Le 5 décembre 2013, à Fort-de-France, s'éteint Pierre Aliker. Il a cent-six ans. Médecin, homme politique, bras droit d'Aimé Césaire à la mairie de Fort-de-France, il était apprécié des Martiniquais pour sa droiture, sa discrétion et sa ténacité. Portrait d'un homme lumineux.
•
Le 5 décembre 2013 le monde est secoué par le décès d'un grand homme. En Afrique du Sud, Nelson Mandela vient de mourir, alors que dans la Caraïbe, la Martinique perd également l'un de ses enfants les plus chéris. Un très vieux et grand enfant, Pierre Aliker, l'ami, le compagnon politique d'Aimé Césaire, et figure de Fort-de-France, s'éteint sur l'île à cent-six ans.
Sa vie restera profondément marquée par la disparition de son frère ainé, André Aliker. Militant communiste, rédacteur en chef, correcteur et diffuseur du journal Justice, celui-ci est assassiné en 1934. Pierre Aliker s’habillera en blanc désormais, portant à vie le deuil de ce frère aîné.
Ami et compagnon politique d’Aimé Césaire, il sera à ses côtés dès 1945, sur la liste du Parti Communiste Martiniquais, pour la mairie de Fort-de-France. Il devient naturellement l’un de ses adjoints, lorsqu’Aimé Césaire devient maire la même année, et sera son premier adjoint de 1957 à 2001.
Il sera également l’un des fondateurs du Parti progressiste martiniquais, le PPM, en 1958, avec Aimé Césaire, L’inspiration du PPM est d’aller vers l'autonomie dans une France décentralisée. Il en sera le vice-président jusqu’en 2005.
Entre les deux hommes il y avait davantage qu’une simple relation de camaraderie politique. Lors des obsèques de celui qui a été son ami, pas de discours politique mais des mots de poètes et écrivains. Le seul discours prononcé sera le sien. Ce sont plus de soixante-dix ans d’amitié, que Pierre Aliker essaye de coucher sur un papier, dans un discours ému et intime "en souvenir de ce qu’il a été, l’ami formidable et sincère qu’il a été".
Il lira ce discours dans le Stade qui porte désormais son nom, cadeau de la ville pour son centenaire en 2007, son brouillon devenant inutile au fur et à mesure de la lecture. L’émotion, le souvenir, l’amitié font vibrer sa voix, alors qu’il ne lit plus. D’une voix claire et affirmée, il explique que "les spécialistes de la question martiniquaise, ce sont les Martiniquais".
Les archives d’Outre-mer vous proposent de revivre ce discours, un moment clair et digne d’un très grand homme en blanc pour son ami et son île :
Des combats intemporels
Pierre Aliker, naît le 9 février 1907 au Lamentin. Il vient d'une famille nombreuse d’ouvriers agricoles, une fratrie de quatorze enfants. Les enfants de Louise Anne Aliker, surnommée "Fanfanm" et de Monsieur Monconduit, le comptable blanc de l’habitation où elle travaillait. Sa mère fait des efforts immenses pour que ses enfants accèdent aux études.Sa vie restera profondément marquée par la disparition de son frère ainé, André Aliker. Militant communiste, rédacteur en chef, correcteur et diffuseur du journal Justice, celui-ci est assassiné en 1934. Pierre Aliker s’habillera en blanc désormais, portant à vie le deuil de ce frère aîné.
Une vie politique à la mairie de Fort-de-France
Pierre Aliker fait des études de médecine à Paris. Il sera notamment le premier Martiniquais interne aux Hôpitaux de Paris. Diplômé en chirurgie, en 1938, il retourne en Martinique.Ami et compagnon politique d’Aimé Césaire, il sera à ses côtés dès 1945, sur la liste du Parti Communiste Martiniquais, pour la mairie de Fort-de-France. Il devient naturellement l’un de ses adjoints, lorsqu’Aimé Césaire devient maire la même année, et sera son premier adjoint de 1957 à 2001.
Il sera également l’un des fondateurs du Parti progressiste martiniquais, le PPM, en 1958, avec Aimé Césaire, L’inspiration du PPM est d’aller vers l'autonomie dans une France décentralisée. Il en sera le vice-président jusqu’en 2005.
Entre les deux hommes il y avait davantage qu’une simple relation de camaraderie politique. Lors des obsèques de celui qui a été son ami, pas de discours politique mais des mots de poètes et écrivains. Le seul discours prononcé sera le sien. Ce sont plus de soixante-dix ans d’amitié, que Pierre Aliker essaye de coucher sur un papier, dans un discours ému et intime "en souvenir de ce qu’il a été, l’ami formidable et sincère qu’il a été".
Il lira ce discours dans le Stade qui porte désormais son nom, cadeau de la ville pour son centenaire en 2007, son brouillon devenant inutile au fur et à mesure de la lecture. L’émotion, le souvenir, l’amitié font vibrer sa voix, alors qu’il ne lit plus. D’une voix claire et affirmée, il explique que "les spécialistes de la question martiniquaise, ce sont les Martiniquais".
Les archives d’Outre-mer vous proposent de revivre ce discours, un moment clair et digne d’un très grand homme en blanc pour son ami et son île :