Aliénation(s), de Francoise Dô, du théâtre pour documenter le BUMIDOM

Françoise Dô présente "Aliénation(s)" au festival Passages à Metz.
Le BUMIDOM en film ou en BD, on connaissait. Au théâtre, moins. Avec Aliénation(s), la Martiniquaise Françoise Dô a choisi de présenter un travail relevant du théâtre documentaire, identitaire et inter-générationnel où elle incarne tous les personnages.
À Metz, Passages, un festival de théâtre comme trait d’union. Dans cette ville à l'histoire marquée par l’architecture allemande impériale, ce festival veut relier les mondes de la Syrie aux Caraïbes en passant par l'Irak et l'Éthiopie. Seule en scène, Françoise Dô, comédienne, y a présenté Aliénation(s), un texte qu’elle a écrit sur une relation mère-fille, traversée par le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer, ou Bumidom.
 

Le Bumidom dans la culture...

Ce programme, entre 1963 et 1981, a organisé la migration vers l’Hexagone de près de 260 000 personnes. Exil forcé ? Souffrance morale ? Déracinement ? Marque générationnelle ? Autant de questions évoquées dans des études ou des œuvres qui prennent pour objet ces 18 ans, soit l’espace d’une génération. Ainsi, le film de Jean-Claude Barny, Le Gang des Antillais (2016), le téléfilm de Christian Faure, Le Rêve français (2018) ou encore la bande dessinée Péyi An Nou, de Jessica Oublié et Marie-Ange Rousseau (2018).
 

...mais peu au théâtre

Cette fois, Françoise Dô transpose cette histoire transgénérationnelle sur une scène de théâtre. Elle interprète Sophia, une jeune martiniquaise ayant fini ses études à Paris. Lors d’une réunion familiale, elle découvre une partie de la vie de sa mère, avec qui elle avait une relation impersonnelle. De sa migration, à l’époque par l’intermédiaire du Bumidom, à son rapport aux hommes, tout résonne et fait écho à sa propre vie. Remonte alors à la surface son histoire trouble autant avec sa terre d’accueil qu’avec sa terre d’origine. 
 

Bon accueil

Françoise Dô a écrit cette pièce, l'a mise en scène et présentée une quinzaine de fois aux Antilles. À Metz, au festival Passages qui cette année programmait des compagnies des Caraïbes, de Guyane, d’Afrique et d’Irak, dont le point commun était les migrations, souvent forcées, c'est la première fois qu'Aliénation(s) était présentée dans l'Hexagone. La représentation d’Aliénation(s) que nous avons vue est encourageante mais perfectible. Le pari de Françoise Dô de jouer tous les rôles, des tantes à l’héroïne principale n’est pas encore abouti. Mais le public lui a réservé un très bon accueil.

Revoir le reportage à Metz, réalisé Christian Tortel, Denis Rousseau-Kaplan, Bernard Blondeel, Yasmina Kherfi et Valère Maison :
©la1ere