En 2014, la ministre des Outre-mer s’était engagée à créer une commission nationale sur les enfants réunionnais de la Creuse. Cette commission se réunit pour la première fois aujourd’hui. La1ere.fr a interrogé son président.
125 voix pour, 14 contre, le 18 févier 2014 à l’Assemblée nationale, une résolution sur les Réunionnais de la Creuse était adoptée. Environ 1 615 enfants réunionnais ont été exilés de La Réunion entre 1963 et 1982 vers des départements peu peuplés tels que la Creuse, le Tarn, le Gers, le Cantal et la Lozère. Deux ans après cette résolution, la ministre des Outre-mer rend public la création d’une commission sur ce passé douloureux.
Le président de cette commission, Philippe Vitale, sociologue à l'université d'Aix-en-Provence, a accordé un entretien à La1ere.fr :
La1ere.fr : Comment vous êtes vous intéressé à cette histoire des enfants réunionnais exilés dans la Creuse et d’ailleurs ?
Philippe Vitale : C’est un peu un hasard. En 1999, je me trouvais dans un festival de musique dans la Creuse. J’ai rencontré des Réunionnais. Et là autour d’un verre, ils m’ont raconté leurs histoires. Je n’avais jamais entendu parler de cette affaire. Je me suis ensuite renseigné et nous avons lancé une étude.
Ce n’est seulement qu’en 2000, quand Jean-Jacques Martial a lancé un procès contre l’Etat français, réclamant 1 milliard d’euros d’indemnité que l’exil des enfants réunionnais de la Creuse a commencé à se savoir. Cette histoire était totalement méconnue. De fil en aiguille, j’ai retrouvé des informations deci delà. Avec Corinne Spagnoli, on a bossé pendant quatre ans avant de publier "Tristes tropiques de la Creuse". Ce livre n’a fait plaisir à personne, ce qui est un gage se sérieux, je pense.
Vous présidez cette commission qui se réunit pour la première fois aujourd’hui. Qu’attendez-vous de cette instance ?
Durant notre travail de recherche, le procès de Jean-Jacques Martial a eu pour effet de "bloquer" l’accès aux archives. J’espère qu’avec cette commission, nous pourrons de nouveau avoir accès à ces documents qui intéressent les Réunionnais de la Creuse. Certains d’entre eux n’ont toujours pas retrouvé leurs noms de famille.
Par ailleurs, il faut penser à la question des réparations. Ca n’est pas dans l’air du temps. A chaque fois que François Hollande est interpellé sur les réparations liées à l’esclavage, il cite Aimé Césaire et son "impossible réparation". C’est une question qu’il faut creuser. Moi je présiderai cette commission avec modestie. Je pense qu’il faut étudier des cas similaires comme par exemple les enfants volés des Aborigènes d’Australie ou les enfants volés de Manchester, d’Espagne ou du Chili.
Comment procéder ?
L’erreur, c’est de croire que les Réunionnais de la Creuse constitue un groupe homogène. Ils n’ont pas tous les mêmes revendications. Moi, j’écouterai tout le monde et je ne jugerai personne. Certains comme Le cercle des Amitiés créoles de la Creuse, par exemple, estime qu’il faut tourner la page.
La ministre de l’Outre-mer est venue l’an dernier à Aix-en-Provence à l’hommage organisé en mémoire de l’historien Sudel Fuma (co-auteur du documentaire, "une enfance en exil"). Elle s’est engagée à ce moment-là en faveur de la création de cette commission. Nous avons plusieurs objectifs : revenir sur ce qui s’est passé à la lecture des archives, diffuser cette histoire dans les manuels scolaires et aider à l’accès aux dossiers. Pour moi, expliquer ce n’est pas juger. Ca va être compliqué, mais si l’on peut servir à quelque chose, c’est tant mieux.
-Philippe Vitale, sociologue, professeur à l’Université d’Aix-en-Provence
-Prosper Eve, historien originaire de La Réunion
-Wilfrid Bertile, géographe et ancien député de La Réunion
-Gilles Gauvin, historien à La Réunion, auteur d’une thèse sur Michel Debré
-Michel Verneray, retraité de l'IGAS
Le président de cette commission, Philippe Vitale, sociologue à l'université d'Aix-en-Provence, a accordé un entretien à La1ere.fr :
La1ere.fr : Comment vous êtes vous intéressé à cette histoire des enfants réunionnais exilés dans la Creuse et d’ailleurs ?
Philippe Vitale : C’est un peu un hasard. En 1999, je me trouvais dans un festival de musique dans la Creuse. J’ai rencontré des Réunionnais. Et là autour d’un verre, ils m’ont raconté leurs histoires. Je n’avais jamais entendu parler de cette affaire. Je me suis ensuite renseigné et nous avons lancé une étude.
Ce n’est seulement qu’en 2000, quand Jean-Jacques Martial a lancé un procès contre l’Etat français, réclamant 1 milliard d’euros d’indemnité que l’exil des enfants réunionnais de la Creuse a commencé à se savoir. Cette histoire était totalement méconnue. De fil en aiguille, j’ai retrouvé des informations deci delà. Avec Corinne Spagnoli, on a bossé pendant quatre ans avant de publier "Tristes tropiques de la Creuse". Ce livre n’a fait plaisir à personne, ce qui est un gage se sérieux, je pense.
Vous présidez cette commission qui se réunit pour la première fois aujourd’hui. Qu’attendez-vous de cette instance ?
Durant notre travail de recherche, le procès de Jean-Jacques Martial a eu pour effet de "bloquer" l’accès aux archives. J’espère qu’avec cette commission, nous pourrons de nouveau avoir accès à ces documents qui intéressent les Réunionnais de la Creuse. Certains d’entre eux n’ont toujours pas retrouvé leurs noms de famille.
Par ailleurs, il faut penser à la question des réparations. Ca n’est pas dans l’air du temps. A chaque fois que François Hollande est interpellé sur les réparations liées à l’esclavage, il cite Aimé Césaire et son "impossible réparation". C’est une question qu’il faut creuser. Moi je présiderai cette commission avec modestie. Je pense qu’il faut étudier des cas similaires comme par exemple les enfants volés des Aborigènes d’Australie ou les enfants volés de Manchester, d’Espagne ou du Chili.
Comment procéder ?
L’erreur, c’est de croire que les Réunionnais de la Creuse constitue un groupe homogène. Ils n’ont pas tous les mêmes revendications. Moi, j’écouterai tout le monde et je ne jugerai personne. Certains comme Le cercle des Amitiés créoles de la Creuse, par exemple, estime qu’il faut tourner la page.
La ministre de l’Outre-mer est venue l’an dernier à Aix-en-Provence à l’hommage organisé en mémoire de l’historien Sudel Fuma (co-auteur du documentaire, "une enfance en exil"). Elle s’est engagée à ce moment-là en faveur de la création de cette commission. Nous avons plusieurs objectifs : revenir sur ce qui s’est passé à la lecture des archives, diffuser cette histoire dans les manuels scolaires et aider à l’accès aux dossiers. Pour moi, expliquer ce n’est pas juger. Ca va être compliqué, mais si l’on peut servir à quelque chose, c’est tant mieux.
Composition de la commision des Enfants de la Creuse
-Philippe Vitale, sociologue, professeur à l’Université d’Aix-en-Provence
-Prosper Eve, historien originaire de La Réunion
-Wilfrid Bertile, géographe et ancien député de La Réunion
-Gilles Gauvin, historien à La Réunion, auteur d’une thèse sur Michel Debré
-Michel Verneray, retraité de l'IGAS