Larco nickel : Nouvelle-Calédonie et Russie, amies de la Grèce ?

Mine de nickel du groupe Larco en Grèce.
En plein cataclysme politique et financier, le producteur grec de nickel, Larco, s’interroge sur son avenir. Banques fermées, transactions paralysées… Larco respire encore grâce au dollar, la devise du nickel. Mais que lui réserve l’oracle, après les terribles leçons du passé ?
Athènes : Manolis Glézos, 92 ans, l'homme qui a décroché le drapeau nazi du Parthénon le 30 mai 1941, accuse : "les Allemands ont pris notre or, ils ont vidé les caisses de la banque de Grèce en 1944, ils ont pillé notre nickel et fait sauter les installations industrielles du port de Larymna."
 
En Grèce, il reste de la Seconde Guerre mondiale "un sentiment anti-allemand". Vassilis Cambas est le directeur de l'usine Larco à Larymna. Dans un français parfait, il rappelle : "l'industrie grecque du nickel s'est relevée avec l'aide d'une entreprise française. En 1952, la Société Le Nickel (SLN) calédonienne nous a aidés à reconstruire nos installations et notre usine de ferronickel. C’est une vieille histoire, mais nous avons de la mémoire."
 

Les banques fermées, le nickel grec à la dérive

Au lendemain de l'adoption de nouvelles mesures d'austérité par le Parlement à Athènes, la Banque centrale européenne a décidé de relever de 900 millions d'euros le plafond des prêts d'urgence accordés aux banques grecques. La paralysie des transactions informatiques pèse notamment sur le producteur national de ferronickel. Deux importantes cargaisons de métal, d’une valeur de 40 millions d’euros, sont attendues à Rotterdam et à Helsinki. Or, Larco ne peut payer aujourd’hui, ni les transporteurs maritimes, ni les manutentionnaires qui déchargeront les conteneurs. En revanche, malgré la fermeture des banques, les 1200 métallurgistes et mineurs grecs ont pu être payés par virement internet. Les banques grecques devraient rouvrir lundi prochain, il était vraiment temps.
 

Larco le Grec, des mines et une usine dont la richesse est le nickel

L'entreprise publique détenue à 51 % par l'Etat grec ne figure pas, ou pas encore sur la nouvelle liste des privatisations acceptées par Alexis Tsipras. Ces nouvelles privatisations concernent principalement les chemins de fer et les ports du Pirée et de Salonique. Mais Larco figurait bel et bien dans la liste précédente de 2011. La société minière faisait partie des actifs placés en garantie du prêt accordé à la Grèce par l'Eurogroupe. Son avenir reste donc en suspend.
 
Le gouvernement grec et la direction de Larco, où les sympathisants de Syriza sont nombreux et les syndicats puissants, ont trouvé ces dernières semaines un allié potentiel. Un investisseur qui pourrait repousser les velléités de privatisation de Larco : le géant russe Norilsk ! "Ce dernier convoite le nickel grec" reconnaît une source gouvernementale à Athènes, interrogée par La1ère.fr. Peut-on invoquer le dessein des Dieux lorsqu’il s’agit de survie industrielle ? L’opportunisme dont pourrait faire preuve Larco en évoquant la France et la Russie, Eramet (SLN) et Norilsk, traduit peut-être les craintes d’une nouvelle main mise allemande.