"À terme, il n'y aura plus d'assureurs dans les Outre-mer" : Generali va demander à l'État de rembourser les indemnités versées à ses assurés après les émeutes en Nouvelle-Calédonie

Voiture calcinée en Nouvelle-Calédonie alors que des violentes émeutes secouent le territoire depuis le 13 mai 2024
L'entreprise déposera des recours au civil estimant que "le maintien de l'ordre n'est pas de la responsabilité des assureurs". L'assureur Allianz avait déjà évoqué la possibilité de poursuivre l'État français pour négligence l'été dernier.

Generali France déposera des recours au civil contre l'État pour demander à être remboursée des sommes versées aux assurés touchés par les émeutes en Nouvelle-Calédonie, a indiqué lundi à l'AFP son président Jean-Laurent Granier. "Le cas de la Nouvelle-Calédonie est extrêmement préoccupant", avec des dégâts estimés à 2,2 milliards d'euros. Chez Generali, "il nous est resté 50 millions à notre charge", a déclaré M. Granier. Après avoir remboursé les assurés, le patron France de Generali indique donc que son entreprise "déposera des recours contre l'État pour lui demander des remboursements".

L'assureur Allianz, qui a 260 millions d'euros de dommages à rembourser sur l'archipel, avait déjà évoqué cet été la possibilité de poursuivre l'État français pour négligence, en compagnie d'autres assureurs, estimant que certains dégâts avaient eu lieu dans des endroits que l'État (police, armée, services santé, pompiers...) avait désertés.

Le maintien de l'ordre, ce n'est pas la responsabilité des assureurs, mais de l'État.

Jean-Laurent Granier, président de Generali France.

Un précédent à La Réunion

Jean-Laurent Granier indique que c'est une pratique courante qui "fait partie de l'arsenal du droit" et que l'assureur avait déjà engagé ce genre de procédures après des émeutes à La Réunion. "On s'est retourné contre l'État et on a gagné. Là, on a fait savoir qu'on espérait que lorsque les recours étaient de bonne foi, il n'y aurait pas de blocage de l'État", a-t-il précisé.

Mais l'assureur va plus loin et questionne la présence des assureurs dans les territoires ultramarins qui connaissent déjà une forte sinistralité en raison des évènements climatiques. D'autant que les réassureurs, qui assurent les risques des assureurs, ont exprimé récemment leur inquiétude devant la montée des troubles sociaux et des émeutes dans le monde. "Pour qu'il y ait des assureurs, il faut qu'il y ait des réassureurs", mais en raison des émeutes récentes en France "aujourd'hui les réassureurs mettent la France au même niveau de risque que l'Afrique du Sud ou le Nigeria", affirme M. Granier.

"On est est heureux de faire notre métier dès lors qu'il est possible de le faire", mais "il faut que l'État trouve des solutions ou, à terme, il n'y aura plus d'assureurs dans les Outre-mer. En Nouvelle-Calédonie, les deux assureurs les plus présents sont l'Allemand Allianz et l'Italien Generali. Si l'État ne fait pas son travail, les actionnaires vont dire: 'On s'en va'. Vous n'aurez plus qu'à créer une assurance d'État", a-t-il insisté.