Air Austral : l'État demande à la compagnie aérienne surendettée de repenser complètement son activité

Un appareil de la compagnie Air Austral.
Une réunion a eu lieu au ministère des Outre-mer mardi 19 mars pour discuter de la situation financière de l'entreprise réunionnaise, en grande difficulté depuis la crise du Covid-19. Le gouvernement demande à l'entreprise de lui présenter un plan de retournement solide d'ici fin avril.

L'État met la pression sur Air Austral. La compagnie aérienne réunionnaise, qui dessert plusieurs îles de l'océan Indien et relie l'Hexagone à La Réunion et à Mayotte, doit complètement revoir son activité pour redevenir viable, a exigé le gouvernement mardi 19 mars, au sortir d'une réunion entre la ministre chargée des Outre-mer, le ministre des Transports et le ministre de l'Industrie.

Air Austral, qui emploie près de 800 personnes, croule sous la dette depuis la crise du Covid-19, qui a mis à l'arrêt le trafic aérien. À l'époque, la société a cumulé 300 millions d'euros de dette, dont une grande partie a par la suite été annulée par l'État. Mais elle n'a pas su se redresser depuis.

10 millions € attendus des actionnaires

Le 7 mars dernier, le conseil de surveillance de la compagnie aérienne avait validé un plan de restructuration présenté par la direction. Celui-ci prévoyait une réduction conséquente de la masse salariale (via notamment une baisse des salaires) et une reprogrammation des plans de vol afin de privilégier les lignes les plus rentables. 

Les actionnaires privés et publics (parmi lesquels la collectivité régionale) ont décidé d'investir 10 millions d'euros supplémentaires pour sortir la compagnie de l'eau. Ils espèrent dépasser les 1,2 million de passagers sur le prochain exercice fiscal qui commence en avril.

"Les efforts seront faits", a promis la présidente de la région Réunion, Huguette Bello, depuis Paris, où elle a participé à la réunion avec Marie Guévenoux (Outre-mer), Patrice Vergriete (Transports) et Roland Lescure (Industrie). Avec le Département, la collectivité régionale détient 44 % du capital de l'entreprise dirigée par Joseph Bréma.

Revoir l'activité de A à Z

Pourtant, le gouvernement juge que le plan présenté par la direction n'est pas suffisant pour redresser la compagnie. "L'État est dans une posture d'accompagnement qui sera exigeante vis-à-vis d'Air Austral", précise-t-on au sommet de l'État, après la réunion interministérielle. Il demande des efforts à toutes les parties prenantes.

Il ne faut pas oublier qu'il y a eu des erreurs qui ont été faites par nos prédécesseurs. (...) Ces difficultés, nous espérons les aplanir, parce que nous voulons aussi (...) rassurer les 850 personnes qui travaillent.

Huguette Bello, présidente de la région Réunion

Air Austral, une "compagnie importante" selon l'exécutif, devra donc présenter un plan de retournement solide sur trois ans d'ici fin avril, afin de donner une visibilité sur la viabilité de l'entreprise. Ce qui implique de revoir de A à Z son activité.