Attaque à la prison d'Osny : le surveillant Martiniquais blessé par un détenu radicalisé est toujours hospitalisé

©la1ere
Il a vraiment cru qu’il allait mourir. L’un des surveillants de la prison d’Osny (Val d'Oise) agressé par un détenu radicalisé, dimanche, est originaire de Martinique. Blessé à la gorge et encore sous le choc, il est toujours hospitalisé.
Encore hospitalisé, l’un des deux surveillants blessés à la prison d’Osny est originaire de Martinique. “Il a vraiment cru qu’il allait mourir, il dit qu’il doit la vie à une petite étoile là-haut”, raconte Samuel Dehondt, surveillant à Osny et délégué régional FO pénitentiaire. “Je lui ai rendu visite hier, il est encore sous le choc”.

Agression avec un poinçon

Dimanche 4 septembre, dans la maison d’arrêt d’Osny (Val d’Oise), un détenu radicalisé a violemment attaqué deux surveillants pénitentiaires. “Vers 15 heures, au départ en promenade, le surveillant martiniquais sortait le détenu de sa cellule lorsque celui-ci s’est jeté sur lui avec un poinçon (couteau artisanal), raconte Samuel Dehondt. Il le dissimulait dans une serviette de bain. Mon collègue n’a rien vu venir”.

Une blessure grave à la gorge

Arme au poing, le détenu radicalisé a transpercé la gorge du surveillant martiniquais. “L’arme est passée à quelques millimètres de l’aorte mais sa trachée a été touchée, raconte Samuel Dehondt. Il parle difficilement et s’alimente par une sonde via le nez”.


"Il voulait me tuer"

Au moment de l’attaque, un second surveillant, posté à l’entrée de la cour de promenade, est intervenu pour extirper son collègue de la coursive. Lui a été blessé, plus légèrement, au bras. Les deux gardiens sont alors pris en charge par leurs collègues qui leur donnent les premiers soins. “Ils leur ont fait des points de compressions, ça saignait beaucoup, raconte Samuel Dehondt. Notre collègue martiniquais se sentait partir, il a demandé à un gardien de noter ses dernières volontés sur un papier”.

Des agressions, les surveillants de prison en connaissent de manière quotidienne, mais "jamais d’une telle violence". “Mon collègue me l'a dit, il n’avait aucun differend avec ce détenu, qui d’un coup s'est transformé, son regard a changé, il voulait le tuer”.

Un coeur dessiné avec le sang des gardiens

Après l'attaque, une équipe régionale d'intervention et de sécurité (ERIS) a été appelée en renfort. "Entre temps, le détenu radicalisé a dessiné un coeur sur une fenêtre avec le sang des gardiens blessés avant de s’agenouiller pour faire ses prières, poursuit Samuel Dehondt. Quand les forces d’intervention sont intervenus, il a foncé dessus avec son arme, comme à l’Hyper Cacher, il voulait tuer”. Le détenu a du être maîtrisé par une balle de caoutchouc.

Un détenu radicalisé

Ce détenu arrivé depuis environ trois mois dans l’unité de prévention à la radicalisation, aurait été condamné cette année dans une affaire d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Il ne posait "pas de problème particulier". Il aurait reconnu devant les policiers avoir prémédité son acte. La parquet antiterroriste de Paris s’est saisi de l’enquête. Trois autres détenus de la prison auraient été placés en garde à vue, mardi.

Les gardiens, cibles de Daech 

Bien avant cette attaque, les gardiens de prison craignaient déjà pour leur sécurité. Le 13 juin, l'auteur du double assassinat djihadiste d'un policier et de sa femme, Larossi Abballa avait appelé "à attaquer des policiers" tout comme "des gardiens de prison". Il avait revendiqué son action au nom du groupe Etat islamique dans une vidéo postée en direct.

Pas de parole, mais des actes

Il existe en France cinq quartiers dédiés au regroupement d'islamistes en prison. L'unité de prévention de radicalisation de la maison d'arrêt d'Osny, accueille 18 détenus en cellule individuelle. Ces unités de prévention de la radicalisation sont décriées par des syndicats pénitentiaires depuis des mois.

A la prison d’Osny, qui compte 900 détenus pour 582 places, les surveillants sont encore sous le choc. Une cellule psychologique a été mise en place. “Il faut isoler ces détenus et mettre des moyens spécifiques pour les gérer et pour protéger les agents, martèle Samuel Dehondt, délégué régional FO pénitentiaire. ça suffit les mesurettes, il faut de véritables décisions politiques. Quand j’ai vu mon collègue martiniquais à l’hôpital, il m’a dit que des politiques l’avaient appelé mais qu’il n’avait pas besoin de paroles, qu’il voulait seulement des actes”.