Dans les années 2000, des scientifiques prédisaient la disparition des récifs coralliens. Une étude internationale récente montre que les "grosses patates coralliennes" de type Porites vont s’adapter au changement climatique et domineront les récifs.
Dans les années 2000, certains scientifiques prédisaient la fin des récifs coralliens. Des événements inquiétants tels que l’intensification des cyclones ou le blanchissement des coraux dû au réchauffement des eaux avaient de quoi effrayer n’importe quel habitant de cette planète. A cela s’ajoutait notamment en Polynésie, l’invasion d’une étoile de mer mangeuse de corail, au doux nom d’acanthaster.
Recherches à Moorea
L’étude rendue public dans la revue internationale en ligne Plos One révise les prévisions pessimistes de la précédente décennie. Mehdi Adjeroud chercheur à l’Institut de Recherche pour le développement (IRD) a participé à ces travaux. Basé à Perpignan, ce chercheur travaille depuis 15 ans sur le récif corallien de Moorea. La surprise est de taille. "Les coraux de type Porites, les grosses patates coralliennes que l’on trouve partout s’adapteront au changement climatique", prédit-il.
Les grosses patates coralliennes vont dominer
"Ces Porites vivent très longtemps, précise Mehdi Adjeroud, les plus gros ont plusieurs centaines d’années. D’après notre étude, cette espèce de corail est la plus résistante et elle va dominer les récifs dans les prochaines décennies. En revanche, les Acropara, les coraux branchus sont sensibles aux variations de température et aux cyclones. Ils sont également les plus vulnérables face aux étoiles de mer tueuses de corail comme l’acanthaster. Ils auront beaucoup de mal à s’adapter".
Des coraux "gagnants" et des "perdants"
Cette étude réalisée par 15 chercheurs à travers le monde permet de dresser un état des lieux passé, présent et futur des récifs étudiés. Certains dans l’équipe ont mis au point un modèle mathématique censé prédire l’avenir des coraux dans les décennies à venir. Leur conclusion est très "darwiniste". Les coraux "gagnants" devraient progressivement coloniser les récifs de la planète et prendre la place des "perdants"..
"Des récifs moins beaux" dans l'avenir
Les lagons n’auront donc pas la même physionomie d’ici la fin du siècle. "Ils risquent d’être beaucoup moins beaux, beaucoup moins colorés, précise Mehdi Adjeroud de l’IRD. Est-ce qu’ils seront toujours aussi attrayants pour les poissons et les invertébrés ? Quelles seront les conséquences sur les hommes ?" Autant de questions auxquelles les scientifiques ne savent pas encore répondre. une situation inquiétante, d'autant que 500 millions de personnes dépendent des récifs coralliens pour la pêche et le tourisme.