Les syndicats de Corsair appellent à la grève: "On commençait à aller bien, ils vont nous détruire ! "

Le siège du groupe Corsair, à Rungis, près de Paris.
Les syndicats de Corsair appellent à la grève, de vendredi à dimanche. Ils réclament "des garanties" en matière d'emploi, jugeant "inacceptable en l'état" le projet de rachat de l'actionnaire d’Air Caraïbes. Anne-Véronique Rosello, employée à Corsair (CFTC), répond aux questions de la1ère.
Des perturbations sont à prévoir dans les airs à partir de vendredi. Les syndicats de la compagnie aérienne Corsair appellent à 72 heures de grève. Un mouvement "reconductible" disent-il. Ils réclament "des garanties" en matière d'emploi, jugeant "inacceptable en l'état" le projet de rachat de la compagnie présenté par le groupe Dubreuil, actionnaire d’Air Caraïbes. Anne-Véronique Rosello, employée à Corsair (CFTC) répond aux questions de la1ère. 

La1ère : Pour quelles raisons avez-vous déposé ce préavis de grève ?

Anne-Véronique Rosello : "Nous appelons à la grève en raison de la terreur sociale qui règne dans la compagnie. Le plan du groupe Dubreuil est vide de sens. Au dernier comité d’entreprise, aucun chiffre ne nous a été donné, aucun volet social, pas de plan d’entreprise, rien ! Juste une belle histoire...

Vous pointez du doigt la volonté du groupe Dubreuil de créer une nouvelle entité, que craignez-vous ?

"Cette troisième entité verra le jour en 2016 avec l’arrivée d’avions A 350 qui seront dédiés à cette entité. Au fur et à mesure que les appareils de Corsair et d’Air Caraïbes vieilliront, ils seront sortis de leurs flottes respectives. Le groupe Dubreuil va donc vider ces compagnies de leurs substances et va proposer au personnel une intégration dans la nouvelle entité.
Mais pour cela, il faudra que l’on démissionne de nos postes ! On parle ici de CDI de 15 ans et plus pour les gens de Corsair. Il faudra tout lâcher, comme si on recommençait à zéro, en perdant notre ancienneté et notre grade… et ce à des conditions qu’ils vont sortir du chapeau au fur et à mesure.


Que deviendront les salariés qui refuseront de rejoindre cette entité ?

"Nous redoutons qu’ils perdent leur emploi. C’est pourquoi nous demandons un plan de départ volontaire. On sait quels vont être leurs critères de choix : ils ne voudront pas des gens les plus âgés et feront une sélection drastique.
Soit on intégrera l’entité, soit on perdra notre emploi, sans aucune protection sociale. C’est pour cela que l’on veut un plan de départ pour protéger cette population vieillissante, car on sait ce qu’il va se passer à terme.


Cette nouvelle entité concernera le personnel naviguant. Quelle sera la situation des salariés au sol ?

"Il y aura du double emploi car Air Caraïbes a déjà du personnel dans ces métiers au sol. Le groupe Dubreuil nous fait croire que tout le monde sera intégré et qu’il n’y aura pas de perte d’emploi mais c’est mathématiquement impossible. On ne sait pas comment ils peuvent faire ce genre de promesses ! C’est évident qu’il va y avoir des suppressions de postes."

Dans quel état d’esprit sont les salariés de Corsair actuellement ?

"Il y a une grosse colère des salariés. On ne veut pas se laisser dévorer et détruire. Pour nous c’est une destruction. Nous étions arrivés à l’équilibre après un plan social important en 2010, on commençait à aller bien. Nous avons notre clientèle, nous sommes montés en gamme... On ne peut pas accepter de se faire détruire ainsi."