La1ère.fr vous emmène tout la semaine à la rencontre des Ultramarins de Bretagne. Née à Saint-Pierre et Miquelon, Delphine Taillefer Le Ridou, 48 ans, femme de marin, a suivi son mari en mission Outre-mer, mais elle est toujours revenue à Brest, son port d’attache.
Dans un tailleur raffiné de couleur noire, rehaussé d’un foulard aux tons lumineux, Delphine ouvre chaleureusement la porte de sa maison dans un petit lotissement de Bourg-Blanc, commune située à une quinzaine de kilomètres au nord de Brest, en Bretagne. Cheveux blonds, visage dégagé, cette Saint-Pierraise de 48 ans, affiche une mine radieuse et enjouée. Un teint légèrement hâlé témoigne des derniers jours passés à l’île Maurice, où elle a rejoint son mari en mission dans l’océan indien. "J’ai beau venir du froid, je suis une grande frileuse et je cherche toujours un rayon de soleil", avoue Delphine en se réchauffant les mains autour d’un café.
"En arrivant à Brest en 1989, je ne connaissais personne, je n’étais plus - fille de - ou - nièce de -", se rappelle la Saint-Pierraise qui ne sait à l’époque pas grand chose de la Bretagne, si ce n’est, quelques histoires de "vacances en famille à Saint-Malo" et une mystérieuse attirance pour le Finistère. "Enfant, je me demandais ce qu’il pouvait avoir au bout de cette terre, se souvient Delphine marquée par les propos d'un navigateur. Hébergé chez nos voisins, lors d’une transat entre la Bretagne et Saint-Pierre, Eric Tabarly nous avait dit : la Bretagne est comme Saint-Pierre, le soleil n'est pas dans le ciel mais dans le cœur des gens.
En 1988, la jeune femme de 23 ans travaille à l’office de tourisme et voit régulièrement arriver de Brest, ces marins "aux pompons rouge" qui fréquentent et enfument à chaque escale les bars de Saint-Pierre. "Les bateaux militaires venaient pour des campagnes de pêche à Saint-Pierre et Miquelon, explique Delphine qui rencontre son futur mari en boîte de nuit. Claude avait été tiré à la courte paille pour faire cette mission...".
Aujourd’hui, la famille est bien amarrée à Brest où sont nés les trois enfants : Cédric, 23 ans, Julie 21 ans et Florian 17 ans. "Ma fille est attachée à Bourg Blanc, comme une bernique à son caillou", compare la Saint-Pierraise qui retrouve en Bretagne "l’esprit insulaire de Saint-Pierre, le bord de mer, l’air du large et les familles de marins". "Les habitants de Saint-Pierre et Miquelon descendent des colons bretons, normands et basques, rappelle-t-elle. Et comme les Bretons, les Saint-Pierrais sont voyageurs".
Delphine, retournera-t-elle vivre à Saint-Pierre-et-Miquelon ?
En 1994, départ pour Tahiti. Un voyage dans le pacifique dont elle garde "des souvenirs mémorables, une douceur de vivre, des gens adorables". Tragiquement, c’est aussi à Tahiti que Delphine perd sa maman. "Venue en vacances, elle est décédée d’une crise cardiaque sur l’île de Raiatea", livre encore bouleversée cette femme qui revoit l’image de ses amis bretons venus la soutenir à l’aéroport, à son retour.
Devenue terre de substitution, la Bretagne ne remplace pas les racines Saint-Pierraises de Delphine. Fière de ses origines, elle n’hésite pas à brandir son drapeau de Saint-Pierre et Miquelon lors du passage du Tour de France 2008, à Mûr-de-Bretagne, "l’image est même passée à la télé", s’amuse celle qui tient à garder une plaque d’immatriculation de voiture 975 (numéro de Saint-Pierre et Miquelon, ndlr).
