Martinique : l'État condamné à indemniser 15 détenus de la prison de Ducos

© MARTINIQUE 1ÈRE
Le tribunal administratif de Fort-de-France a condamné l'État pour "traitement dégradant" avec notamment des conditions d'hygiène jugées déplorables. Des indemnités de 1 200 à 7 300 euros seront versées aux détenus.
Nouvelle condamnation de l'État français pour sa gestion des prisons. Dans sa décision du 31 décembre, le tribunal administratif de Fort-de-France en Martinique a exigé que 15 détenus de la prison de Ducos soient indemnisés pour "traitement dégradant", ils recevront 1 200 à 7 300 euros en fonction de la durée de détention.

Violations de la Convention européenne

C'est l'avocat Etienne Noël au nom de l'Observatoire Internationale des Prisons (OIP), qui avait plaidé la cause des prisonniers mi-décembre, fustigeant les violations de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales et l'article 22 de la loi pénitentiaire. 



Triste constat partagé par François Bès, responsable outre-mer de l'OIP, qui a visité récemment la prison de Ducos. Il pointe la surpopulation - on compte 499 détenus pour 358 places dans le centre de détention selon le quotidien France Antilles. -, les problèmes d'hygiène ou encore les mauvaises conditions matérielles de détention.

Écoutez l'interview de François Bès au micro de Martin Baumer d'Outre-mer 1ère :


Prise de conscience même si "la situation reste catastrophique"

Ces dernières années, plusieurs chantiers ont été menés pour améliorer les conditions de détention Outre-mer. "Il y a eu des moyens engagés prioritairement sur l'Outre-mer par la ministre de la Justice Christiane Taubira", explique François Bès pour qui "la prise de conscience est réelle". "Des efforts sont faits. Il y a 7-8 ans, tout le monde s'en fichait au niveau national. Maintenant, il y a eu une prise de conscience, mais le retard est tel que la situation reste un peu catastrophique pour les détenus et cela est général à tout l'Outre-mer", poursuit François Bès.

L'homme regrette également le manque de moyens et de mesures alternatives à la prison. "Du coup, on se retrouve avec un phénomène d'engorgement permanent des centres pénitentiaires alors que beaucoup de condamnés pourraient purger leur peine avec un accompagnement dans la réinsertion", déplore-t-il.