À la veille de la 103e édition du Congrès des maires de France, les édiles ultramarins dénoncent l'absence de l'État durant la crise sanitaire

La 103e édition du congrès de l'association des maires de France est précédée par une journée d'échange consacrée aux maires ultramarins.
Après une édition annulée en 2020 à cause de la crise sanitaire, les maires peuvent à nouveau se réunir lors de leur congrès annuel du 16 au 18 novembre. La 103ᵉ édition est précédée par une journée, lundi 15 novembre, consacrée aux élus ultramarins.

L'ordre du jour est largement consacré à la gestion de la pandémie lors de cette 103e édition du Congrès des maires. L’occasion pour les édiles, des différents territoires ultramarins d’échanger sur une année inédite de leur mandature. Beaucoup s’accordent sur un point : le manque de soutien de l’État au début de la crise sanitaire. "L’État n’a pas donné un sous pour les communes de Polynésie. Il n’a pas accompagné les élus dans la crise. Aujourd’hui, je demande au pouvoir qu’il puisse aider les communes de Polynésie française. Je demande à ce qu’on bénéficie des prêts pour les projets d’investissements : sur la fourniture de l’eau potable, le traitement des déchets et la gestion des eaux usées", appelle Cyril Tetuanui, maire de Tumaraa, en Polynésie, au micro de Thierry Belmont.

   
Un constat partagé par Sophie Charles, maire de Saint-Laurent du Maroni en Guyane : "Au début, nous étions très seuls", raconte-t-elle au micro de Sophie Vingadassalom. La Guyane est un territoire très grand et disparate et sur notre zone, nous n'avions pas de cellule de crise. Pendant les premiers mois, nous n'avions pas beaucoup d'informations." D'autant plus difficile que c'est dans cette commune que les premiers cas de Covid en Guyane se sont déclarés. Sophie Charles dit s'être sentie très isolée et dans l'incapacité de trouver des solutions pour protéger sa population, notamment au niveau des masques, où elle a dû se reposer sur la solidarité de "mamans couturières" dans sa commune pour en fabriquer. 

La double peine des petites îles

"Les communes ont dû intervenir sur leurs deniers" pendant la crise sanitaire, abonde Simplicio Lissant, maire de Punaauia. Une dépense supplémentaire pour nos collectivités. Aujourd’hui on demande une prise en charge des dépenses que nous avons initiées." Mais il tempère : "on a eu le remboursement d’une partie [des dépenses]. On a quand même eu un renfort d’équipes de pompiers." 

Yannick Cambray, maire de Saint-Pierre dans l'archipel du nord de l'Atlantique, salue lui la "parfaite coordination" avec l'État. "Les mesures ont été adaptées et l'intérêt principal était de protéger la population", explique-t-il, ajoutant que la décision de refermer l'archipel "sur [lui]-même" a été la bonne. 

Mais pour les territoires éloignés issus des petites îles de Polynésie, les difficultés ont été plus complexes. L'isolement a été accru à cause de la double insularité. Le maire de Gambier a redoublé d’énergie au quotidien pour rassurer ses concitoyens. "L’archipel se situe à 1 700 km de Tahiti. Quand il y a eu la crise, beaucoup de familles ont perdu leurs emplois. Nous avons commandé de la nourriture et attendu environ trois semaines être livrés. Nous étions seuls avec mon équipe face à la crise. Nous avons géré la question des aides financières pour les familles, le confinement…"  Alors, l’édile attend beaucoup de cet événement.

Il est important de savoir quelle est la position de l'État envers les communes, car il nous a abandonné. On veut savoir s’il est prêt à nous aider.

Vai Gooding, maire de Gambier en Polynésie

 

Les maires en première ligne de la souffrance

Au-delà du sentiment d'abandon, que certains maires disent ne pas avoir ressenti de la part de l'État, tous partagent la même peine d'avoir vu leurs populations frappées de plein fouet par la crise sanitaire : 

Qu'est-ce que vous pouvez dire à une famille quand vous allez pour la quatrième fois en quinze jours constater que des gens que vous connaissez, voire même que vous aimez, partent comme ça ? On est impuissants. On ne sait plus quoi dire. 

Jocelyn Sapotille, maire du Lamentin en Guadeloupe


L'édile guadeloupéen s'inquiète également de la division de la population au cœur de la crise, notamment autour du vaccin. Ce que dénonce aussi Madi Madi Souf, maire de Pamandzi et président de l'association des maires de Mayotte, qui déplore que tout le dispositif de vaccination contre le Covid-19 ait été concentré à Mamoudzou, le chef-lieu, au début de la campagne. "Une personne qui venait du Nord devait se réveiller à 4h du matin pour aller au centre de vaccination et elle n'était pas sûre d'être vaccinée parce qu'il n'y avait pas assez de doses.

À l'issue de cette journée consacrée aux Outre-mer, beaucoup d’élus abordent désormais la question de la relance économique comme objectif pour sortir de cette crise. Dès demain 16 novembre, ils retrouveront l’ensemble de leurs confrères de l’Hexagone pour trois jours de congrès.