Le moment est solennel, mais toujours empreint de tristesse. Comme chaque année, depuis le 8 janvier 2015, un hommage est rendu à la Martiniquaise Clarissa Jean-Philippe, policière assassinée à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine, par Amédy Coulibaly d'une balle dans le dos. Ce crime s'inscrit dans la vague d’attentats qui a touché la France à ce moment-là. (Attentat au journal Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher entre le 7 et le 9 janvier 2015. Dix-sept morts au total).
Neuf ans plus tard, ces dates restent ancrées dans l'imaginaire collectif. La famille de Clarissa Jean-Philippe, elle, continue de défendre sa mémoire. En 2016, à l'initiative de François Hollande, une plaque est dévoilée, à Montrouge, en présence des ministres de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve et de la Justice, Christiane Taubira, de l'époque. C’est là, qu’aujourd’hui, une dizaine de personnes se sont réunies pour lui rendre hommage : l’ensemble des élus de la mairie de Montrouge, la secrétaire d’État à la citoyenneté et de la ville, Sabrina Agresti-Roubache, ou encore des représentants de la Mairie de Paris comme le Guadeloupéen Jacques Martial. "Je suis là pour elle, je ne l’oublie pas, nous sommes nombreux à penser à elle, à son sacrifice" dit ce dernier.
Un dépôt de gerbe empli d’émotions a été fait sur le lieu du drame, mais aussi face à la plaque en hommage à Clarissa Jean-Philippe.
"Il ne faut pas l’oublier, et surtout ce 8 janvier"
Mais l'hommage rendu à Clarissa, depuis neuf ans, s'amenuise d’année en année, du moins de l’avis de certains. Ils ont le sentiment que la Martiniquaise est la grande oubliée. "C’est un évènement triste, mémoriel qui s’inscrit dans le calendrier national, mais c’est un peu difficile aujourd’hui de mobiliser nos compatriotes. Cet hommage n’est pas encore inscrit dans nos consciences.", déclare Anthony Etelbert, secrétaire général du CREFOM. Ce dernier déplore aussi l’absence des représentants politiques ultramarins. "La mémoire de Clarissa Jean-Philippe doit s’inscrire plus fortement dans les mémoires, notamment dans celle des différents parlementaires des Outre-mer. […] Si nous avions une meilleure représentation politique dans l’Hexagone, cet évènement aurait eu plus d’éclat", poursuit-il.
Présent avec elle au moment des faits, son collègue le brigadier-chef de la police municipale de Montrouge, se repasse la scène chaque fois que la date commémorative arrive. "Après les fêtes de Noël, c’est toujours quelque chose fort en émotion pour moi. Le décompte des jours est compliqué", confie-t-il. "Il ne faut pas oublier Clarissa Jean-Philippe, j’y pense tous les jours… Clarissa, c'est ma force. Il ne faut pas l’oublier et surtout pas ce 8 janvier " conclut-il.