Après l'ouragan Matthew, "la France peut faire mieux" pour aider Haïti (Ayrault)

Jean-Marc Ayrault en Haïti
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, en visite dimanche en Haïti, a assuré le pays du soutien de la France sur le long terme, avouant toutefois qu'elle pouvait "faire mieux" pour aider ce pays, deux mois après l'ouragan Matthew
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, en visite dimanche en Haïti, a assuré le pays du soutien de la France sur le long terme, avouant toutefois qu'elle pouvait "faire mieux" pour aider ce pays, deux mois après l'ouragan Matthew.
 
 

Ravagée par Mathew

"Quand on voit des situations comme celle d'Haïti, ce peuple qui est dans la misère, je pense que la France doit être consciente qu'elle peut faire mieux", a déclaré à l'AFP Jean Marc Ayrault lors de son passage à Jérémie, l'une des villes ravagées par Matthew le 4 octobre. Le passage de l'ouragan a fait plus de 540 morts.
 
"Je ne dirais pas plus, mais mieux. C'est à dire que l'aide soit efficace, et ça veut dire passer par les acteurs locaux, par les ONG, s'assurer que l'aide soit mise en oeuvre en partant des vrais besoins", a ajouté le ministre français. Dans le seul département de la Grande-Anse, plus de 453.000 personnes ont toujours besoin d'une aide humanitaire avec, en priorité, l'accès à l'eau potable et à la nourriture.

 

 

Appel à l'aide

Après le passage de l'ouragan sur trois des dix départements d'Haïti, l'ONU avait lancé un appel à la communauté internationale mais, sur les 139 millions de dollars nécessaires, seuls 64 millions ont pour l'heure été reçus. En ne versant que près de 0,4% de son revenu national brut pour l'aide au développement, la France ne respecte pas encore, tout comme la majorité des pays du G20, l'engagement, pris à Doha en 2008, de consacrer 0,7% de leurs revenus à l'aide des pays en développement.
 
Face aux défis de la malnutrition sévère qui menace les populations affectées, la ville de Jérémie se relève lentement de la catastrophe. Jean-Marc Ayrault a pu constater les travaux de réhabilitation de l'hôpital Saint-Antoine : grâce au financement d'un million d'euros de l'Agence française de développement, le principal centre hospitalier du chef-lieu de la Grande-Anse dispose d'une nouvelle toiture permettant l'accueil des patients dans de meilleures conditions.
 

Crise politique

"On voit bien l'enjeu sanitaire parce que c'est un établissement qui couvre 12 communes du département, donc il faut absolument que les patients puissent venir ici consulter", a expliqué M. Ayrault dans la cour de l'hôpital. "Le cylone a fait des ravages terribles donc c'est l'occasion non seulement de réparer les dégâts de Matthew mais aussi d'améliorer les conditions d'exercice ici dans cet établissement indispensable à la région", a-t-il ajouté.
 
Mais la crise électorale dans laquelle Haïti est plongée depuis l'annonce des résultats de la présidentielle du 20 novembre freine la générosité de la communauté internationale et Jean-Marc Ayrault a aussi appelé au calme. "Il appartient à tous les acteurs politiques haïtiens de respecter la législation électorale: en démocratie, aucune contestation ne peut et ne doit se faire par la violence", a indiqué le ministre français lors d'une conférence de presse avant son départ d'Haïti.
 

Affrontements

Les résultats préliminaires ont attribué la victoire de la présidentielle au premier tour à Jovenel Moïse, candidat du parti PHTK (Parti haïtien Tet Kale, de l'ancien président Michel Martelly) mais ses trois concurrents directs contestent cette victoire. Leurs partisans ont multiplié les manifestations dans les rues de la capitale, occasionnant à plusieurs reprises des incidents et des affrontements avec les forces de l'ordre.  L'annonce des résultats définitifs du premier tour de la présidentielle haïtienne est prévue le 29 décembre.