Le réchauffement climatique en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie en débat à Sciences Po Paris

La Polynésie, c'est une centaine d'îles et d'atolls, mais c'est aussi 99% d'océan.
L’association Sciences Ô organisait mercredi soir à Sciences Po Paris un débat sur les impacts du réchauffement climatique dans le Pacifique français. La montée des eaux est la conséquence la plus visible de ce changement. Comment s’adapter ? 

Les impacts du réchauffement climatique

La série des impacts du réchauffement climatique a de quoi déprimer n’importe quel homme habitant sur cette planète. Nicolas Bériot, secrétaire général de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) en a dressé la longue liste aussi bien en Polynésie qu’en Nouvelle-Calédonie :

La hausse des températures à l’horizon 2020

+ 1° à 1.5° en Polynésie
+ 2° en Nouvelle-Calédonie

Les précipitations

En Polynésie, la zone est tellement étendue qu’il y aura des endroits où les précipitations seront en hausse et à d’autres endroits en baisse. En Nouvelle-Calédonie, on note déjà une baisse prononcée des pluies sur tout le territoire.

Hausse du niveau des mers
Cette hausse n’est pas uniforme au niveau mondial Globalement, elle est de 3 mm par an. On peut donc s’attendre à une hausse de 30 cm à la fin du siècle. Mais si le réchauffement s’accélère, on peut craindre une hausse de 40 cm à 1 m au niveau mondial.
L’acidification des océans
Avec l’augmentation du gaz carbonique absorbé par les océans, les mers deviennent de plus en plus acides. Ce changement chimique a des conséquences sur les coquilles et les coraux.

Tous ces changements risquent d’entraîner à leur tour des impacts sur l’agriculture, le tourisme, mais aussi sur la santé publique. Le développement de certaines maladies vectorielles (le zika, le chikungunya, la dengue)  risque d’être favorisé par le changement climatique.
 

La hausse du niveau des mers

La hausse du niveau des mers est l’impact le plus visible dans les collectivités françaises du Pacifique, un domaine sur lequel Virginie Duvat, professeure de géographie à l’université de La Rochelle est incollable. "Il y a une grande injustice dans la montée des eaux à travers le monde. A Diego Garcia dans l’Océan Indien, le niveau de l’eau ne monte pas alors que dans les Maldives cette hausse se monte à 1,2 mm par an, précise la chercheuse. A Tahiti, sur les îles Tuamotu en Polynésie française, la hausse du niveau de l’océan se fait sentir, mais sur les Tuvalu, c’est le double (5 mm par an)". Virginie Duvat est l'auteure du chapitre "Small Islands" dans le dernier rapport du GIEC.  


Comment s’adapter ?

Virginie Duvat  planche depuis plusieurs années sur la question de l’adaptation au changement climatique. La chercheuse travaille sur la résilience qui selon elle signifie : "la capacité à absorber des chocs plus ou moins fort et comment faire pour en sortir ?" Dans l’assistance, Maïna Sage, députée de la Polynésie précise que son territoire essaie de s’adapter en favorisant les constructions durables, à l’écart du littoral, sur les hauteurs des îles. "Nous nous inspirons de l'expériences des anciens", dit-elle.

Les hommes sont responsables

"Sur les atolls des Tuamotu, ajoute Virginie Duvat, il va falloir réfléchir au matériel de construction". On ne peut pas extraire du sable dans des zones situées en dessous du niveau de la mer.  "Il est urgent de penser à un développement durable sur les Tuamotu et de poser le bon diagnostic, souligne la chercheuse. Aux Tuvalu dont la presse a énormément parlé, il faut souligner que l’ilot de Fangafalé où se trouve la moitié de la population est un ancien marécage remblayé qui n’aurait jamais dû être occupé par les hommes. Le niveau des eaux y monte de 5 mm par an. C’est un facteur aggravant, mais cette île n'était pas faite pour être peuplée. Il ne faut pas déresponsabiliser les populations", conclut Virginie Duvat
 
Et la COP 21 ?
La 21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques se tiendra à la fin de l’année à Paris. Maïna Sage, la députée de Polynésie aimerait qu’on y entende la voix de son territoire. "L’Union européenne est chargée des négociations dans cette conférence", souligne Nicolas Bériot de l’ONERC. C’est pourquoi Vaia Tuuhia, déléguée générale de l’association 4D en faveur du développement durable  se montre pessimiste. "On a l’impression que l’on ne peut pas peser sur ces conférences. Nos îles sont en position défensive".