"Selma" : le film événement sur Martin Luther King est dans les salles

La mobilisation de Selma en 1965 fut l’une des étapes les plus importantes de la lutte des Afro-américains pour leurs droits civiques (image du film).
Selma, le long métrage de la réalisatrice afro-américaine Ava DuVernay, sort ce mercredi sur les écrans français. Le film retrace les marches historiques de Martin Luther King Jr. en faveur des droits civiques à Selma en Alabama, durant le mois de mars 1965. La1ere.fr a vu le film. Compte rendu. 
C’est un biopic stimulant comme on les aime. D'abord l’affiche est excellente, avec les acteurs David Oyelowo (Martin Luther King), la célèbre Oprah Winfrey, Tom Wilkinson, le chanteur Common, Tim Roth, et Cuba Gooding Jr, entre autres. Ensuite le film est sobre, efficace, bien interprété, et avec ce qu’il faut de pédagogie pour nous replonger intelligemment dans l’histoire turbulente des combats en faveur des droits civiques aux Etats-Unis.
 
Ce qui est acquis semble en général aller de soi. Mais l’on se rend compte en regardant le film, de la lutte acharnée que les Afro-américains ont dû mener pour obtenir et défendre leurs droits les plus élémentaires, en l’occurrence le droit de vote, de choisir leurs propres représentants. En 1965, en Alabama, il est quasiment impossible pour un Noir de s’inscrire sur les listes électorales. On leur oppose les mesquineries les plus invraisemblables, comme réciter de mémoire la Constitution ou la liste de tous les districts d’un Etat par exemple, pour les empêcher de s’enregistrer.
 

Bastion sudiste de la ségrégation

C’est là qu’intervient, à Selma, bastion sudiste de la ségrégation, Martin Luther King et la Conférence épiscopale des chrétiens du Sud (SCLC). Dans le film, la cinéaste Ava DuVernay nous emmène au cœur de l’organisation, de la stratégie et des tactiques mises en place par Luther King pour faire appliquer les droits constitutionnels dans le Sud. Réunions politiques dans les églises, ateliers de formation à la non violence, et, intuition géniale de King à l’époque de la généralisation de la télévision et de l’information en direct, une stratégie de médiatisation.
 

REGARDEZ la bande annonce du film « Selma » 


C’est souvent au péril de leur vie et de celle de leur famille que les militants et manifestants se font entendre dans les Etats sudistes. Violence de la population blanche et de la police, attentats, intimidations, chantages, espionnage et mise sur écoute par le FBI, coups de fils anonymes… Il fallait non seulement de la détermination, mais un courage hors du commun, pour aller marcher dans la dignité et de façon non-violente face à des déferlements de haine. 
 

Une Amérique horrifiée 

Le film met en scène de grandes figures des marches de Selma : Ralph Abernathy, Andrew Young, Diane Nash, John Lewis, Viola Liuzzo (qui fut assassinée par des extrémistes blancs), et Coretta Scott King, l’épouse de Martin Luther King. Les jeux de piste avec le président Lyndon Johnson, réticent à faire voter la législation en faveur des droits civiques sont finement orchestrés.
 
Au final, on y voit une Amérique horrifiée par son côté sombre, révulsée par des images d’elle-même qu’elle ne veut pas montrer au monde : la police qui attaque des manifestants pacifiques à coups de bâtons, de fouet et de grenades lacrymogènes, des attentats racistes et des lynchages, une populace pleine de haine… Des images qui convainquirent d’ailleurs des prêtres blancs, des rabbins et nombre de leurs fidèles de rejoindre le combat de King pour la dignité et la liberté. Dignité et liberté qui ne concernaient pas seulement les Noirs-américains, mais l’Amérique toute entière. 

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