En Bretagne, il a d'abord été connu comme capitaine vedette de l'équipe de volley. Mais Gérald Hardy-Dessources avait un plan. Soigner les autres. Si l'international martiniquais est resté à Rennes, il ne joue plus. Le diplômé a intégré une autre équipe. Le voici pro en kinésithérapie.
137 sélections sous le maillot bleu. Trois titres de champion de France. Quatre Coupes nationales. Une Ligue des champions. Telles sont les grandes lignes du palmarès du volleyeur Gérald Hardy-Dessources. Ces chiffres donnent un peu le tournis. Le central martiniquais a eu une riche carrière. Sans jamais prendre la grosse tête. Sans regret non plus à l'heure de la retraite sportive. C'était en 2018. Gérald avait 35 ans. Physiquement toujours au top. Juste désireux de passer à autre chose.
Car Gérald Hardy-Dessources a mûrement réfléchi sa décision. Il l'avait même anticipée depuis des lustres : "Je suis venu jouer à Rennes en 2014 pour cette raison, reconnaît-il. Mener un double projet : volley de haut-niveau et école de kiné." Lorsqu'il fait ses adieux sportifs en 2018, une dernière année d'études l'attend. La quatrième. Gérald est confiant. Heureux. "Je n'ai éprouvé aucun manque en arrêtant le volley. Il fallait bien tourner la page un jour ou l'autre. Et ce nouveau métier de kiné m'excitait vraiment. Je suis un peu têtu. Je savais que j'irais jusqu'au bout."
Kiné, une profession toujours centrale
Septembre 2019. Deux mois après avoir obtenu son diplôme, Gérald Hardy-Dessources fait ses grands débuts. À Rennes. Dans un cabinet qui compte six kinés expérimentés. "Nous sommes très orientés sur le sport. Il y a d'ailleurs ici de nombreux appareils de musculation. Le cabinet est situé tout près de la gare. Comme j'habite aussi en centre-ville, je peux tout faire à vélo. Un grand bonheur de vie. À l'extérieur, je travaille avec le club de volley de Rennes qui est tombé en troisième division. C'est passionnant. Pratiquer mon nouveau métier dans un sport que je connais plutôt bien…"
Un nouveau métier. Et un apprentissage qui continue. Encore et encore. Car Gérald veut s'ouvrir à différentes spécialités. "Joueur en équipe de France, je posais déjà beaucoup de questions aux kinés. J'étais curieux de leurs méthodes." Le Martiniquais vient ainsi de faire un stage de kiné respiratoire durant six semaines auprès de Sophie Jacques, une référence dans le domaine. Découverte enrichissante. L'ancien joueur rêve de pouvoir évoluer à plusieurs postes. Quitte pourquoi pas, à devenir un jour… kiné-ostéopathe. "Je suis convaincu qu'une forme de médecine préventive est la meilleure solution. Plus j'aurai de cordes à mon arc et plus je pourrai agir en amont. Donc oui, à moyen terme, une formation complémentaire en ostéopathie devrait m'intéresser."
Gérald se souviendra longtemps de cette première année en tant que kinésithérapeute diplômé. Six mois seulement après ses débuts, la Covid-19 l'obligeait à suspendre son activité. "Dès le début de la pandémie, nous avons pris la décision de fermer le cabinet. Nous avons tous des enfants. En mai 2020, nous avons repris à mi-temps. Alors qu'il y avait déjà beaucoup de demandes. Et à partir de juin, l'activité est revenue à la normale."
Gérald et le volley en 2021
Retiré des terrains depuis bientôt trois ans, l'ancien central des Bleus conserve un regard affuté sur son sport. S'il ne veut pas nier les difficultés financières de certains clubs français, le coronavirus a aussi eu des effets positifs. "En Ligue A, des équipes ont pu recruter des joueurs argentins ou brésiliens qu'elles n'auraient pas pu se payer en temps normal. C'est une conséquence de la crise économique mondiale." Sauf que la belle médaille a aussi son revers. "En faisant venir tous ces étrangers, il y a moins de places pour les jeunes français. Or, pour que nos jeunes progressent, il faut qu'ils puissent jouer."
