Dans son dernier livre « Mets et merveilles » (éditions JC Lattès), la romancière guadeloupéenne Maryse Condé revisite son parcours littéraire à l’aune de ses plats favoris et de la découverte de nouvelles saveurs au cours de ses nombreux voyages.
« Lorsque je reçois des invités pour la première fois, en disposant les mets sur la table (…), je hasarde une plaisanterie, toujours la même : “Vous allez aimer ! Je ne suis pas sûre d’être une bonne romancière mais je suis certaine d’être une cuisinière hors pair.” Personne ne rit. Jamais. C’est que dans leur for intérieur mes convives sont choqués : "Quel sacrilège ! pensent-ils. Comment a-t-elle l’audace de rapprocher littérature et cuisine ? Cela revient à mélanger des torchons avec des serviettes, du jute avec de la soie de Chine." Le récit de mon crime de lèse-majesté est l’objet de ce livre », annonce Maryse Condé dans sa préface.
Et l’on découvre en effet une autre Maryse Condé, que l’on s’imaginait plutôt par monts et par vaux à travers le vaste monde, entre l’Afrique, les Caraïbes et les Etats-Unis, carnet de notes et stylo à la main, sans autre préoccupation que l'écriture. « Etre une excellente cuisinière contribue aussi pour moi à casser cette image d’intellectuelle, de militante et de féministe que l’on me colle trop aisément », précise-t-elle.
Au détour des chapitres, quelques aveux. Entre autres : « Mes parents, comme je l’ai dit, ne m’ayant jamais parlé de l’esclavage, il n’existe chez moi aucune tendresse, aucune nostalgie en pensant aux souffrances de mes ancêtres. Si j’ai accepté (…) de devenir présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage qui fut créé après la promulgation de la loi Taubira, ce fut précisément pour réparer cette coupable lacune, combler ce choquant non-amour », explique Maryse Condé.
Avant de conclure ainsi son ouvrage : « Moi qui me suis toujours refusée à hiérarchiser mes deux passions, aujourd’hui je suis bien forcée de constater que l’une possède une éclatante supériorité sur l’autre. L’écrivain, quand il vieillit, vit dans la terreur de radoter, de répéter toujours et encore le même ouvrage. (…) Pour la cuisinière, au contraire, la répétition est gage d’excellence. »
A LIRE AUSSI Maryse Condé : "Je mourrai guadeloupéenne. Une Guadeloupéenne indépendantiste"
Un entretien avec la romancière Maryse Condé en août 2012, à l’occasion de la publication de son livre "La vie sans fards" (éditions JC Lattès).
Et l’on découvre en effet une autre Maryse Condé, que l’on s’imaginait plutôt par monts et par vaux à travers le vaste monde, entre l’Afrique, les Caraïbes et les Etats-Unis, carnet de notes et stylo à la main, sans autre préoccupation que l'écriture. « Etre une excellente cuisinière contribue aussi pour moi à casser cette image d’intellectuelle, de militante et de féministe que l’on me colle trop aisément », précise-t-elle.
Quelques aveux
Le nouvel ouvrage de Maryse Condé peut aussi se lire comme la continuité de « La vie sans fards », son autobiographie publiée en 2012. La cuisine, les recettes et les saveurs constituent certes le fil conducteur du livre, mais l’écrivaine fait également une large place à ses voyages et ses diverses expériences au cours de sa riche carrière. L’Afrique, la France, la Guadeloupe, l’Inde, les Etats-Unis, le Japon, Cuba, Israël, la Jamaïque… elle évoque avec franchise ses espoirs et ses déceptions, comme dans son précédent livre. L’auteur parle de problématiques sociales, de littérature, de politique, d’histoire, le tout dans son style épuré et toujours facilement accessible.Au détour des chapitres, quelques aveux. Entre autres : « Mes parents, comme je l’ai dit, ne m’ayant jamais parlé de l’esclavage, il n’existe chez moi aucune tendresse, aucune nostalgie en pensant aux souffrances de mes ancêtres. Si j’ai accepté (…) de devenir présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage qui fut créé après la promulgation de la loi Taubira, ce fut précisément pour réparer cette coupable lacune, combler ce choquant non-amour », explique Maryse Condé.
Avant de conclure ainsi son ouvrage : « Moi qui me suis toujours refusée à hiérarchiser mes deux passions, aujourd’hui je suis bien forcée de constater que l’une possède une éclatante supériorité sur l’autre. L’écrivain, quand il vieillit, vit dans la terreur de radoter, de répéter toujours et encore le même ouvrage. (…) Pour la cuisinière, au contraire, la répétition est gage d’excellence. »
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Un entretien avec la romancière Maryse Condé en août 2012, à l’occasion de la publication de son livre "La vie sans fards" (éditions JC Lattès).