Alain Coat, aide-soignant à l'hôpital Saint-Antoine: "je suis un peu la tour de contrôle du service" [Portrait 5/5]

Alain Coat, aide soignant à l'hôpital Saint-Antoine à Paris
Alain Coat, originaire de Martinique, est aide-soignant depuis plus trente ans à l'hôpital Saint-Antoine à Paris. Depuis ses débuts, sa passion est restée intacte, même s'il reconnaît volontiers que l'hôpital a changé et pas forcément dans le bon sens. 
Ce matin, le réveil d'Alain a sonné à 5 heures. Dans moins de deux heures, il sera à l'hôpital saint-Antoine où l'attendront une dizaine de patients. "J'ai choisi de vivre à Marolles-en-Hurepoix à environ 45 km de Paris. C'est loin, mais quand je rentre chez moi, je suis à la campagne et ce confort de vie vaut largement ce petit sacrifice". 

Alain est aide-soignant au service de chirurgie orthopédique de l'hôpital saint-Antoine et parfois, lorsque les emploies du temps coïncide, il part avec sa compagne, Laura, infirmière dans le même service. 
©la1ere

Sa blouse enfilée, ce passionné de course à pied entame son marathon quotidien. Dans la salle d’attente, les premiers patients sont déjà là. "Mon travail consiste à les prendre en charge et à les orienter dans deux directions : en ambulatoire, pour une hospitalisation rapide d'environ deux à trois heures ou pour une hospitalisation plus longue dans le service de chirurgie orthopédique qui dispose de 50 lits."

Alain est en quelque sorte la tour de contrôle du service. Il est la seule personne du service à avoir une vue d'ensemble des patients qui entrent et sortent. Son casse-tête quotidien est d'orienter ses patients, de les faire attendre le moins possible et de veiller à ce que le service ne sature pas.

Cet exercice subtile, Alain le maîtrise parfaitement. Et lorsque ça coince quelque part, il trouve toujours la solution la plus adaptée pour satisfaire les patients et ne pas trop contrarier les médecins et les infirmières. 

Une machine qui exécute son travail

Alain Coat, aide soignant et Laura Rostagnat, infirmière à l'hôpital Saint-Antoine.

Au bout du couloir, Laura, sa compagne, est auprès de ces patients. Une infirmière pour 15 lits, c'est la règle. Comme Alain, la jeune infirmière aime son travail, mais reconnaît que la lassitude et le découragement prennent souvent le dessus.

Je ne peux pas m’occuper correctement de mes patients du moins comme j’aurais envie de le faire. Je suis amené à bâcler les choses par manque de temps. On est une machine qui exécute son travail et nous n'avons plus le temps pour échanger avec les patients. C'est frustrant.


L'hôpital a changé 

"L'hôpital a changé", affirme Alain."Depuis qu’au niveau du ministère ils ont décidé de gérer l’hôpital comme une entreprise notre relation avec les patients n'est plus la même.

Mes collègues ont beau avoir de la bonne volonté, aimer leur boulot, on ne le fait plus dans de bonnes conditions.  


Alain ne changera pas pour autant de travail. Il aime ce qu'il fait et reconnaît que son poste est moins exposé que ceux de ses collègues. A 28 ans, Laura s'interroge déjà sur son avenir. Si elle veut rester infirmière, elle n'est pas certaine de pouvoir continuer à travailler dans ces conditions toute sa vie.