Cinq jours après le passage de l'ouragan monstre Irma, le désordre préside toujours sur l'île de Saint-Martin. L'île vit encore dans la psychose des pillages.
•
"Mais par pitié, faites quelque chose ! Les magasins rue de la Liberté sont en train de se faire piller!", s'époumone Estelle Kalton devant les gendarmes à Marigot, le chef-lieu de l'île de Saint-Martin. "On sait", lui répond-on, agacé. Cinq jours après le passage de l'ouragan monstre Irma,
le désordre préside toujours et l'île vit encore dans la psychose des pillages.
ils jouissaient d'une vie ensoleillée dans une villa en bord de plage, à Baie Nettlé. Depuis Marigot et les marches du centre de sécurité où ils se tiennent, on aperçoit leur maison blanche à quelques mètres du sable, dévastée comme les autres par l'ouragan.
Tendu, le couple surveille ses magasins dès qu'il peut. Il a aussi confié cette mission à un voisin. Lors de la dernière tentative d'effraction, il a sorti une machette pour disperser les pilleurs. "Ils lui ont dit: si tu restes encore là, on va revenir, on va te flinguer et on prendra ce qu'on veut", assure M. Kalton, l'oeil noir.
"Tout ce gâchis alors que le propriétaire proposait de tout distribuer aux habitants", raconte le gendarme. "Je suis Antillais et le comportement des gens sur cette île m'écoeure. Tant qu'ils ne se calmeront pas, c'est difficile de distribuer des vivres." Autour, les magasins de jouets et d'électroménager ont également été dévalisés. "A quoi ça sert d'embarquer un gigantesque nounours en peluche quand tu galères à trouver à manger"?, peste Elena Baudry, une habitante du quartier. "Maintenant que les magasins sont vides, ils vont cambrioler les maisons", craint-elle.
le désordre préside toujours et l'île vit encore dans la psychose des pillages.
Esclandre
A force de faire un esclandre sur les marches du centre de sécurité, installé d'urgence dans les locaux d'une grosse société immobilière, Mme Kalton finit par se voir répondre que les gendarmes arrivent. Quelques instants plus tôt, la ministre des Outre-mer Annick Girardin descendait les mêmes marches, après avoir assuré à la presse que "la sécurité est désormais assurée" sur l'île.La sécurité civile
Mais le fossé qui sépare l'urgence gouvernementale de celle de la rue pose des problèmes de définition. "Les gendarmes ont vu les tentatives de pillage sur notre magasin. Ils sont parfois à 50 mètres, mais ils ne font rien", rapporte Philippe Kalton, 57 ans, dont sept à Saint-Martin. "Ils m'ont dit que la sécurité civile prime, que le reste ce n'est que du matériel et ce n'est pas important."Maison blanche dévastée
Sauf que pour le couple Kalton, les deux magasins de prêt-à-porter qu'ils détiennent rue de la Liberté, "c'est tout ce qui nous reste". Avant Irma,ils jouissaient d'une vie ensoleillée dans une villa en bord de plage, à Baie Nettlé. Depuis Marigot et les marches du centre de sécurité où ils se tiennent, on aperçoit leur maison blanche à quelques mètres du sable, dévastée comme les autres par l'ouragan.