La Guadeloupe n'a pratiquement plus de CHU depuis trois mois après un incendie a priori d'origine humaine, qui entraîne des graves difficultés dans l'offre de soins. L'hôpital, qui doit de nouveau être "délocalisé" après des malaises du personnel, ne devrait pas être réinvesti avant environ un an.
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Le 28 novembre 2017, une partie du CHU de la Guadeloupe part en fumée : la maternité, les urgences, la réanimation et quatre blocs opératoires sont détruits, 1.200 personnes sont évacuées, dont 450 patients hospitalisés. Le feu est parti d'un local technique, près des urgences.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s'est rapidement rendue sur place. Une plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui" a été déposée par la direction de l'hôpital et un agent de l'hôpital qui a été grièvement intoxiqué : il était présent dans le local technique d'où est parti l'incendie.
Un hôpital de campagne a été installé pendant deux mois. Au lieu du remplacement par un nouvel établissement "d'ici cinq ans", qui était prévu, le CHU fait aujourd'hui l'objet de travaux de remise en état en urgence. Entre le matériel brûlé, la suie, les travaux, "plus de 50 millions d'euros" devraient s'avérer nécessaires selon Pierre Thépot, le directeur du CHU.
Depuis janvier, plusieurs services ont peu à peu réinvesti les bâtiments du CHU, mais l'offre de soins demeure restreinte. La chirurgie étant impossible, les patients ne viennent que pour le suivi post-opératoire. "L'urgence c'est de récupérer nos blocs", a confié Pierre Thépot à l'AFP, même si le CHU ne retrouvera pas sa capacité initiale : sur 12 blocs opératoires, seuls 7 devraient être remis en service, parmi lesquels 2 blocs mobiles, à l'extérieur du CHU.
Mais depuis plusieurs jours, une partie du personnel se plaint de malaises. Un collectif de défense du CHU demande la "délocalisation externe et totale" le temps de "réhabiliter" ce "bâtiment malsain", selon le docteur Mona Hedreville, porte-parole du collectif. La direction, de son côté, demeure "persuadée que le plan de nettoyage en site occupé est la meilleure solution".
Il s'agit, pour Jean Claude Lucina, directeur général adjoint de l'ARS, d'une délocalisation "en plusieurs phases", mais avec la volonté de conserver sur le site du CHU "le plateau technique" (urgences, laboratoire, imagerie et réanimation), "sinon on met la population en danger". Selon lui, "on va avoir pendant pratiquement une année des travaux de nettoyage, de remise en état", avant de réintégrer le CHU. Une solution qui ne convient pas au collectif de défense : "le risque est avéré, imminent (...) il faut sauver les personnels, sauver les malades, sauver le CHU", martèle Gaby Clavier, dirigeant et délégué syndical UGTG et porte-parole du collectif de défense.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s'est rapidement rendue sur place. Une plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui" a été déposée par la direction de l'hôpital et un agent de l'hôpital qui a été grièvement intoxiqué : il était présent dans le local technique d'où est parti l'incendie.
Expertise judiciaire
Selon un rapport d'expertise judiciaire, le sinistre serait d'origine humaine, dû à "un mégot", a précisé Xavier Bonhomme, procureur de la République de Pointe-à-Pitre. Les investigations se poursuivent. Pendant ce temps les Guadeloupéens, qui devaient déjà faire avec un hôpital vétuste datant des années 1970, se débrouillent sans. "Il ne faut pas tomber malade, on n'a plus d'hôpital !", a confié à l'AFP une pharmacienne de Sainte-Anne.Un hôpital de campagne a été installé pendant deux mois. Au lieu du remplacement par un nouvel établissement "d'ici cinq ans", qui était prévu, le CHU fait aujourd'hui l'objet de travaux de remise en état en urgence. Entre le matériel brûlé, la suie, les travaux, "plus de 50 millions d'euros" devraient s'avérer nécessaires selon Pierre Thépot, le directeur du CHU.
"Aides exceptionnelles"
L'établissement qui était en déficit est soutenu par des "aides exceptionnelles" chaque mois. Il a déjà bénéficié de "20 millions d'euros", pour régler les entreprises de transport, de nettoyage, et les loyers des sites d'accueil de substitution. Car depuis l'incendie, plusieurs services sont délocalisés. La polyclinique des Abymes accueille les services maternité et chirurgie gynécologique. Si les urgences médicales peuvent être traitées au CHU, en partie sous des tentes, les urgences chirurgicales sont traitées dans la clinique privée Les Eaux Claires, à Baie-Mahault.Depuis janvier, plusieurs services ont peu à peu réinvesti les bâtiments du CHU, mais l'offre de soins demeure restreinte. La chirurgie étant impossible, les patients ne viennent que pour le suivi post-opératoire. "L'urgence c'est de récupérer nos blocs", a confié Pierre Thépot à l'AFP, même si le CHU ne retrouvera pas sa capacité initiale : sur 12 blocs opératoires, seuls 7 devraient être remis en service, parmi lesquels 2 blocs mobiles, à l'extérieur du CHU.
Malaises
Le service de réanimation néonatale, un temps transféré au Centre Hospitalier de la Basse-Terre, est de retour à Pointe-à-Pitre depuis février. Les activités de chirurgie et urgences pédiatriques ont repris.Mais depuis plusieurs jours, une partie du personnel se plaint de malaises. Un collectif de défense du CHU demande la "délocalisation externe et totale" le temps de "réhabiliter" ce "bâtiment malsain", selon le docteur Mona Hedreville, porte-parole du collectif. La direction, de son côté, demeure "persuadée que le plan de nettoyage en site occupé est la meilleure solution".
Tension
La tension monte, les arrêts maladie de médecins se succèdent et lors de sa visite en Guadeloupe début mars, Annick Girardin, ministre des Outre-Mer, suspend la décision de la direction. Le conseil de surveillance du CHU demande quelques jours plus tard une délocalisation partielle externe. Vendredi, cette orientation a été suivie par l'Agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe.Il s'agit, pour Jean Claude Lucina, directeur général adjoint de l'ARS, d'une délocalisation "en plusieurs phases", mais avec la volonté de conserver sur le site du CHU "le plateau technique" (urgences, laboratoire, imagerie et réanimation), "sinon on met la population en danger". Selon lui, "on va avoir pendant pratiquement une année des travaux de nettoyage, de remise en état", avant de réintégrer le CHU. Une solution qui ne convient pas au collectif de défense : "le risque est avéré, imminent (...) il faut sauver les personnels, sauver les malades, sauver le CHU", martèle Gaby Clavier, dirigeant et délégué syndical UGTG et porte-parole du collectif de défense.