Aimé Césaire : dans le XIIIe arrondissement, il était l'illustre voisin [#ParisCesaire]

Dans l'immeuble du 13è arrondissement où il a vécu, on se souvient d'Aimé Césaire, 10 ans après sa mort
Lorsqu'il était député, Aimé Césaire occupait un appartement au 8 rue Albert Bayet dans le XIIIe arrondissement de Paris. Une plaque est installée à l’entrée de la résidence où a vécu le poète. Et l'une de ses voisines se souvient avec émotion de cet illustre voisin. 

Le nom de Césaire n’évoque que peu de souvenirs dans ce quartier parisien proche de la place d’Italie qui comme à son habitude grouille de monde. "Je ne le connais pas... C’est un rappeur ?" se hasarde un jeune d’une vingtaine d’années venu faire ses courses dans une épicerie située à l’intérieur même de la résidence où a vécu le Pointois.


Une plaque commémorative

Francis, lui connaît en partie l’histoire d’Aimé Césaire mais il ignorait qu’il avait vécu ici, pas si loin de chez lui. "Je le connais, c’est un poète. Il a vécu à Fort-de-France pendant très longtemps. Il est mort très âgé, mais je ne savais pas qu’il avait habité dans cette résidence", confie le septuagénaire qui emprunte pourtant régulièrement la rue Albert Bayet. Après quelques indications, surpris, il finit par apercevoir la plaque dédiée au Martiniquais.


La plaque est posée sur la clôture d’une très grande résidence : "Ici vécut Aimé Césaire député de la Martinique poète écrivain de 1945 à 1993". Elle a été inaugurée en grande pompe en 2013, mais comporterait une erreur car en réalité Aimé Césaire n’y aurait pris ses quartiers que dans les années 80, alors qu’il était député-maire de Fort-de-France.

Ses proches voisins se souviennent

Si pour une grande partie des badauds, le passage d’Aimé Césaire dans ce lieu est passé inaperçu, son souvenir reste vivace chez une poignée de résidents qui l’ont côtoyé. C'est le cas de sa voisine du dessus, Pierrette Lombes, une petite dame de 91 ans.


Elle se rappelle de sa première rencontre avec lui. "Sachant qu’il était dans l’immeuble, je lui ai demandé de me dédicacer un de ses livres que j’avais déjà lu". C’était en novembre 1987. Une dédicace qu’elle montre avec fierté, comme une groupie qui brandit l’autographe de son idole. "Tous les gens qui me connaissent, pendant longtemps, plaisantait en disant  : Aimé Césaire c’est ton dieu. C’était une figure prégnante dans ma vie", raconte celle qui a croisé Aimé Césaire dans l’ascenseur, dans les escaliers ou les allées de la résidence.

Les enfants de Pierrette, conscients de cet attachement, lui ont offert pour son quatre-vingtième anniversaire un voyage en Martinique pour rendre visite à Aimé Césaire. Avec ses yeux pétillants et son sourire tendre, elle n’hésite pas à montrer la photo de sa dernière rencontre avec le poète. "Il m’a reçu dans son bureau à l'ancienne mairie de Fort-de-France". Écoutez le témoignage de Pierrette Lombes :

Césaire, toujours là

Pour Pierrette la figure d’Aimé Césaire n’a jamais vraiment disparue. "Lors de la pose de la plaque, j’ai fait un petit discours, j’ai évoqué sa présence et j’ai terminé en disant : et maintenant, avec la plaque vous êtes revenus parmi nous".

Aujourd’hui, en dépit de son âge avancé, Pierrette milite encore pour que l’œuvre du Martiniquais soit davantage connue. Elle qui partage avec lui ses combats contre le racisme et le colonialisme.