L'essor du nickel malgache : une concurrence sérieuse pour le nickel calédonien

L'immense usine malgache de nickel.
Objectif : 60 000 tonnes. Avec un coût de production parmi les plus bas au monde, la plus grande usine de nickel de l'océan indien est une réussite. Le combinat d'Ambatovy est entre les mains d'un consortium multinational associant canadiens, japonais et coréens.
Les revendications des mineurs malgaches portaient sur la sécurité et les conditions de travail. Elles ont été en partie satisfaites. La grève d'un millier de travailleurs est terminée. La noria des camions à repris dans la poussière pourpre de la grande "Île Rouge".

Le gigantesque gisement minier de Moramanga fournit deux grands dépôts à ciel ouvert de nickel latéritique et de cobalt situés sur la côte Est. Ils constituent l'une des plus grandes réserves mondiales de minerai.

Un investissement de 5 milliards d'euros

Le complexe industriel d'Ambatovy est le plus ambitieux de l'histoire de Madagascar. Il est comparable à l'usine de Goro dans le Sud de la Nouvelle-Calédonie, mais sa montée en puissance a été bien plus rapide. En juin prochain, 54 000 tonnes de nickel pur à 99,8 % devraient y avoir été produites. L'objectif annuel est fixé à 60 000 tonnes en 2016. Ambatovy-Nickel produira également 5 600 tonnes de cobalt.

Le site d'exploitation et d'extraction des minerais situé près de la ville de Moramanga est relié à l'usine hydro métallurgique de Toamasina par un pipeline de 220 kilomètres qui transporte la pulpe de minerai latéritique. L'usine est alimentée par une centrale thermique au charbon. Les infrastructures portuaires permettent l'exportation tous azimuts de la production de nickel.

L'usine de l'Est, un consortium bancaire et industriel

Les principaux clients d'Ambatovy sont les usines d'acier inoxydable japonaises, coréennes et canadiennes. Les sociétés métallurgiques et les banques qui ont financé le projet sont des partenariats nationaux privilégiant leurs marchés intérieurs. Les Canadiens de Sherritt et SNC-Lavalin détiennent 45 % du projet, les Japonais de Sumitomo 27,5 % et les Coréens de Ressources Corporation 27,5 %.

Un enjeu de taille se joue notamment entre le Japon et la Chine, cette dernière étant en pleine expansion économique dans le Pacifique. À des fins d'indépendance stratégique, la régie d'État japonaise (NEXI) entend donc investir davantage à Madagascar. Elle a saisi, dans le nickel, l'opportunité de s'implanter durablement dans l'océan indien.