Assurance chômage : les territoires d'Outre-mer échappent à la baisse de la durée d'indemnisation

Agence pôle emploi
À partir du 1er février, les nouveaux chômeurs inscrits à Pôle emploi voient leur durée d'indemnisation réduite de 25 % comparé aux règles qui étaient jusque-là en vigueur. Mais, avec des taux de pauvreté plus élevés qu'ailleurs en France et une situation économique singulière, les départements d'Outre-mer et certaines collectivités ultramarines sont épargnés par cette nouvelle modalité.

La réforme de l'assurance-chômage votée en novembre 2022 se veut simple : lorsque le marché du travail se porte bien (avec moins de 9 % de chômeurs), la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi est réduite (de 25 %) pour encourager un retour à l'emploi plus rapide. Mais face aux écarts de situations entre les territoires, et tout particulièrement entre l'Hexagone et les Outre-mer, le gouvernement a décidé de maintenir les anciennes règles pour les nouveaux chômeurs ultramarins.

Cette nouvelle modalité est entrée en vigueur le 1er février dans l'Hexagone. La Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion, Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre et Miquelon en sont exemptés.

Les Outre-mer minés par la vie chère

Dans les territoires d'Outre-mer, le marché du travail est structurellement plus fragile que dans l'Hexagone et la situation économique est minée par la vie chère et par un pouvoir d'achat affaibli. Le gouvernement a donc voulu "protéger les chômeurs ultramarins pour protéger les revenus" en maintenant les règles qui étaient jusque-là en vigueur, justifie-t-on au ministère des Outre-mer.

Avant la réforme de l'assurance-chômage, un jour cotisé par un travailleur lui donnait droit à un jour d'indemnisation par Pôle emploi si celui-ci se retrouvait au chômage. Désormais, dans l'Hexagone, il faut travailler quatre jours pour avoir droit à trois jours d'ARE (Aide au retour à l'emploi). Dans les territoires ultramarins, quatre jours travaillés continuent d'ouvrir quatre jours de droit d'assurance-chômage.

"Cette adaptation de la réforme de l'assurance-chômage aux difficultés des marchés de l'emploi ultramarins démontre l'attention du Gouvernement à la situation particulière des habitants des Outre-mer", s'est félicité le ministère des Outre-mer dans un communiqué.

En présentant sa réforme aux partenaires sociaux en novembre 2022, le ministre du Travail Olivier Dussopt avait déjà rassuré les Français d'Outre-mer en indiquant que les nouvelles règles ne s'appliqueraient pas aux territoires ultramarins, le contexte économique y étant "trop particulier".

Situations locales contrastées

Si le taux de chômage national diminue de trimestres en trimestres depuis fin 2020 (après une forte hausse liée au Covid-19), il est plus faible au niveau national (7,3 % selon l'Insee) que dans les territoires d'Outre-mer (il était compris entre 12,9 % et 30 % en 2021 dans les DROM selon des données fournies par le ministère des Outre-mer, contre 7,4 % dans toute la France, hors Mayotte, à la même époque).

L'évolution du nombre de demandeurs d'emploi a d'ailleurs été plus disparate dans les Outre-mer que dans l'Hexagone en 2022. En France, la baisse a été de 4,29 % entre décembre 2021 et décembre 2022. À La Réunion, la baisse n'a été que de 1,92 %. Le nombre de demandeurs d'emploi a même augmenté en Guyane, passant de 26.080 à 26.910 en un an (+3,18 %). 

Mais le ministère des Outre-mer insiste sur le fait que le taux de chômage n'est pas l'unique facteur ayant mené à cette exemption (des territoires métropolitains, comme la Seine-Saint-Denis, étant, eux aussi, en proie à un fort taux de chômage). Ce qui a primé, c'est la pauvreté et la vie chère qui sont à l'origine de la qualité de vie inégale entre les Français de l'Hexagone et ceux des Outre-mer.