Ali Bongo propose la nationalité gabonaise aux Afro-descendants

La Guadeloupéenne Marie-Evelyne Petrus-Barry, coordinatrice des programmes des Nations Unies au Gabon et le Gabonais Guy Rossatanga-Rignault, secrétaire général de la présidence.
Un colloque international sur la traite négrière s’est tenu mi-mai à Libreville au cours duquel le président Bongo a proposé d’accorder la nationalité aux afro-descendants qui en feraient la demande. Un "droit au retour" que commentent aujourd’hui des personnalités du Gabon.
La "Décennie des personnes d’ascendance africaine" (2014-2024) proclamée par l’ONU, a pour but de faire reconnaître les droits fondamentaux des peuples descendants d’Afrique. Un programme qu’il faut maintenant mettre en œuvre, même s’il n’a pas généré beaucoup de financements parce que les pays qui ont pratiqué la traite n’étaient pas forcément pour.
 

Reconnaissance, justice et développement

Et c’est Marie-Evelyne Petrus-Barry, coordinatrice des programmes des Nations Unies au Gabon depuis quatre ans, qui a impulsé ce premier rendez-vous. Avec le CICIBA, le Centre international des civilisations bantu basé à Libreville et le gouvernement, la Guadeloupéenne a organisé un colloque sur la traite négrière (17-19 mai 2017).

"Je travaille au Gabon, où il y a une petite communauté d’Afro-descendants francophones venue des Antilles françaises. Je me suis dit qu’on pouvait faire quelque chose ici car c'est un pays qui est très ouvert sur ces questions. Lors de ces rencontres ont a travaillé sur la reconnaissance des personnes d’ascendance africaine, la justice et tout ce qui concerne le développement, qui sont les trois thèmes de la décennie."
 

Partager les pratiques positives

Un évènement qui pourrait être de nouveau organisé l’an prochain au Gabon. Mais en prévision de ces rencontres internationales, il faut se mettre d’accord pour parler d’une seule voix selon Marie-Evelyne Petrus-Barry.

"Il faut organiser des réunions plus petites, pour que les territoires d’outre-mer puissent avoir une position commune par rapport à ces questions. Il y a des pays qui font des choses : la loi d’action affirmative au Brésil (Ndlr : qui favorise l’accès des classes populaires et de certains groupes ethniques aux universités fédérales), les bourses et la politique d’éducation en Colombie, d’autres bourses étudiantes provenant des banques américaines qui se sont enrichies avec le trafic d’être humains… Donc il faut qu’on arrive à avoir des positions communes, qu’on se rencontre. C’est ce que l’on a essayé de faire au colloque : d’ouvrir le dialogue avec l’Afrique. Les gens recherchent leurs racines. Mais il faut aussi qu’ils s’attachent à l’accès au droit des Afro-descendants."
 

Choix de la nationalité

En clôture de ces rencontres à Libreville, le président du Gabon a proposé d’accorder la nationalité gabonaise aux descendants d’esclaves qui le souhaitent. Guy Rossatanga-Rignault, le secrétaire général de la présidence, revient sur cette annonce : "Ali Bongo a pris la décision de faire en sorte que dans le cadre de la révision du code de la nationalité, des conditions particulières, des conditions beaucoup plus souples d’accès à la nationalité gabonaise, soient appliquées aux Afro-descendants. Nous estimons que par la vertu de l’exemple, le cas gabonais pourrait faire école sur l’ensemble du continent africain."

Pour Marie-Evelyne Petrus-Barry, les personnes d’ascendance africaine doivent pouvoir choisir : "Si l’Union africaine a créé une sixième région pour la diaspora, il faut qu’elle ait les moyens de sa politique et qu’elle s’investisse dans les droits des Afro-descendants dans les questions de mémoire et d’histoire. Il faut que toute personne qui le demande puisse obtenir la nationalité de son choix. L’Afrique doit s’investir car nous sommes les mêmes."

Poursuite des travaux à Libreville

Le compte-rendu du colloque est en cours de finalisation. Ses organisateurs espèrent pouvoir le diffuser le plus largement possible à travers le Monde, et les 300 millions de personnes (estimation) dont les ancêtres ont été déportés lors de la traite transatlantique. La création d’une chaire sur les civilisations créoles est à l’étude. Les travaux pourraient se poursuivre l’an prochain à Libreville, la citée fondée par des esclaves libérés d’un bateau négrier alors que la traite était interdite.