Quant à l'équipe tricolore qui lui a laissé tellement de bons souvenirs, il la regarde aujourd'hui avec admiration : "Ce qu'ils font est fantastique. La génération actuelle me bluffe. Ngapeth, Leroux, Patry, Boyer… Tout cela augure de belles années à venir pour l'équipe de France. J'espère ensuite que nous parviendrons à surfer sur leurs succès au niveau national. Il sera important de savoir en profiter."
Dès que Gérald Hardy-Dessources se met à parler de volley, la passion revient. Immédiatement. Ses yeux pétillent. À se demander pourquoi le Martiniquais n'a jamais envisagé une reconversion dans son sport. "J'y ai pensé, figurez-vous. Sauf que je ne me voyais pas repartir sur des déplacements permanents. Être mobilisé tous les week-ends. Sans vraies vacances, l'été. Merci. J'avais donné. Maintenant en étant kiné, vous pouvez très facilement revenir dans le circuit. C'est une porte entrouverte. Allez savoir…"
Le Martiniquais s'est nourri des autres
Gérald ne vous dira jamais qu'il ne doit sa réussite qu'à lui-même. Son parcours a été jalonné de rencontres. Heureuses. Ainsi naissent les passions. "Si j'ai eu envie de faire ce métier, c'est parce que j'ai connu de super kinés notamment en équipe de France et quand je jouais à Tours." Aujourd'hui, il continue à apprendre auprès de ses collègues qui sont plus chevronnés. Et n'hésite pas à échanger avec Greg, un confrère suivi par plus de 350 000 abonnés sur Instagram. "J'aime beaucoup la démarche de Greg alias Major Mouvement. C'est à la fois instructif, sérieux et ludique. Depuis cinq ans, Greg contribue à démocratiser notre métier."
Et qui fut à l'origine de sa passion pour le volley ? Jean-Claude, son père. Sans le moindre doute possible. "Mon père a toujours vécu pour ce sport. Dans les années 80, il avait carrément pris une année sabbatique pour aller jouer en première division à la VGA St Maur. Dans les années 90, il a aussi importé le beach-volley aux Antilles. C'était énorme." Depuis la Martinique, papa Jean-Claude a vu le fiston briller en équipe de France. Un papa fier. Forcément. "Je confirme. Même si j'aurais aimé qu'il puisse venir me voir plus souvent. Il est tellement dingue de volley… Quand je jouais à Cannes, il préférait venir assister aux entraînements, plutôt que d'aller profiter de la Côte d'Azur !"
AusSi apprécié au @RennesVolley35 qu'au @ToursVolleyBall Gerald Hardy-Dessources 👏🏻😊 #passion #Volleyball #ligueA #volley #sports pic.twitter.com/SeqxU5mqzl
— ✨Laureen Puga✨ (@Pugalaureen) January 14, 2018
La passion des Hardy-Dessources pour le sport ne risque pas de s'éteindre de sitôt puisque Gérald a deux garçons. Deux jumeaux de quinze ans : Lohann et Lucas. Le premier pratique le volley. Le second préfère le foot. Sur le bord du terrain, l'ancien international se contente d'encourager. "Tous les deux ont de très bons entraîneurs. Je ne me permettrais pas de faire le moindre commentaire. Ce n'est pas mon rôle. Même si le soir, je ne peux pas m'empêcher d'essayer de donner des conseils. J'ai quand même une certaine vision du sport. Le goût du beau geste. Le plus fou, c'est que Lohann et Lucas m'écoutent calmement. Alors qu'à leur âge, rigole le Martiniquais, j'aurais sûrement été très énervé d'entendre ce genre de discours..."