Clarissa Jean-Philippe : la colère des agents municipaux qui étaient à ses côtés le 8 janvier 2015

Ce jeudi à Nanterre avait lieu une cérémonie de remise de décorations à plusieurs personnes ayant accompli un acte de bravoure. Parmi elles, deux agents de la voirie et un policier municipal de Montrouge qui étaient aux côtés de Clarissa Jean-Philippe, le 8 janvier à Montrouge. Témoignages.
Le policier municipal qui était avec la policière municipale martiniquaise Clarissa Jean-Philippe, le 8 janvier au matin, à Montrouge, n'a pas souhaité s'exprimer, lors de la cérémonie de remise de médaille de la sécurité intérieure par le préfet des Hauts-de-Seine, Yann Jounot. Lors de cette cérémonie, le prénom de Clarissa a été évoqué une seule fois, et encore fallait-il tendre l'oreille. 

Les deux agents de voirie qui étaient également présents lors de l'attentat perpétré par Amedy Coulibaly, dont l'un qui a pris une balle dans la tête, ont accepté de raconter le calvaire qu'ils ont vécu le 8 janvier, ainsi que dans les mois qui ont suivi. Selon eux, ils n'ont pas bénéficié du suivi médical, social et psychologique dont ils auraient eu besoin. Ils déplorent également l'absence de stèle en mémoire de Clarissa à Montrouge. Témoignages. 

"La dernière image que j'ai d'elle"

Laurent, l'un des deux agents de voirie explique  :"Jusqu'à aujourd'hui je n'arrive pas à me rappeler du visage de Clarissa. Quand je pense à elle, je vois juste son corps à partir des genoux jusqu'à ses chaussures, allongée par terre. C'est la dernière image que j'ai d'elle. Nous étions en train de lui demander quand elle allait être titularisée, elle nous a répondu que c'était ce jour là, le jour anniversaire de sa première année à la ville". 

"Une vie est restée là bas"

Concernant la cérémonie de remise des médailles, Laurent poursuit : "Nous attendions ces médailles pour en finir avec le 8 janvier. On va commencer à pouvoir tourner la page. Depuis le début, on nous dit qu'il faut nous reconstruire. Il y a la vie de quelqu'un qui est resté là bas, dans la rue. La seule personne qui est morte à Montrouge, c'est celle dont on ne parle pas. J'aimerais que la famille de Clarissa quand elle vient en métropole puisse avoir un endroit où se recueillir. Là, il n'y a rien. C'est un manque de respect. Je pense souvent à sa famille en Martinique, ils doivent être dégoûtés."

"L'après 8 janvier"

Laurent revient également avec amertume sur les conditions dans lesquelles il a repris le travail après le 8 janvier : "Pour nous, il y a l'attentat du 8 janvier et l'après 8 janvier. Je ne souhaite à personne de vivre les dix mois que je viens de vivre, après l'attentat. Je ne pensais pas qu'humainement on puisse avoir de telles carences en France".  
Regardez le témoignage de Laurent (recueilli par Angélique Le Bouter et Philippe Hernando, France Ô / Outre-mer 1ère) :

Une balle dans la tête

Le 8 janvier au matin, Philippe, également agent de voirie, a été blessé à la tête par l'une des six balles tirées par Coulibaly : "C'est vrai que ça fait plaisir, cette reconnaissance, aujourd'hui. Le 8 janvier, c'était une guerre dans la rue. Et ce jour là, il n'y avait malheureusement qu'une seule personne qui était armée et pas nous. La cérémonie d'aujourd'hui c'est une pensée pour Clarissa, décédée ce jour là. Depuis, on a reçu des courriers, mais ensuite aucun acte, aucun contact avec des personnes. Aujourd'hui, j'ai encore des soins. Psychologiquement, j'ai remonté la pente. Je n'oublie pas cette histoire, mais elle est derrière moi."
regardez le témoignage de Philippe :