L’Empire a eu un général métis inconnu jusqu'à ce jour. Un Martiniquais du nom de Joseph Serrant. Ami de Delgrès, nommé général et même baron par Napoléon sur le front de Russie, Serrant dut néanmoins sa carrière au fait qu’il passait pour un Blanc. Une biographie lui est consacré.
Etonnante histoire que celle de Joseph Serrant, né en janvier 1767 à Saint-Pierre en Martinique. Sa mère est une « mulâtresse libre », maîtresse d’Antoine Serrant, un colon blanc fortuné. Joseph Serrant naît donc « métis libre ». « Joseph était très clair », un « chabin chapé », comme on disait au XVIIIe siècle, c'est-à-dire « un métis tellement clair qu’il échappait à sa condition », précise Raymond Chabaud dans son livre « Le Nègre de Napoléon » (HC éditions), une biographie consacrée à Joseph Serrant.
« Là intervient la question de la couleur : comment peut-on être un "métis libre de couleur", cordonnier à Saint-Pierre de la Martinique, puis finir général nommé par Napoléon sur les champs de bataille en Russie ? C’est quand même un sacré parcours » explique l’auteur à La1ere.fr. « Je me suis intéressé à son itinéraire notamment parce que le général Serrant était un ancêtre direct de mon épouse », ajoute aussi Raymond Chabaud.
Arrivé en métropole après de nombreuses tribulations, dont un passage dans les geôles anglaises, Joseph Serrant sert dans l’armée comme capitaine en Normandie, en Suisse et en Italie. Devenu colonel, il participe à la campagne de Russie en 1812, où Napoléon le fera général et même, verbalement, baron de l’Empire. Toutefois ce dernier titre ne sera jamais officialisé.
Général, officier de la Légion d’honneur, Serrant dut son ascension non seulement à ses indéniables qualités mais aussi au fait que rien dans son apparence ne dénotait ses origines. « Joseph passait fort bien pour un Blanc et il ne s’en est pas privé » écrit Raymond Chabaud (photo), en fournissant entre autres des « certificats de notoriété » où était affirmé que sa mère était l’épouse légitime, blanche, de son père, alors qu’en réalité elle était sa maîtresse et mulâtresse. Sous le règne de louis XVIII à la Restauration, la vérité finit toutefois par éclater et Joseph Serrant fut mis à la retraite.
Mais paradoxalement, confie Raymond Chabaud, « c’est la République qui lui donne la liberté. Il doit tout à la République, ainsi qu’à l’armée impériale. Pour lui c’est la nation jacobine qui fut le gage de sa liberté. »
« Là intervient la question de la couleur : comment peut-on être un "métis libre de couleur", cordonnier à Saint-Pierre de la Martinique, puis finir général nommé par Napoléon sur les champs de bataille en Russie ? C’est quand même un sacré parcours » explique l’auteur à La1ere.fr. « Je me suis intéressé à son itinéraire notamment parce que le général Serrant était un ancêtre direct de mon épouse », ajoute aussi Raymond Chabaud.
Tribulations
En novembre 1782, Serrant entre comme volontaire au régiment en Martinique. Il y deviendra caporal, avant de revenir à la vie civile cinq ans plus tard, où il exerce le métier de cordonnier. Sous la Révolution française, il lutte pour l’abolition avec un autre mulâtre, Louis Delgrès, qui mourra en héros révolutionnaire en Guadeloupe en 1802, en se battant armes à la main contre le rétablissement de l’esclavage.Arrivé en métropole après de nombreuses tribulations, dont un passage dans les geôles anglaises, Joseph Serrant sert dans l’armée comme capitaine en Normandie, en Suisse et en Italie. Devenu colonel, il participe à la campagne de Russie en 1812, où Napoléon le fera général et même, verbalement, baron de l’Empire. Toutefois ce dernier titre ne sera jamais officialisé.
Général, officier de la Légion d’honneur, Serrant dut son ascension non seulement à ses indéniables qualités mais aussi au fait que rien dans son apparence ne dénotait ses origines. « Joseph passait fort bien pour un Blanc et il ne s’en est pas privé » écrit Raymond Chabaud (photo), en fournissant entre autres des « certificats de notoriété » où était affirmé que sa mère était l’épouse légitime, blanche, de son père, alors qu’en réalité elle était sa maîtresse et mulâtresse. Sous le règne de louis XVIII à la Restauration, la vérité finit toutefois par éclater et Joseph Serrant fut mis à la retraite.
"Seul en France"
« Inconnu social », selon son biographe, le général métis décède en novembre 1827, à l’âge de soixante ans, loin de son pays natal. « Serrant n’est jamais retourné à la Martinique. Il était véritablement tout seul en France » souligne l’auteur. « Dans la République, puis dans l’Empire, il ne pouvait compter que sur lui-même. Sa situation était celle d’un immigré, loin de chez lui, loin de sa famille, loin de ses racines. N’ayant rien à quoi se raccrocher, hormis l’armée, la grande broyeuse d’illusions, il fut emporté par le flux des événements sans même s’en apercevoir ».Mais paradoxalement, confie Raymond Chabaud, « c’est la République qui lui donne la liberté. Il doit tout à la République, ainsi qu’à l’armée impériale. Pour lui c’est la nation jacobine qui fut le gage de sa liberté. »