Dans le cadre des 15 ans de L’Ifrecor, l’initiative française pour les récifs, un colloque est organisé ce mardi à l’Assemblée nationale. L’UICN, l’Union internationale pour la conservation de la nature appuie cette initiative. Rencontre avec Aurélie Bocquet de l'UICN.
Aurélie Bocquet, chargée de programme à l’UICN France (Union internationale pour la conservation de la nature) suit de près depuis dix ans la biodiversité Outre-mer. Elle a participé à la publication d’un beau livre très précis sur la question. La1ère a rencontré cette biologiste réaliste mais optimiste.
La1ère : dans son livre sur la 6e extinction de biodiversité (prix Pulitzer), Elizabeth Kolbert affirme que 80% des coraux de la Caraïbe ont disparu ? Est-ce exact à votre avis ?
Aurélie Bocquet : 80%, ça ne me paraît pas réaliste. De même beaucoup de personnes affirment que d’ici à 2030, il n’y aura plus de coraux, c’est exagéré. La situation n’est pas si tragique. C’est vrai que la température de l’océan augmente. L’acidification des eaux va poser des problèmes pour la constitution du squelette calcaire des coraux. Mais les récifs ont une forte capacité de résilience si les pressions ne durent pas trop longtemps. La symbiose zooxhantelle polype peut se reconstituer en dix ans. Il faut bien comprendre qu’en période de blanchissement les polypes des coraux expulsent leurs zooxhantelles et ne se nourrissent plus. Mais si cela dure trop longtemps, les coraux meurent.
Vous êtes quand même optimiste ?
En tout cas je ne suis pas alarmiste. Et puis, il faut vraiment distinguer la situation des récifs de La Réunion ou des Antilles d’une part et celle de la Nouvelle-Calédonie ou de la Polynésie. Dans le premier cas, les coraux subissent une pression très forte due à l’urbanisation et aux pollutions ou à la sur-fréquentation de la mer. Donc oui, le changement climatique aura des conséquences graves. En revanche en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, les récifs coralliens sont globalement, du moins à l'écart des embouchures des villes peuplées, en très bon état de conservation.
C’est pourquoi l’UICN votre organisme est très impliqué dans l’Ifrecor, l’initiative française pour les récifs coralliens ?
Oui cette initiative fête ses 15 ans cette année. L’Ifrecor a publié une étude qui évalue financièrement tous les services que rendent les récifs coralliens dans des secteurs comme la pêche, le tourisme, plus largement l’économie ou encore l’industrie pharmaceutique. Et ça c’est un message qui parle aux élus d’Outre-mer.
Depuis cinq l’Ifrecor organise un concours ouvert à tous les projets qui oeuvrent localement pour la préservation des récifs. La palme est décernée normalement le jour de la journée Outre-mer du Congrès des maires, afin de sensibiliser les élus locaux à l’importance de ses écosystèmes. Cette année, la manifestation a été logiquement annulée en raison des attentats.
L’UICN pour laquelle vous travaillez est connue pour sa liste rouge. Comment ça marche ?
Il y a neuf graduations au total dont trois concernant les espèces menacées et trois, les espèces éteintes (au niveau mondial, au niveau sauvage, au niveau régional). La strate la plus menacée s’intitule « en danger critique », ensuite il y a « en danger » puis « vulnérable ». Cette liste rouge est donc un outil très rigoureux d'évaluation des menaces sur les espèces. Ce travail est coordonné par l’UICN par la commission de sauvegarde des espèces. L’UICN France en partenariat avec le Muséum national d'histoire naturelle coordonne les informations de la France et de l’Outre-mer. On s’appuie sur des experts à travers tout l’Outre-mer, sur la base de leurs évaluations. Des associations et des scientifiques participent à ce travail. Exemple à La Réunion : l’association Globice (spécialiste des mammifères marins) et Kélonia (l’Observatoire des tortues marines) participent à notre liste. Pour l’Outre-mer, ça s’enrichit tout le temps. On va bientôt sortir le prochain chapitre sur la flore de Polynésie et les oiseaux.
La1ère : dans son livre sur la 6e extinction de biodiversité (prix Pulitzer), Elizabeth Kolbert affirme que 80% des coraux de la Caraïbe ont disparu ? Est-ce exact à votre avis ?
Aurélie Bocquet : 80%, ça ne me paraît pas réaliste. De même beaucoup de personnes affirment que d’ici à 2030, il n’y aura plus de coraux, c’est exagéré. La situation n’est pas si tragique. C’est vrai que la température de l’océan augmente. L’acidification des eaux va poser des problèmes pour la constitution du squelette calcaire des coraux. Mais les récifs ont une forte capacité de résilience si les pressions ne durent pas trop longtemps. La symbiose zooxhantelle polype peut se reconstituer en dix ans. Il faut bien comprendre qu’en période de blanchissement les polypes des coraux expulsent leurs zooxhantelles et ne se nourrissent plus. Mais si cela dure trop longtemps, les coraux meurent.
Vous êtes quand même optimiste ?
En tout cas je ne suis pas alarmiste. Et puis, il faut vraiment distinguer la situation des récifs de La Réunion ou des Antilles d’une part et celle de la Nouvelle-Calédonie ou de la Polynésie. Dans le premier cas, les coraux subissent une pression très forte due à l’urbanisation et aux pollutions ou à la sur-fréquentation de la mer. Donc oui, le changement climatique aura des conséquences graves. En revanche en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie, les récifs coralliens sont globalement, du moins à l'écart des embouchures des villes peuplées, en très bon état de conservation.
C’est pourquoi l’UICN votre organisme est très impliqué dans l’Ifrecor, l’initiative française pour les récifs coralliens ?
Oui cette initiative fête ses 15 ans cette année. L’Ifrecor a publié une étude qui évalue financièrement tous les services que rendent les récifs coralliens dans des secteurs comme la pêche, le tourisme, plus largement l’économie ou encore l’industrie pharmaceutique. Et ça c’est un message qui parle aux élus d’Outre-mer.
Depuis cinq l’Ifrecor organise un concours ouvert à tous les projets qui oeuvrent localement pour la préservation des récifs. La palme est décernée normalement le jour de la journée Outre-mer du Congrès des maires, afin de sensibiliser les élus locaux à l’importance de ses écosystèmes. Cette année, la manifestation a été logiquement annulée en raison des attentats.
L’UICN pour laquelle vous travaillez est connue pour sa liste rouge. Comment ça marche ?
Il y a neuf graduations au total dont trois concernant les espèces menacées et trois, les espèces éteintes (au niveau mondial, au niveau sauvage, au niveau régional). La strate la plus menacée s’intitule « en danger critique », ensuite il y a « en danger » puis « vulnérable ». Cette liste rouge est donc un outil très rigoureux d'évaluation des menaces sur les espèces. Ce travail est coordonné par l’UICN par la commission de sauvegarde des espèces. L’UICN France en partenariat avec le Muséum national d'histoire naturelle coordonne les informations de la France et de l’Outre-mer. On s’appuie sur des experts à travers tout l’Outre-mer, sur la base de leurs évaluations. Des associations et des scientifiques participent à ce travail. Exemple à La Réunion : l’association Globice (spécialiste des mammifères marins) et Kélonia (l’Observatoire des tortues marines) participent à notre liste. Pour l’Outre-mer, ça s’enrichit tout le temps. On va bientôt sortir le prochain chapitre sur la flore de Polynésie et les oiseaux.