Sa médaille olympique d’argent au cou, Anne-Caroline Graffe envoie son bouquet de fleurs dans le public. Il atterrit directement dans les mains de sa maman Haamoura. Elle se dirige vers la sortie et entame avec grâce quelques mouvements de tamouré, la danse tahitienne. "Anne-Caro" offre à la Polynésie la première médaille olympique de son histoire pour sa première participation aux Jeux.
Elle s'est qualifiée pour la finale en s'imposant face la Cubaine Glenhis Hernandez. Elle l'a emporté sur le score de 6 à 4, grâce notamment à un coup de pied retourné qui a atteint le visage de son adversaire.
Au bout de la nuit, après 23h, elle se présente sur le tapis du centre de congrès de l’ExCeL London. Elle affronte la Serbe Milica Mandic dans la catégorie des + de 67kgs. Son adversaire domine l’entame du combat et place un coup à la tête. Anne Caroline se ressaisit et égalise 6-6. La Jeune femme donne son maximum. Mais elle se fait surprendre. La Serbe passe devant 8-7, l’entraîneur de l’Equipe de France demande la vidéo. Il reste 30 secondes.
Au terme d'un combat très serré et d'un suspense insoutenable, la jeune Tahitienne s'incline (9-7). Elle échoue d'un rien dans la quête de l'or olympique. La déception est immense.
Anne-Caroline a failli ne jamais fouler le tapis de Londres
La Tahitienne n'avait pas été initialement retenue pour les Jeux de Londres en janvier 2012. Elle devait assister à la compétition en simple spectatrice, quelques semaines auparavant. Le 13 juin, la cheffe de file de la catégorie en France et numéro 1 mondiale, Gwladys Epangue annonce son forfait pour les JO de Londres. La médaillée de bronze olympique (2008) et double championne du monde est forfait pour blessure médicale. Anne-Caroline remplace au pied levé Gwladys.
Championne du monde 2011 des plus de 73 kg, Anne-Caro rêvait d’or. "Je me devais aussi de viser l'or pour Gwladys. Cette médaille, c'est aussi un peu la sienne".
Itinéraire d'une combattante de Manu Ura de Paea au comité olympique de Paris 2024
À 11 ans, Anne-Caroline veut suivre les traces de son frère et ses cousins. Elle foule pour la première fois un tapis de Taekwondo au club Manu Ura de Paea. En 2002, elle est sacrée championne de France junior. Un an plus tard, l’adolescente quitte son fenua pour réaliser ses rêves. Elle prend la direction de l’hexagone. Son père Alexis, ancien boxeur attribue son départ de Tahiti à Jacques Chirac : "Quand Jacques Chirac est venu à Tahiti en 2003, il a invité les sportifs à manger. Elle lui a demandé des conseils, parce qu'elle voulait partir en métropole, mais elle ne savait pas comment faire. Un mois plus tard, elle recevait un appel de l'Insep, qui lui payait le billet, le logement, la nourriture et les entraînements ! Tout ça sur ordre de Jacques Chirac". L’adolescente intègre le pôle France d’Aix-en-Provence mais découragée par la charge des entraînements, s’éloigne des tatamis.
Deux saisons plus tard, motivée comme jamais, la native de Papeete revient plus forte. Elle s'entraîne à l'Insep sous la direction de Myriam Baverel, médaillée d’argent en 2004, aux JO d’Athènes. Dès sa première année, elle décroche le titre national. Durant cinq ans, elle truste les titres de championne de France. Elle enchaîne les médailles européennes, bronze en 2008 et argent en 2010. Puis elle décroche les couronnes mondiale et européenne avant l’argent olympique. Aux Championnats du monde elle gagne son combat en Corée du Sud, berceau du taekwondo, face à une Coréenne.
En 2013, elle obtient la médaille de bronze au championnat du monde au Mexique.
Depuis deux saisons, Anne-Caroline Graffe est entraîneure nationale. Le 26 mars dernier, l'ex championne du monde a intégré le Conseil d'administration de Paris 2024 en tant que personnalité qualifiée Sport.
Anne-Caroline nous confie comment sa médaille d'argent aux Jeux Olympiques de Londres a changé sa vie.