséquences pour les passagers et le personnel ?

Marc Rochet, directeur d'Air Caraïbes, Jean-Paul Dubreuil, président du conseil de surveillance du groupe Dubreuil, et Pascal de Izaguirre, président du groupe TUI France (De gauche à droite).
Le groupe Dubreuil, actionnaire d’Air Caraïbes, va racheter Corsair d’ici au mois de juin. "Il n'y aura pas de plan social", affirme, ce vendredi, la direction du groupe, qui ambitionne de devenir le premier opérateur privé du transport aérien en France.
Le groupe Dubreuil, actionnaire d’Air Caraïbes, va racheter 100 % de la compagnie Corsair au groupe TUI France. Le groupe vendéen a précisé son projet de rachat, ce vendredi 20 février. Le montant de l’opération, qui sera finalisée en juin, n’a pas été dévoilé. La compagnie Corsair sera toutefois "recapitalisée avant sa cession".

Le siège du groupe Corsair, à Rungis, près de Paris.

Les modalités du rachat

"Corsair deviendra une compagnie sœur gérée de la même manière qu'Air Caraïbes au sein du groupe Dubreuil", a déclaré Jean-Paul Dubreuil, le président du conseil de surveillance qui assure "qu’il n’y aura pas de plan social". "Nous avons acquis un savoir faire sur le transport long courrier grâce à Air Caraïbes, nous souhaitons désormais diversifier nos destinations avec l’acquisition de Corsair", explique Jean-Paul Dubreuil qui a décidé de conserver la marque Corsair et qui ambitionne de devenir le premier opérateur privé du transport aérien en France.

"On ne peut que se réjouir que Corsair demeure une compagnie française", estime pour sa part Pascal de Izaguirre, PDG de TUI France, qui considère le groupe Dubreuil comme "un allié naturel". "Nous connaissons les DOM, Corsair partage les mêmes valeurs et ADN qu'Air Caraïbes".
Le groupe Dubreuil est un groupe familial diversifié : les deux tiers de son activité reposent sur la distribution (notamment de véhicules) et un tiers sur l'aérien. Il va acquérir Corsair par fonds propres et emprunts.

Le rachat devrait être effectif en juin, après le feu vert de l’autorité de la concurrence et les avis des comités d’entreprise des sociétés Corsair et Air Caraïbes, qui ont été consultés, jeudi 19 février.

Ecoutez Jean-Paul Dubreuil, le président du conseil de surveillance du groupe, au micro d'Edwige Saint-Thomas de radio Outre-mer 1ère :

Les intentions du groupe Dubreuil

Le groupe Dubreuil affirme que la priorité est d’amener Corsair "à un retour au profit". L'an dernier, la compagnie a enregistré une perte opérationnelle de 8,9 millions d'euros. "Nous voulons maintenir le volume de la compagnie. C'est indispensable pour garder l'emploi", précise Marc Rochet, président du directoire d'Air Caraïbes et bientôt à la tête de Corsair. "Le personnel de Corsair a 750 heures de vol, par an et par équipage, contre 800 pour Air Caraïbes. Il faudra donc être plus productif pour être plus compétitif."

Y aura-t-il des changements de destinations et de prix ?

Toutes les destinations d’Air Caraïbes et de Corsair seront maintenues assure la direction du groupe Dubreuil, "y compris Mayotte, qui n'est pas une destination aussi rentable que les Antilles". Les fréquences et les horaires seront optimisés. "Il y a aujourd’hui des vols Corsair et Air Caraïbes entre Paris et Pointe-à-Pitre, à vingt minutes d’intervalle", remarque Marc Rochet qui affirme que "les prix des billets, eux, ne changeront pas".

Ecoutez Marc Rochet, président d'Air Caraïbes et bientôt à la tête de Corsair, au micro d'Edwige Saint-Thomas de radio Outre-mer 1ère :

Pourquoi créer une nouvelle structure en 2016 ?

Le groupe Dubreuil annonce "une flotte de onze Airbus à l’horizon 2024". La commande de cinq nouveaux A 350 est confirmée. Ils s’ajouteront aux six A 350 dont la livraison est prévue en 2016. A cette date, le groupe Dubreuil a prévu de créer une structure qui prendra en charge la nouvelle flotte. "La création de cette entité étonne le personnel", avoue Marc Rochet, président du directoire d'Air Caraïbes, qui explique qu’elle permettra "d’optimiser la gestion de la flotte au profit des deux compagnies". "Nous ne savons pas encore quel nom portera cette structure, mais il s’agira d’un opérateur d’avion qui ne sera pas visible pour les clients", assure Jean-Paul Dubreuil, alors que des syndicats craignent la naissance d’une nouvelle compagnie.

Marc Rochet, président d'Air Caraïbes, et Jean-Paul Dubreuil, président du groupe Dubreuil.

Quelles conséquences pour les salariés ?

En créant cette nouvelle structure en 2016, le groupe Dubreuil prévoit d’y intégrer les salariés des deux compagnies. Quid de ceux qui ne souhaiteront par la rejoindre ? "Tous le souhaiteront, affirme Marc Rochet. Tous les pilotes rêvent de prendre les commandes de l’A350, l’avion le plus récent et le plus performant. Pour ceux qui ne le souhaitent pas, il y aura encore neuf Airbus A330 à faire voler. Et il y a un millier de pilotes au chômage en France !"

La mise en service des A 350 aura toutefois nécessairement des conséquences sur les salariés, puisque ces nouveaux appareils impliqueront de nouvelles méthodes de travail. "Les cockpits sont entièrement en anglais et de nouvelles technologies seront utilisées au sol et en vol", précise Marc Rochet.
Enfin, le président du directoire d'Air Caraïbes reconnaît la nécessité de revoir les accords d'entreprise. "Ou nous construisons l'avenir, ou nous nous arc-boutons sur le passé", dit-il, ajoutant que ce projet est "une chance historique" pour les personnels de saisir de nouvelles opportunités.

Le premier opérateur privé du transport aérien en France

A elles deux, Air Caraïbes et Corsair vont regrouper 2 000 salariés, avec une flotte de quinze avions, une desserte de quinze destinations et un chiffre d'affaires de 830 millions d'euros. Ce seront aussi 2,4 millions de passagers transportés par an et une part de marché supérieure à 50% sur l'axe Métropole Antilles.

L’objectif du groupe Dubreil est de devenir le premier opérateur privé du transport aérien en France. "Air Caraïbes et Corsair vont désormais lutter ensemble contre leurs concurrents communs : Air France et XL Airways", prévient la direction.


Pourquoi ce rachat maintenant ?

Les discussions entre les deux groupes ont débuté il y a cinq ans. De nombreux points d’achoppement existaient jusqu’à présent, notamment sur le prix de cession de la compagnie. La mauvaise santé financière de Corsair a aussi freiné les négociations. "Corsair est aujourd’hui redressée et a des fondamentaux solides", remarque Jean-Paul Dubreuil, le président du groupe vendéen qui ajoute que "ce rachat est aussi rendu possible par la baisse des cours du pétrole qui facilite les investissements".