"Nikel", ville-usine polaire aux antipodes de la Nouvelle-Calédonie

Nikel, la ville-usine polaire de Russie, à la frontière norvégienne.
En 2002, le russe Norilsk, second producteur mondial de nickel, abandonnait un projet de 800 millions en Nouvelle-Calédonie. L'investissement n'apparaissait plus nécessaire en raison des énormes réserves en minerais de la Sibérie. Aujourd'hui, c'est Nikel, une ville-usine qui attire l'attention.
"Nikel" est née dans les années vingt. La ville prit simplement le nom du minerai qui allait assurer son existence. A l'origine, c'était une ville champignon, une petite localité finlandaise adossée aux énormes réserves minérales de la région. La Compagnie Minière Finlandaise du Nickel de Petsamo, qui en était propriétaire, n'existe plus. En 1940, la Finlande a du céder la région à l'Union Soviétique de Staline. Le contrôle des mines de la région par l'URSS était l'un des objectifs de sa "guerre d'hiver" contre son courageux voisin. Malgré la résistance héroïque des Finlandais, les mines et la péninsule de Kola furent annexés. La ville de Nikel fut "soviétisée", elle passa sous le giron d'un combinat qui donnera naissance plus tard à Norilsk.
 

L'autre usine du Nord

La péninsule de Kola est une région glaciale l'hiver et infestée de moustiques l'été. Nikel est une ville industrielle et sans charme, avec ses rangées d'immeubles gris "à la soviétique".  Les mines à ciel ouvert s'étendent jusqu’à la frontière norvégienne tout proche : "Ce n'est vraiment pas un endroit plaisant à voir. Je parle du site industriel et des mines. Le producteur Norilsk a une culture du secret, il ne fait pas visiter facilement son usine. En revanche, il est facile de venir dans la ville de Nikel. Un accord permet aux Norvégiens et aux Russes de circuler librement dans une bande de 40 kilomètres de part et d'autre de la frontière" souligne Thomas Nielsen. Le journaliste du Barents Observer à Kirkenes, la ville frontière norvégienne, s'est rendu une bonne dizaine de fois sur le site industriel voisin. En voiture, il faut moins de 20 minutes pour rejoindre Nikel. La ville compte près de 16.000 habitants, la paysage est monotone, triste, fait de rangées d'immeubles qui dominent la grande usine métallurgique.

Les hangars et les trois cheminées géantes se trouvent en contrebas, pas loin du centre et de la route principale qui continue vers le port de Mourmansk. Sur place, Norilsk produit des concentrés, des mattes de nickel dans son "usine du Nord" comme les habitants l'appellent. Nikel est sans doute le site industriel le plus proche du cercle polaire. Ici, pas de normes anti-pollution comme en Nouvelle-Calédonie, pas ou peu de filtres au sommet des cheminées d'usine : "Les vents mauvais qui soufflent vers la Norvège nous apportent une pollution très importante et diffuse. L'usine de Norilsk à Nikel se trouve à moins de 30 kilomètres de la frontière. Ici en Norvège, l'élevage des saumons, notamment, est interdit en raison des rejets de dioxyde de soufre et de poussières de nickel" précise Thomas Nielsen. Et Norilsk a décidé d'augmenter la production de mattes de nickel à… Nikel
 

Destination Mourmansk via Nikel pour le minerai de Sibérie

Norilsk est le second producteur mondial de nickel. Selon Reuters, Il va bientôt augmenter la production de ses usines métallurgiques dans la péninsule de Kola, au nord-ouest de la Russie. Auparavant, la rénovation des installations du port stratégique de Mourmansk sera achevée fin 2016. Le seul port libre de glace de la Russie du Nord aura une capacité d'exportation d'un million et demi de tonnes. En amont, Norilsk vient de terminer la rénovation de la liaison ferroviaire qui permettra d'acheminer de grandes quantités de minerais depuis la Sibérie. Kola GMK, la filiale régionale de Norilsk dans le "triangle de Mourmansk", va donc monter en puissance. Elle produit déjà 106.000 tonnes de nickel raffiné. La filiale du géant Russe possède des installations minières et métallurgiques dans les villes de Monchegorsk, de Zapolyamy près de la Finlande et bien-sûr dans la ville-usine de Nikel. La dévaluation du rouble n'a pas eu que des effets négatifs, car le nickel est payé en dollars, et Norilsk bénéficie de l'effet de changes.