"Gémima, tu ne cours pas seule", aime à répéter Isabelle Joseph pour encourager sa sœur, Gémima Joseph. Les deux jeunes femmes sont croyantes. Pour elles, le destin d’une course est placé entre les mains de Dieu. Mais voilà, parfois, le miracle ne se produit pas.
À 22 ans, Gémima Joseph, jeune sprinteuse originaire de Kourou, participe à ses deuxièmes Jeux Olympiques, après ceux de Tokyo (2021). Depuis vendredi, elle foule les pistes violettes du Stade de France, où se déroulent les épreuves d’athlétisme, dans l'espoir de décrocher sa première médaille. Vaincue dès le premier tour du 100 m, discipline reine du sprint (remportée par la Sainte-Lucienne Julien Alfred), vendredi, la Guyanaise misait tout sur le 200 m pour marquer l'histoire et sa carrière sportive. La dernière (et seule) fois qu'une Française est montée sur le podium de cette épreuve, c'était en 1996, aux Jeux d'Atlanta. La légende Marie-José Pérec s'était alors parée d'or.
Quand elle s’est lancée dans la pratique de cette distance, qui équivaut à une moitié de terrain d’athlétisme, Gémima Joseph finissait sa course en 25 secondes 41. Depuis, la Kouroucienne a travaillé. Elle s’est imposée petit à petit dans les compétitions nationales et internationales. Quelques mois avant le début des JO de Paris, elle finissait ses 200 m en 22"57.
Tout donner
Mais était-ce suffisant pour affronter les plus grandes coureuses de la planète lors de ces Olympiades ? La Guyanaise voulait prouver que oui. Lors du premier tour, dimanche, elle a fini deuxième de sa série. Son chrono indiquait alors 22"72. Elle est arrivée juste derrière (mais avec un certain écart tout de même) celle qui a été sacrée championne olympique du 100 m la veille, Julien Alfred (22"41). Pas mal, dirait-on.
Mais au classement général, toutes séries confondues, elle ne fait que le 11ᵉ meilleur temps. Certes, la championne olympique Elaine Thompson-Herah n’est plus là pour défendre son titre (elle s’est blessée avant le début des JO). Mais d’autres veulent rafler la mise. Et notamment l’Américaine Gabrielle Thomas, qui n’avait obtenu "que" le bronze à Tokyo.
"J’ai donné tout ce que j’avais", confiait Gémima Joseph après sa qualification en demi-finale, dimanche. Mais pour aller plus loin, il faut donner encore plus. Lundi soir, devant un public en extase, qui aimerait bien voir ses champions français enfin remporter des médailles en athlétisme, Gémima s’est donc lancée dans la course de sa vie.
Avec un beau petit chrono de 22"69, la jeune sprinteuse guyanaise fait l’un des meilleurs temps de sa carrière. Mais, aux JO, les exploits ne sont parfois pas suffisants. Elle ne termine que septième. La Sainte-Lucienne Julien Alfred et la Nigériane Favour Ofili ont été plus fortes. La Française rate sa qualification en finale. Tant pis.
Gémima Joseph apprend toujours de ses désillusions olympiques. Aux derniers Jeux, son meilleur temps sur 200 m était de 22"94. À Paris, elle a gagné quelques centièmes de secondes avec son chrono de 22"69. Déjà une concurrente solide, elle pourrait s’avérer redoutable lors de la prochaine Olympiade à Los Angeles.