Attentats : Christiane Taubira reprend la plume et considère "urgent d’œuvrer au retour du Politique"

Christiane Taubira
Dans un texte dense, à la fois lyrique et politique, l’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira revient sur les attentats de Nice et de Paris. Elle appelle à « délaisser les querelles politiciennes, privilégier l'analyse politique et articuler l'action immédiate et à terme. » 
Une semaine exactement après la publication d’un texte intitulé « Vallées de larmes » sur sa page Facebook, suite à l’attentat de Nice, Christiane Taubira revient sur le réseau social avec une longue tribune à la tonalité beaucoup plus politique. Dans ce texte aux accents parfois lyriques, rendant hommage à l’histoire et au multiculturalisme de Nice, ainsi qu’à ses victimes et celles de Paris et de Munich, l’ancienne ministre de la Justice adopte cependant un profil beaucoup plus polémique.
 
« Des questions sont légitimes. Si les personnes qui savent qu’elles ne se remettront pas de sitôt de l’absence et des absences, ont le droit, y compris sur tous les tons du moins dans l’immédiat, de poser toutes les questions qui les taraudent, ces questions ne peuvent servir de paravent ni à des calculs électoraux, ni à des concours de notoriété », écrit Christiane Taubira. « Il ne suffit pas de faire tapage pour faire oublier des décisions qui ont contribué au chaos, offrant des bases d’organisation, de repli ou de recrutement à ceux qui nous menacent et nous attaquent. Il ne suffit pas de martialité pour masquer le choix de la guerre sans préparation de la paix. »
 
La France est le pays européen qui est le plus ciblé par les terroristes, considère l’ex-garde des Sceaux. « Aucun autre pays en paix n’a subi autant d’attaques en si peu de temps. Cette réalité est cruelle, mais elle est. Et il faut lui faire face », explique-t-elle.

Une certitude. De tous les pays européens, à considérer les tueries de masse, la France est la cible privilégiée des terroristes. Les attentats du 22 mars en Belgique ont été perpétrés par des terroristes appartenant à la même cellule que ceux qui ont commis les attentats du 13 novembre à Paris. Aucun autre pays en paix n’a subi autant d’attaques en si peu de temps. Cette réalité est cruelle, mais elle est. Et il faut lui faire face. » (Christane Taubira)

 















Dans certains paragraphes en forme de plaidoyer, Christiane Taubira revient sur son action à la Justice, rappelant par exemple que dès les premiers mois de 2015, elle a « fait former le personnel pénitentiaire à détecter et déconstruire [des] méthodes sectaires. » Avant d’ajouter : « Ressasser des poncifs sur les décisions de justice, prises en indépendance par des magistrats dans notre Etat de droit ; gloser sur les effets de la prison lorsqu’aucun des tueurs du 13 novembre, ni celui du 14 juillet, n’avait d’antécédents carcéraux ; rabâcher les sempiternelles récriminations fondées sur de seules motivations partisanes, c’est s’obstiner à déguiser la réalité, se réfugier derrière des incongruités confortables, se satisfaire de facilités aberrantes, se situer en-deçà des nécessités régaliennes, et finalement nous exposer durablement au danger. Quand il faudrait voir de haut et voir loin. »
 
« Nous ne pouvons ignorer l’état du monde », dit aussi l’ancienne ministre, incitant la communauté internationale à « revoir ses règles obsolètes et réveiller ses principes assoupis ». Puis elle aborde la question « interne » : « Certains de nos territoires ne peuvent juste continuer à servir de repoussoirs, de paradigmes de l’échec sans responsabilité ni individuelle ni publique, de défouloirs globaux, au mépris des multiples réussites et résistances à la fatalité qui s’y déploient. Si le terrain est bien celui des esprits et le champ de conquête celui du processus d’affiliation et du sentiment d’appartenance, il nous reste à y faire vivre vraiment la République. A donner consistance et constance à l’ambition d’égalité », conclut Christiane Taubira.
 

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