Eramet: Philippe Gomès craint que la filiale calédonienne "pâtisse" de la politique du groupe

Le député Philippe Gomes (UDI) a exprimé mardi devant l'Assemblée nationale sa crainte que la filiale calédonienne d'Eramet ne "pâtisse" de la politique menée par le groupe minier et appelé le gouvernement à jouer son rôle d'actionnaire. Le gouvernement se dit "vigilant".
"Je ne souhaite pas que la filiale calédonienne (d'Eramet), la Société Le Nickel (SLN), pâtisse de la politique qui a été suivie ces dernières années par sa maison mère, notamment parce que les intérêts de la filiale calédonienne ont insuffisamment été pris en compte", s'est insurgé le député Philippe Gomès, (UDI, Nouvelle-Calédonie) dans une question adressée au Premier ministre Manuel Valls. 

"Je pense notamment à la distribution massive de dividendes à hauteur de 80 millions d'euros ces dernières années, qui conduisent aujourd'hui la SLN à ne pas disposer des fonds nécessaires pour affronter la crise et notamment les pertes qui en résultent", a-t-il ajouté, demandant à l'Etat s'il était prêt à jouer pleinement son rôle d'actionnaire au sein de la société Eramet, Bpifrance (la banque publique d'investissement) ayant près de 25% du capital.
 

La réponse du gouvernement

Chargée de répondre, la secrétaire d'État à la Consommation, Martine Pinville, a évité de parler exclusivement du groupe Eramet et s'est exprimée sur la crise des matières premières. "Les matières premières et notamment le nickel traversent une crise importante qui pourrait malheureusement -et nous le regrettons- s'inscrire dans la durée", a-t-elle affirmé, avant d'assurer le député que le gouvernement suivait "avec attention à la fois l'évolution du marché (...) et ses conséquences directes et immédiates sur chacun des trois opérateurs industriels implantés en Nouvelle-Calédonie", en allusion à Eramet, au géant anglo-suisse Glencore et au brésilien Vale.

"Nous sommes particulièrement attentifs au maintien des capacités industrielles en Nouvelle-Calédonie, et nous nous montrerons particulièrement
vigilants, en lien avec la totalité du gouvernement et celui de la Nouvelle-Calédonie, au maintien des emplois", a affirmé la secrétaire d'Etat.
 
 

La question et la réponse


La crise du nickel

Depuis début 2015, le prix du nickel, indispensable à la fabrication d'acier inoxydable, a dévissé de 35% et se situe sous la barre des 10.000 dollars la tonne, son plus bas niveau depuis six ans et demi. Opérateur historique du nickel calédonien, la SLN perd de son côté environ 1,5 milliard de francs CFP par mois (12,5 millions d'euros), tandis que l'action de sa maison mère, Eramet, a fondu de 50% depuis le début de l'année.