Malgré de profondes racines, au fil des missions et des voyages, le lien avec Saint-Pierre se distend. "Il y a juste eu un séjour en 1997, mais c’était mon passé, ma terre, pas celle de ma famille", constate Delphine qui évoque des souvenirs d’enfance avec "de longs hivers de neige et des patins à glace que l’on chaussait pour descendre la rue bordée de maisons en bois".
"A chaque coin de rue, une anecdote me revenait, des images, j’étais soulagée, heureuse d’être là à nouveau". Aujourd’hui, Delphine n’imagine plus s’installer à Saint-Pierre, mais reste attentive à ce qui s’y passe. Inquiète "de voir ces jeunes quitter l’archipel sans y revenir", elle s’interroge "le tourisme c’est bien mais ne faut-il pas développer d’autres secteurs ?".
Fière d’apprendre en 2014, qu’une Saint-Pierraise, qu’elle avait côtoyée plus jeune, entrait au gouvernement, elle n’en est pas moins étonnée. "Quand on connaît le tempérament de battante d’Annick Girardin, ça ne peut que susciter le respect", avoue Delphine qui a toujours autant d'envies de voyages.
Taillefer, Plantegenest
Si son visage ne vous dit rien, son nom de jeune fille parle davantage. Née à Saint-Pierre dans une famille bien connue de l’archipel, Delphine Taillefer (épouse Le Ridou) est la fille d’Agnès Taillefer, célèbre comédienne habituée des théâtres, et la nièce de Marc Plantegenest, ancien maire, député et président du Conseil général."La Bretagne est comme Saint-Pierre, le soleil n'est pas dans le ciel mais dans le coeur des gens"
"En arrivant à Brest en 1989, je ne connaissais personne, je n’étais plus - fille de - ou - nièce de -", se rappelle la Saint-Pierraise qui ne sait à l’époque pas grand chose de la Bretagne, si ce n’est, quelques histoires de "vacances en famille à Saint-Malo" et une mystérieuse attirance pour le Finistère. "Enfant, je me demandais ce qu’il pouvait avoir au bout de cette terre, se souvient Delphine marquée par les propos d'un navigateur. Hébergé chez nos voisins, lors d’une transat entre la Bretagne et Saint-Pierre, Eric Tabarly nous avait dit : la Bretagne est comme Saint-Pierre, le soleil n'est pas dans le ciel mais dans le cœur des gens.
Un pompon rouge
La Bretagne dans un coin de la tête, Delphine Taillefer fait son chemin. Après plusieurs séjours en métropole et des études à Washington, elle décide de s’installer à Saint-Pierre dans la maison familiale "au 22 rue Boursaint, face à Paturel".En 1988, la jeune femme de 23 ans travaille à l’office de tourisme et voit régulièrement arriver de Brest, ces marins "aux pompons rouge" qui fréquentent et enfument à chaque escale les bars de Saint-Pierre. "Les bateaux militaires venaient pour des campagnes de pêche à Saint-Pierre et Miquelon, explique Delphine qui rencontre son futur mari en boîte de nuit. Claude avait été tiré à la courte paille pour faire cette mission...".
Un costume dans le sac
Originaire de La Baule, le jeune homme tombé sous le charme de la Saint-Pierraise, revient à maintes reprises dans l’archipel. "Lors d’une mission, il avait glissé un costume dans son sac, raconte Delphine. Ma mère m’a prêté un tailleur écru et nous nous sommes mariés". Quelques mois plus tard, la jeune femme quitte tout pour suivre son mari, militaire à la base navale de Brest.Femme de marin
"Trois jours après notre installation, Claude est parti en mission me laissant en larmes, dans la brume, la pluie, l’humidité et la froideur d’un immeuble gris, décrit Delphine en frissonnant. Il fallait vraiment que je sois amoureuse pour rester (sourire)".Aujourd’hui, la famille est bien amarrée à Brest où sont nés les trois enfants : Cédric, 23 ans, Julie 21 ans et Florian 17 ans. "Ma fille est attachée à Bourg Blanc, comme une bernique à son caillou", compare la Saint-Pierraise qui retrouve en Bretagne "l’esprit insulaire de Saint-Pierre, le bord de mer, l’air du large et les familles de marins". "Les habitants de Saint-Pierre et Miquelon descendent des colons bretons, normands et basques, rappelle-t-elle. Et comme les Bretons, les Saint-Pierrais sont voyageurs".
