Artybonito d'Azueï, une musique de paix

Artybonito d'Azueï
Créé en réponse à la crise migratoire de 2015 entre la République dominicaine et Haïti, le collectif Azueï édite son premier album pour rappeler l'identité commune aux deux pays.

Musique

Artybonito d’Azueï (Azueï/Inouïes distribution). Ne cherchez pas. Azueï n’est pas le dernier groupe à la mode qui aurait échappé à votre sagacité. Créé il y a six ans, Azueï (du nom du lac qui sépare Haïti de la République dominicaine) désigne un collectif d’artistes (musiciens, graffeurs, écrivains, sculpteurs, etc) et d’activistes haïtiens et dominicains, qui vise à pacifier les rapports entre leurs deux pays. Rappel des faits : en 2015, les autorités de la République dominicaine durcissent leur politique migratoire vis-à-vis de leur voisin haïtien, beaucoup plus pauvre, d’autant plus qu’il ne s’est toujours pas relevé du séisme dévastateur de 2010. Résultat : des dizaines de milliers de Haïtiens, sont reconduits à la frontière, la plupart du temps sur la base d’un profilage racial. Alors, avec les arts, en l’occurrence la musique, le collectif veut déconstruire le discours de haine qui alimente la pomme de discorde entre les deux pays. La dizaine de musiciens (haïtiens et dominicains) a sorti ce premier album Artybonito (art et beau en espagnol), qui mélange les musiques des deux pays et de la région. Les douze titres empruntent au merengue, à la bachata, à la fusion, autant qu’au reggae ou à la tradition afro-taïno. Ces artistes veulent développer une culture de paix et démontrer qu’il existe une identité culturelle commune aux deux pays. Première victoire. L’Unesco les soutient et leur permet de se produire ce jeudi 28 octobre à Porto dans le cadre du Womex, le marché international des professionnels de la musique.

Clip de Grégory Privat