Archives d’Outre-mer : comment le tambour de Romain a déclenché l’abolition de l’esclavage en Martinique, le 22 mai 1848

Cap 110, mémorial consacré à l'esclavage érigé à l'Anse Caffard à l'initiative de la commune du Diamant, en 1998.
Il y a 174 ans, les premières lignes d’un chapitre de l’histoire de la Martinique s’ouvraient. Le 22 mai 1848, le destin de l’esclave Romain allait changer la destinée de milliers d’esclaves. Les Archives d’Outre-mer vous proposent de revivre le point de départ de la Révolution anti-esclavagiste.

Chaque année le 22 mai, la Martinique célèbre ce jour qui revêt une importance de premier ordre pour la population. Il marque non pas la commémoration du décret abolissant l’esclavage, mais bien la révolte des esclaves de la ville de Saint-Pierre. En mémoire de cette révolte fondatrice, le 22 mai est un jour férié en Martinique. 

La colonisation de la Martinique

On prête la découverte de la Martinique en 1502 à Christophe Colomb, mais il semble admis que ce soit Alonso de Ojeda qui ait découvert l’île en 1499. En 1635, l’île n’est qu’un passage pour les européens…. C’est à cette date que débarquent dans la rade de Saint-Pierre 150 colons français. L’île est alors officiellement rattachée à la France. Cette installation de la toute première colonie en Martinique aura pour conséquence la construction des premiers forts français. Citons par exemple le Fort de Saint-Pierre, et la Ville de Fort-Royal, qui deviendra par la suite Fort-de-France. 

En 1640,  les premiers moulins sont installés à la demande de la Compagnie des Iles d’Amérique sur fond d’effondrement de la production de sucre de Nouvelle-Hollande (Brésil).

Ancien moulin à vent pour la canne à sucre en Martinique au 19e siècle. gravure extraite du Journal Illustre 1864

C’est au début du 17ème siècle, face au manque de main d’œuvre, que la Martinique fait commerce des premiers trafics d’esclaves en provenance des côtes africaines.  La culture du sucre étant particulièrement éprouvante physiquement, les esclaves doivent régulièrement être remplacés par de nouvelles recrues.

Lettres de deux combattants de la liberté 

Portrait de l'homme politique Cyrille Charles Auguste Bissette (1795-1858), grand partisan de l'abolition de l'esclavage en France. Gravure du 19e siècle.

En 1998, le Conseil régional de Martinique acquiert deux documents rares offerts par un Antiquaire Parisien : les lettres de deux Martiniquais, Cyril Bissette et Pierre Marie Pory-Papy, adressées à deux abolitionnistes parisiens. Lettres prémonitoires de ce qui allait se passer le 22 mai 1848.

Regardez le reportage de José Charles-Nicolas et Denis Sainte-Rose, diffusé dans le Journal de RFO Martinique, le 09 janvier 1998 : 

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La révolte des tambours

Comme tout mouvement révolutionnaire, c’est une étincelle qui a mis le feu aux poudres. A Saint-Pierre la tension est palpable. Le 22 mai, l’esclave Romain, de l’habitation Duchamp, est arrêté pour avoir joué du tambour. Cet instrument était alors perçu comme un moyen de communication et de contestation pour propager et annoncer la révolte. N’acceptant pas cette injustice, les esclaves de son atelier se révoltent. Pierre-Marie Pory-Papy, alors adjoint au maire de Saint-Pierre, fait libérer Romain contre la volonté du maire. Cette libération sonne les prémices d’une révolte qui va se répandre à travers la Martinique.

Regardez le reportage de Francine Aglaé, diffusé dans le Journal de RFO  Martinique, le 22 mai 1998 : 

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Monuments pour la mémoire de l’esclavage

Présents sur l'ensemble du territoire, les monuments participent au devoir de mémoire. Ces monuments permettent de ne pas oublier le passé douloureux des esclaves en Martinique. Découverte des monuments aux quatre coin de l'île....

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Témoignage d’un petit fils d’esclave

C'est un témoigange poignant. Hector Biron -80 ans- se souvient de cette époque en nous livrant des souvenirs de sa mère. La grand-mère d’Hector a vécu la révolution anti-esclavagiste, elle était elle-même esclave.

Regardez le reportage de Serge Bilé et Michel Joseph, diffusé dans le journal de RFO Martinique, le 09 janvier 1998 : 

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