Delphine, retournera-t-elle vivre à Saint-Pierre-et-Miquelon ?
Tahiti et La Réunion
Attirée par l’insularité, la mère de famille s’adapte aux changements de cap et n’hésite pas à partir avec ses enfants pour suivre son mari dans des missions de trois ans. "Il y a eu l’appel du 18 juin 99 lorsque nous avons appris le départ pour La Réunion", sourit Delphine qui suit depuis l’actualité de l’île intense. "Quatre degrés la nuit dernière à la Plaine des Cafres, impressionnant ! ", s’exclame-t-elle.En 1994, départ pour Tahiti. Un voyage dans le pacifique dont elle garde "des souvenirs mémorables, une douceur de vivre, des gens adorables". Tragiquement, c’est aussi à Tahiti que Delphine perd sa maman. "Venue en vacances, elle est décédée d’une crise cardiaque sur l’île de Raiatea", livre encore bouleversée cette femme qui revoit l’image de ses amis bretons venus la soutenir à l’aéroport, à son retour.
Les racines de Saint-Pierre
Devenue terre de substitution, la Bretagne ne remplace pas les racines Saint-Pierraises de Delphine. Fière de ses origines, elle n’hésite pas à brandir son drapeau de Saint-Pierre et Miquelon lors du passage du Tour de France 2008, à Mûr-de-Bretagne, "l’image est même passée à la télé", s’amuse celle qui tient à garder une plaque d’immatriculation de voiture 975 (numéro de Saint-Pierre et Miquelon, ndlr).Malgré de profondes racines, au fil des missions et des voyages, le lien avec Saint-Pierre se distend. "Il y a juste eu un séjour en 1997, mais c’était mon passé, ma terre, pas celle de ma famille", constate Delphine qui évoque des souvenirs d’enfance avec "de longs hivers de neige et des patins à glace que l’on chaussait pour descendre la rue bordée de maisons en bois".
Un retour aux sources
Alors qu’elle ne parvient plus à regarder les photos de Saint-Pierre "trop lourdes en émotion", Delphine décide d’y retourner en 2014 "pour voir et peut-être renouer", dit-elle. Sans y avoir mis les pieds pendant dix ans, elle prend l'avion angoissée, effrayée à l’idée de ne plus rien reconnaître, "ni les lieux, ni les gens". Très vite, la Saint-Pierraise est rassurée. "En montant dans l’avion à Terre-Neuve, une copine de classe me reconnaît et mon cousin pilote l’avion", relate avec enthousiasme Delphine qui monte alors dans le cockpit émerveillée par "cette descente dans la brume vers Saint-Pierre".
Quel avenir ?
"A chaque coin de rue, une anecdote me revenait, des images, j’étais soulagée, heureuse d’être là à nouveau". Aujourd’hui, Delphine n’imagine plus s’installer à Saint-Pierre, mais reste attentive à ce qui s’y passe. Inquiète "de voir ces jeunes quitter l’archipel sans y revenir", elle s’interroge "le tourisme c’est bien mais ne faut-il pas développer d’autres secteurs ?".Fière d’apprendre en 2014, qu’une Saint-Pierraise, qu’elle avait côtoyée plus jeune, entrait au gouvernement, elle n’en est pas moins étonnée. "Quand on connaît le tempérament de battante d’Annick Girardin, ça ne peut que susciter le respect", avoue Delphine qui a toujours autant d'envies de voyages.