En Nouvelle-Calédonie, la Société Le Nickel est la première productrice de ferronickel pour l’acier inoxydable. Dans les années cinquante, ses métallurgistes ont construit une usine en Grèce. LARCO, qui fut une filiale de la SLN, pourrait devenir russe.
Treize usines produisent des alliages de nickel à travers le monde. Pour l’acier inoxydable et potentiellement aussi pour les véhicules électriques. Deux d’entre elles se trouvent en Nouvelle-Calédonie. Une autre usine se trouve en Grèce, au nord d’Athènes. Des investisseurs russes et Kazakhs souhaitent prendre le contrôle de LARCO, en remboursant ses dettes, ce qui leur permettrait aussi d’acquérir des participations significatives dans PPC, l’opérateur public grec d’électricité, actionnaire de LARCO.
LARCO relancée ? Le producteur grec de nickel est aujourd'hui le principal concurrent de la SLN calédonienne pour la fourniture d’alliages aux aciéristes européens.
"SLN Nouméa"
Le désendettement à marches forcées que doit mener LARCO, le producteur grec de nickel – 138 millions d’euros à rembourser à moyen terme à l’Union européenne - auxquels s’ajoute 300 millions d’euros de dettes vis-à-vis de PPC (électricité de Grèce) – ouvre la voie à une bataille souterraine pour le contrôle de ses mines de nickel et de son usine métallurgique de ferronickel en Grèce centrale. Le complexe industriel de Larymna, semblable à l’usine de Doniambo, a été conçu avec des ingénieurs de la SLN, venus de Nouvelle-Calédonie, dans les années cinquante. LARCO fut une filiale de la SLN durant les trente glorieuses. Dans la bibliothèque de l’usine, sur de vieilles étagères usées par le temps, face à la mer et aux champs d’olivier, se trouvent des livres de métallurgie en français estampillés "SLN Nouméa."Investisseurs
Un producteur minier basé au Kazakhstan (ENRC), filiale d’une société de négoce russe (TELF AG) enregistrée à Lugano en Suisse, des mines de nickel au Guatemala voilà pour les repreneurs potentiels. Leur objectif serait de relancer LARCO en prenant la direction de ses actifs industriels et miniers. Les investisseurs russes et kazakhs se sont entendus avec le producteur métallurgique grec. Ils ont installé un bureau à Athènes. L'enjeu de la négociation est constitué de mines de lignite et de nickel exploitées par PCC et LARCO. Les ressources de nickel en Grèce sont estimées à 250 millions de tonnes. Cela n’a pas empêché TELF de tester 10.000 tonnes de minerai du Guatemala avec du minerai grec, afin de vérifier leur compatibilité dans les fours de l’usine de Larymna. TELF et ses investisseurs russes et kazakhs entendent toujours déposer un plan de reprise de LARCO, dans le cadre du processus de privatisation de l’entreprise. Les investisseurs venus du froid ont su gagner la confiance des syndicats grecs "en s’engageant à maintenir les emplois et nos maigres salaires durant trois ans, en reprenant les dettes de l’entreprise" précise un délégué syndical à La1ere.Négociations complexes
La rentabilité de LARCO n’est pas acquise, mais elle s’est améliorée après la renégociation du prix de l’électricité livré à l’usine qui a diminué de 24 %. Les négociateurs de TELF, "discrète société suisse d’intérêts russes et kazakhs" selon le site d'information Energy Press à Athènes, voulait conclure l’opération de reprise début avril. Las, il leur faut encore patienter, malgré les soutiens de certains membres influents du gouvernement grec. Il faut tout d’abord régler l’imbroglio des aides gouvernementales versées par Athènes. Elles ont évité la faillite de LARCO mais sont contestées par Bruxelles.Une usine, des mines, des emplois
On le voit, le feu vert de la Commission européenne n’est pas encore acquis, mais la constitution d’un nouvel ensemble minier, associant investisseurs russes, kazakhs et grecs, pointe à l’horizon. Après le rachat du port du Pirée par la Chine, la Grèce toujours confrontée à des économies drastiques et à un chômage de masse veut avant tout sauver son usine de nickel. Elle seule procure du travail et fait vivre toute une région.LARCO relancée ? Le producteur grec de nickel est aujourd'hui le principal concurrent de la SLN calédonienne pour la fourniture d’alliages aux aciéristes européens.