En janvier 1985, le Guadeloupéen Jacques Ambrosio devient ainsi le président de l’association Accolade : "Nous n’avions pas pour ambition de rivaliser avec le PSG ou le Red Star. Juste d’être un peu plus structurés. Aujourd’hui, notre équipe existe toujours et évolue dans le Championnat FSGT. Mais Accolade, ce n’est pas que du sport. C’est aussi du théâtre. Très peu de temps après l’équipe de foot, certaines de nos épouses ont eu envie de monter une troupe amateur. Une troupe elle aussi, toujours fidèle au poste, trente-cinq ans plus tard !"
Le football entre amis. Le théâtre amateur. Cela ne nous dit toujours pas comment Accolade a fini par organiser une épreuve de running. Jacques Ambrosio, 63 ans désormais nous donne la réponse :
À la fin des années 80 et au début des années 90, nous proposions un tournoi de foot. C’était sympa. Mais on cherchait quelque chose de plus rassembleur. En 1996, nous nous sommes donc lancés dans l'organisation des premières Foulées des îles. Nous n’y connaissions absolument rien. Et je ne vous parle même pas du tout premier budget. Une misère. Sauf que la Mairie de Paris nous a aidés sur le plan logistique. La Région nous a également soutenus. D’autres partenaires nous ont rejoints. Et disons qu’aujourd’hui, nous sommes bien installés dans l’agenda des courses pédestres incontournables en Île-de-France.
Course 2020 annulée mais survie assurée
Sauf que depuis mars dernier, toutes les épreuves ont été annulées. Covid-19 oblige. Dimanche prochain, les Foulées des îles auraient dû souffler leurs 25 bougies. Pour la première fois de son histoire, Jacques Ambrosio a dû renoncer à son rendez-vous annuel dans le Bois de Vincennes :Avant même la mise en place du confinement, lorsque le Semi-marathon de Paris a officialisé son annulation, j’ai senti que c’était fini. Nous avons reçu beaucoup de messages de coureurs nous demandant pourquoi nous annulions à notre tour. Il faut savoir être raisonnable et responsable. De toute façon, le Préfet ne nous aurait jamais donné son autorisation. Rendez-vous en 2021.
Difficile en effet de laisser deux mille coureurs se réunir sur un même lieu. Alors que parallèlement, les 20 kilomètres de Paris prévus en octobre ont préféré renoncer. Et que le Semi de la capitale repoussé à début septembre, devrait suivre la même trajectoire. Le risque sanitaire se révèle trop grand. Heureusement pour Accolade et Jacques Ambrosio, l’annulation des Foulées des îles 2020 n’est pas un drame sur le plan économique : "Nous sommes une association sportive et culturelle caribéenne. Il n’y a aucun intérêt financier en jeu. Nous ne sommes pas le tournoi de tennis de Roland-Garros par exemple. Pour nous, cette course n’est qu’un bonus. C’est pour ça que je peux vous annoncer avec certitude son retour l’an prochain. Le premier dimanche du mois de juillet. Promis. Juré."
Accolade, retour à la normale en septembre
Après quelques jours de vacances en Guadeloupe, Jacques Ambrosio promet une rentrée studieuse pour l’association antillaise qui compte quelques 70 membres et près de 300 sympathisants. Logiquement, septembre symbolisera la reprise des activités : "Nous ne sommes toujours pas le PSG mais notre équipe de foot reprendra bien son championnat dans quelques semaines. Quant à notre troupe de théâtre amateur, elle doit repartir en province pour jouer notre grand succès "La soupe de maman". J’espère simplement que nous serons autorisés à monter sur scène. Tout dépendra de l’évolution sanitaire. Croisons les doigts."Et en juillet 2021, il l’a promis. Les Foulées d’Île-de-France France des Îles seront de retour. Une vingt-cinquième édition forcément attendue. Deux raisons à ce succès running d’été. Tout d’abord les billets d’avion pour les Antilles à gagner : "Ils seront toujours au nombre de trois, confirme Jacques Ambrosio. Un aller-retour offert au vainqueur masculin de l’épreuve. Un pour la première féminine. Et enfin un billet tiré au sort parmi l’ensemble des participants."
L’autre raison ? Peut-être celle qui différencie les Foulées des îles de toutes les autres courses franciliennes : le vivre ensemble. "Chez nous, cela veut vraiment dire quelque chose. Ce n’est pas une parole en l’air. Nous refermons systématiquement les foulées en proposant à chacun des coureurs un punch et quelques accras. C’est notre façon à nous de vendre le pays. Les coureurs viennent aussi pour se détendre, pour partager un bon moment. Un bel échange qu’ils sont de plus en plus nombreux à réclamer chaque année."