Samuel Légitimus, mémoire vive de l’écrivain afro-américain James Baldwin en France

L’acteur et metteur en scène Samuel Légitimus (à gauche), fondateur du Collectif James Baldwin, du nom du romancier afro-américain (à droite)
L’acteur et metteur en scène Samuel Légitimus, fondateur du Collectif James Baldwin, organise du 1er au 11 juillet une série de rencontres sur le grand romancier afro-américain. Interview. 
C’est peu de dire que Samuel Légitimus est un passionné de l’œuvre et de l’homme. Outre les tee-shirts à l’effigie de son idole qu’il arbore souvent, l’acteur et metteur en scène, petit-fils de la célèbre actrice martiniquaise Darling Légitimus, a fondé il y a plus de vingt ans le Collectif James Baldwin, qui rassemble artistes et intellectuels de tous horizons désireux de transmettre et de faire vivre la pensée et l’œuvre de l’écrivain afro-américain. Le Collectif organise du 1er au 11 juillet une série de manifestations (cinéma, lecture, expos, conférences, etc.) autour du célèbre romancier. Cet événement est parrainé entre autres par le réalisateur Costa-Gavras.
 
« L’œuvre de James Baldwin est l’œuvre d’un honnête homme qui a essayé de dire la vérité, et de sortir de cette histoire douloureuse du rapport noir blanc en Occident » explique Samuel Légitimus. « Avec de grands yeux ouverts sur son époque, il a essayé de comprendre les racines du mal, de plonger en tant qu’artiste dans ce qui ne va pas dans les relations humaines. Il en ressort avec une plume exceptionnelle et un style qui n’est qu’à lui, et des oeuvres qui n’ont aucunement vieilli. »
 

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Qui était James Baldwin, né aux Etats-Unis et décédé à Saint-Paul de Vence dans le sud de la France, en décembre 1987 ? Samuel Légitimus est intarissable sur le sujet. « Jimmy », l’appelle-t-il familièrement comme les amis de l’écrivain « est né à Harlem à New York en 1924. C’est la première génération de Noirs à naître dans le nord et c’est très important. Il avait un rêve et voulait devenir écrivain. Avec une bourse il s’est exilé à Paris à l’âge de 24 ans, arrivant avec 40 dollars en poche. Durant neuf ans il a publié des romans à Paris. »
 
Baldwin repartira ensuite aux Etats-Unis où il s’engagera dans le mouvement des droits civiques, notamment auprès de Martin Luther King. Après la mort de ce dernier, le romancier reviendra en France, très déçu par son pays natal. « James Baldwin est celui qui vous invite à la complexité humaine, à ne pas se réfugier dans la simplicité » dit Samuel Légitimus. « Ses livres apportent vraiment matière à réflexion et appellent à l’action. Baldwin est celui qui dit que la vie est ambigüe, complexe, et qu’il n’y a pas de réponse simple, qu’il faut comprendre qu’il ne faut pas se réfugier dans un manichéisme noir ou blanc, bon ou mauvais. Dans ses romans ses personnages illustrent cette complexité. Baldwin a cette capacité rare à entrer dans la peau de l’autre. Il nous fait nous déplacer dans plusieurs identités à la fois. Il nous grandit, il nous élargit ».
 

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« Baldwin nous invite au vrai dialogue. C'est à force de foi en soi-même et en l'autre que l'on va peut-être voir un rayon de lumière », souligne Samuel Légitimus. « Depuis quelques années avec des amis, nous portons le projet d'un espace culturel dédié aux cultures noires, au pluriel. Parce que quand on fait le bilan de tout ce qui s'est passé en France et en Occident sur l'art noir, il y a de quoi faire un musée et surtout un espace de rencontre, comme le Schomburg Center à Harlem, le plus grand centre dédié aux cultures noires du monde. On aimerait avoir un endroit comme cela à Paris, ouvert à tous. Aujourd'hui je ne devrais pas avoir à défendre Baldwin comme si c'était un petit nouveau, alors que c'est un génie de la littérature mondiale. » 

VOIR ICI : le programme de l'événement « James Baldwin, le grand témoin » (du 1er au 11 juillet à Paris)