Les cyclones de 1982-1983 ont marqué la Polynésie française par leur concentration et leur intensité. En l'espace de cinq mois, six perturbations cycloniques frappent successivement les îles polynésiennes. Cette série de phénomènes climatiques est exceptionnelle par la manifestation de mécanisme d’une ampleur sans précédent.
Cette saison cyclonique entraine un bilan effrayant : 16 morts, 200 blessés et 25.000 sinistrés. Le montant des dégâts est estimé à 84 millions d’euros.
Des îles marquées durablement
Lisa, Nano, Orama, Reva, Veena et William vont successivement ravager les îles des Tuamotu et affecter les îles de la Société. Les îles du sud-est des Tuamotu, selon un axe Hao-Marutea, sont touchées à quatre reprises et les populations des atolls de Hereheretue, du Duc de Gloucester et Tamatangi sont évacuées. Des déferlantes de 7 mètres y sont observées. Des hauteurs de vagues supérieures à 15 mètres sont même constatées à Hao.
Les conséquences socio-économiques sont plus durement ressenties dans les atolls de Rangiroa, Mataiva, Tikehau et Anaa.
D’après les habitants de Tuherahera, beaucoup d’arbres de l’agroforesterie villageoise ont disparu après le passage de Veena. C’est notamment le cas des arbres à pain et de quelques Tamanu. Les dégâts causés dans les cocoteraies ont entraîné une pénurie non seulement vivrière, mais aussi financière, le coprah étant encore aujourd’hui une des principales ressources monétaires.
Après les passages de Lisa (11-13 février 1982) et de Nano (20-27 février 1983), Orama frappe de plein fouet le 21 février 1983. C’est à Faaone, située sur la côte Est de Tahiti, que les dégâts sont les plus importants.
Regardez ce reportage de RFO Polynésie, diffusé le 25 février 1983 :
Reva, le "super cyclone"
D’abord dépression tropicale, Reva se transforme très vite en cyclone le 8 mars 1983. Considéré comme le « grand frère » d’Orama, Reva est rapidement qualifié de « super cyclone ». L’atoll de Mataiva est également touché de plein fouet. Prenant ensuite la direction des Iles Sous-le-Vent : Huahine, Raiatea, Tahaa, Bora-Bora, Tupai subissent également des dégâts conséquents. Reva parcourt en une semaine plus de 3000 km à travers la Polynésie.
Regardez cette édition spéciale de RFO Polynésie, diffusé le 25 mars 1983, réalisé par Jean-Claude Argentin et D. Bersou. Commentaires J.R Bodin et Jean-Pierre Jondot :
Conséquence d’une anomalie de la nature qui perturbe le pacifique sud, un nouveau cyclone arrive sur la Polynésie et prend la direction de Tahiti et ses îles. Surnommé Veena, c’est le 5ème depuis décembre 1982. Avec des rafales comprises entre 160 et 200 km/h, le cyclone est très actif durant une partie de la nuit du 8 avril 1983. Causant de lourds dommages sur son passage, il détruit une maison sur 4 à Tahiti.
Regardez cette édition spéciale de RFO Polynésie, diffusé le 11 mai 1983, avec Jean Raymond Bodin :
Le sixième cyclone, prénommé William, est le moins violent de la série. Après cette succession de catastrophes naturelles sans précédent dans le Pacifique sud, le gouvernement polynésien annonce alors la création de l’Agence Territoriale de la Reconstruction (ATR) orchestrée par Edouard Fritch.
Le phénomène El Niño
Cette saison cyclonique 1982-1983 reste l’une des plus actives et des plus longues jamais enregistrée dans le Pacifique sud.
La Polynésie connait un climat particulier. Chaque année, d’octobre à avril, la saison cyclonique a lieu dans l’hémisphère sud du globe. Et la Polynésie n’est pas épargnée par ce phénomène.
Durant son histoire, le Fenua a connu de nombreux cyclones. D’après les archives du service de la Météorologie nationale en Polynésie, quatorze cyclones destructeurs ont été dénombrés entre 1831 à 1983, faisant plusieurs centaines de morts. Avant même qu’il soit identifié par les experts, la menace climatique El Nino sévissait déjà. Ce phénomène naturel découvert en 1920 par Sir Gilbert Walker se caractérise par le réchauffement anormal de la température de la mer.