"Les Outre-mer doivent regarder en face la haine homophobe", selon la Fédération Total Respect

Photo prise durant la Gay Pride de Paris en 2015.
La Fédération Total Respect, qui rassemble de nombreux gays et lesbiennes ultramarins, a demandé un rendez-vous à la ministre George Pau-Langevin pour évoquer la question des actes homophobes en Outre-mer et la mise en œuvre de mesures de prévention spécifiques. 
Au début du mois de janvier, en Guadeloupe, un jeune homme d'une vingtaine d'années était séquestré et torturé pendant plusieurs jours par cinq personnes, notamment en raison de son homosexualité. Par ailleurs, ces dernières années en Martinique, deux militants homosexuels ont été assassinés à cause de leur orientation sexuelle, rappelle la Fédération Total Respect.
 
Cette organisation, créée en 2004, rassemble « des personnes lesbiennes, gay, bi et transsexuelles afro-descendantes, africaines ainsi que leurs proches », précise son porte-parole, David Auerbach Chiffrin, contacté par La1ere.fr. Total Respect regroupe ainsi une quinzaine d’associations membres réparties dans l’Hexagone et dans tous les territoires d’Outre-mer, sauf la Polynésie et Wallis et Futuna. Dans un communiqué diffusé jeudi soir, la Fédération appelle les Outre-mer à « regarder en face la haine homophobe », et indique avoir « demandé un rendez-vous au ministère des Outre-mer afin d’évoquer les politiques publiques à mettre en œuvre pour prévenir de tels drames ». 
 

"Tabou et omerta" 

« La haine homophobe est partout. Mais c’est souvent plus difficile Outre-mer parce qu’il est mal vu ne serait-ce que de parler d’homophobie et d’orientation sexuelle » déplore David Auerbach Chiffrin. « Il y a un tabou et une omerta, non seulement sur les pratiques mais également sur les discours. En réalité les pratiques sont très libres, mais les discours sont extrêmement contraints. Nos adhérents reçoivent régulièrement des menaces de mort qui nous paraissent parfaitement crédibles du fait que deux homosexuels sont décédés dans des circonstances tout à fait tragiques ces dernières années en Martinique. »

La haine homophobe est partout. Mais c’est souvent plus difficile Outre-mer parce qu’il est mal vu ne serait-ce que de parler d’homophobie et d’orientation sexuelle. » (David Auerbach Chiffrin)

 







D’où la démarche auprès de la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin, qui sera précédée d’une réunion de préparation de la Fédération, samedi 13 février à Paris. « Nous l’avons déjà vue régulièrement, elle ne nous a jamais fermé sa porte et elle est extrêmement mobilisée sur ces questions-là », souligne David Auerbach Chiffrin.
 
« Nous avons souhaité être reçus pour parler spécifiquement des actes homophobes en Guadeloupe parce qu’il y a eu actes de torture. Ce ne sont plus seulement des agressions, des insultes, mais il y a quelque chose de supérieur dans l’expression de la haine que nous dénonçons. Nous voulons voir ce qu’on fait maintenant. Il y a une action spécifique et urgente à mener pour prévenir la répétition de tels actes. Nous voulons la mise en œuvre de politiques publiques contre les homophobies et notamment en Outre-mer. Dans l’urgence il y a des mesures à mettre en place, peut-être principalement des mesures de communication spécifiques, intelligemment adaptées à nos compatriotes ultramarins, parallèlement à d’autres démarches », conclut le porte-parole de Total Respect.